SOUDAIN SEULS (2023) – Critique

SOUDAIN SEULS (2023) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film SOUDAIN SEULS

Soudain Seuls est un film Français de Thomas Bidegain avec Gilles Lellouche et Mélanie Thierry, qui se classe dans le genre des films de survie en milieu hostile.

Nous avons ici deux protagonistes, dont le couple est en crise, qui se retrouvent isolés dans des conditions extrêmes sur une ile isolée. Confrontés au froid, à la faim, au désespoir, ils devront surmonter leurs propres problèmes de couple pour s’en sortir.

Ce film a clairement des atouts indéniables avec un couple d’acteur de très bon niveau, une réalisation soignée, des paysages naturels et épurés de toutes beauté. Il est aussi intéressant de voir comment les protagonistes vont devoir faire des choix, parfois dramatiques, pour survivre.

Le sujet de la solitude à deux est aussi posé de façon assez intelligente.

Le seul bémol, qui n’est pas interne au film mais plutôt général au cinéma Français, est la récurrence de l’adultère dans le traitement des problèmes de couples. il serait temps que les scénaristes abordent d’autres difficultés que peuvent rencontrer les couples sans tomber dans cette facilité scénaristique.

La conclusion du film – que nous ne dévoilerons pas ici – est intéressante même si elle peut paraitre un peu étonnante mais donne un certain symbolisme sur le couple qui est assez intéressant.

Au final nous avons un film de survie solide avec un couple d’acteur de très bon niveau et des paysages impressionnants. Reste juste le (petit) bémol sur des sujets touchant le couple toujours très français.

Par Grégory Caumes.

Copyright Photos : Lilja JonsTrésor Films

NOTRE NOTE

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GUEULES NOIRES (2023) – Critique

GUEULES NOIRES (2023) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film GUEULES NOIRES

Avant-propos : Le film a été vu en projection presse. Le film sortira le 15 novembre au cinéma

Le pitch

Dans les années 50, un universitaire demande à des mineurs de l’emmener au plus profond d’une mine de charbon en y prétextant une étude scientifique. Pourtant, caché dans l’obscurité, dort un mal ancien qu’il ne faudrait en aucun cas réveiller.

Pourquoi ce film propulse le cinéma français à un niveau quasi jamais égalé :

Le réalisateur, Mathieu Turi, a fait ses armes comme assistant réalisateur apurés de Quentin Tarantino et Guy Ritchie et a été propulsé sur le devant de la scène grâce à Xavier Gens pour son premier long métrage.

C’est donc un jeune réalisateur mais au parcours solide qui nous délivre ici un film d’horreur parfaitement maitrisé autant dans sa réalisation que dans sa narration.

Sur la réalisation, l’idée de mettre l’intrigue dans les années 50 au fin fond d’une mine permet parfaitement de jouer avec les limitations technologiques de l’époque et donne une réalisation maitrisée du début à la fin. Ce choix temporel permet, en termes de narration, de traiter avec intelligence un contexte social fort.

Le réalisateur a l’intelligence de planter intelligemment le contexte, les enjeux sociaux et les personnages avant de les faires descendre dans l’enfer de la mine. De plus, et sans rien spoiler ici, l’intrigue surnaturelle est prenante et on a vraiment envie de connaitre la vérité sur le mal qui ronge cet endroit et pour une fois la réponse est particulièrement intéressante.

Les acteurs sont tous d’un excellent niveau et le duo Samuel Le Bihan et Amir El Kacem fonctionne à merveille.

Quant à l’horreur, elle est bien présente, n’abuse pas des « jump-scare », et est parfaitement claustrophobique.

L’autre point fort est le message sociétal qui est passé. Il n’est pas exposé lourdement comme le cinéma français a tendance à trop le faire mais simplement et prône surtout un message d’union, de fraternité et de sens du devoir.

En conclusion :

Ce film est une des grosses claques de cette année même s’il est conseillé aux âmes sensibles de s’abstenir. Parfaitement réalisé, intelligent dans son scénario et dans son message et avec un casting irréprochable, ce film est assurément une des très belles réussites de cette année.

Par Grégory Caumes.

NOTRE NOTE

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LE RÈGNE ANIMAL (2023) – Critique

LE RÈGNE ANIMAL (2023) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film LE RÈGNE ANIMAL

Le Règne animal est un film fantastique français réalisé par Thomas Cailley, avec Romain Duris, Paul Kircher et Adèle Exarchopoulos dans les rôles principaux.

Le pitch

Sans que l’on sache pourquoi, certains humains sont frappés de mutation. Ils se transforment en sorte d’hybride humain et animal. François (Romain Duris) voit sa femme être frappée par ces mutations et va alors se lancer avec son fils Emile dans un voyage entre drame et quête personnelle pour tenter à la fois de sauver leur proche mais aussi de comprendre quelle est leur place dans ce nouveau monde.

Un scénario intelligent et fort :

Le réalisateur espère que l’on verra son film comme une utopie, certains le voient aussi comme un road trip initiatique ou une fable sociale. Ce film est justement un peu tout ça et se permet même de faire un parallèle touchant entre l’impact de la mutation sur la famille et l’aidant qui verrait un proche touché par une maladie dégénérative. A un moment, celui qui souffre le plus, c’est celui qui reste.

L’intelligence de l’écriture nous permet d’avoir des messages subtils, des personnages attachants, un vrai questionnement sur la place de l’humain par rapport à l’animal et même certains moments d’humour toujours à propos qui permettent de souffler un peu.

Une réalisation ambitieuse :

Si certains effets spéciaux numériques piquent un peu les yeux, tout le reste est de bon niveau que cela soit les maquillages des « créatures » ou de l’alternance entre moments intimistes et moments festifs. Pour un deuxième film, le réalisateur démontre qu’il est un des espoirs majeurs du cinéma français.

Un casting attachant :

Que cela soit le père (Romain Duris), le fils (Paul Kircher), la gendarme (Adèle Exarchopoulos) ou Billie Blain (Nina, l’amie d’Emile), ils sauront tous vous toucher dans leur parcours de vie face à ce changement d’ampleur dans l’histoire de l’humanité.

En conclusion :

Qu’il est bon de voir le cinéma français prendre des risques et aller vers le fantastique et le parcours spirituel voir même le film onirique. Si certains petits défauts subsistent, le règne animal est un des meilleurs films français de cette année.

Par Grégory Caumes.

NOTRE NOTE

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THE CREATOR (2023) – Critique

THE CREATOR (2023) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film THE CREATOR

The Creator est le nouveau film du réalisateur Gareth Edwards à qui l’on doit Monsters, le renouveau de la franchise Godzilla et l’excellent Star Wars Rogue One. Les fans de ce réalisateur attendaient avec impatience sa nouvelle création qu’il réalise et scénarise lui-même.

Le pitch

Dans le futur, les humains et les intelligences artificielles (IA) cohabitent parfaitement sur terre. Ces dernières permettant de faire certains travaux particulièrement difficiles pour l’homme. Pourtant, sans raison apparente, les IA ont lancé une bombe nucléaire sur Los Angeles.

A la suite de cela, les Etats-Unis ont déclaré la guerre contre les IA sur l’ensemble du globe alors que les autres pays continuent à vivre pacifiquement avec elles.

Joshua, un soldat américain, va être envoyé en mission pour détruire l’arme ultime des IA et mettre fin à la guerre, pourtant ce qu’il va découvrir va complétement ébranler ses certitudes.

Une réalisation de très haut niveau :

Pour un film coûtant moins de 80 millions de dollars, Gareth Edwards réalise un film magnifique avec une vision fantasmée d’un futur usé. Que cela soit dans l’échelle des grandeurs (où le réalisateur excelle), la mise en scène allant du grandiose à l’intimiste ou dans la direction artistique des IA, le réalisateur fait un sans faute et donne une leçon à tous les autres blockbusters sortis cette année. Il démontre qu’avec un peu plus d’un tiers du budget des films de super héros Marvel ou DC, il fait cent fois mieux. Nous avons ici un vrai film de genre avec une réelle identité, et cela fait un bien fou.

Un scénario au service d’un monde et d’un conte à la limite de la mythologie :

Si on peut un peu pester sur certaines facilitées à la fin du film, on ne peut qu’admirer l’épopée que vivent le Joshua et ceux qui croiseront sa route. Au fur et à mesure film, son parcours le fera réellement évoluer et nous amènera nous aussi à réfléchir sur l’avenir de notre civilisation, à ce qui fait de nous des humains et à la valeur de ce que nous appelons l’âme.

En conclusion :

Un film avec une vraie direction artistique, une épopée avec ses facilités scénaristiques mais tellement forte que l’on excuse ce petit défaut.

Par Grégory Caumes.

NOTRE NOTE

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JEANNE DU BARRY (2023) – Critique

JEANNE DU BARRY (2023) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film JEANNE DU BARRY

Présenté en ouverture « hors compétition » au 76e Festival de Cannes, Jeanne Du Barry, co-écrit et réalisé par Maïwenn, avait de quoi intriguer, suscitant ce doux parfum de scandale dont les médias et leurs vantardises excessives de polémiquer, sont friands.

Pourtant, malgré toutes cette mauvaise presse – parfois injustifiée – et en dépit de toutes ces controverses extérieures qui nous obligent aujourd’hui à être lisses et bien-pensants dans nos actions et nos pensées, Jeanne Du Barry arrivait à point nommé. L’histoire, c’est celle de Jeanne Vaubernier, fille du peuple, qui veut s’élever socialement et qui finira par connaître une ascension fulgurante au sein de Versailles comme Favorite officielle du Roi. Mais plus que tout, le long-métrage se concentre sur son histoire d’amour avec Louis XV, permettant ainsi de comprendre tous les enjeux de son  évolution sociale au sein de la Cour, où les us et coutumes oppressantes de la monarchie appellent à l’hypocrisie générale. Le film parle, avec une tendresse inattendue et beaucoup d’humilité, d’une rencontre, celle inévitable. Et celui d’un coup de foudre, presque immédiat.

En s’appropriant personnellement le personnage historique de Jeanne Du Barry, la réalisatrice construit son récit comme un douloureux miroir d’une trajectoire commune, cernant au mieux les contours de cette femme moderne, courageuse et avide de s’élever, qui fut le plus grand rejet de la Cour. On peut très facilement lui reprocher un académisme assumé dans sa réalisation, sans révolutionner le genre du film d’époque. Néanmoins, il fait preuve de modernisme et de fantaisie qui s’accorde volontiers au genre donné. C’est un film d’un autre temps, aux dialogues contemporains, surfant sur le biopic, mais dont son appropriation personnelle se confond pour devenir une oeuvre à l’image de sa cinéaste : délibérément sauvage, sensuelle et fantasmagorique. Il faut se départir de tout événement politique (Dieu merci !) ou contextuel afin d’apprécier au mieux ce qui se déroule sous nos yeux : celui du destin de cette jeune-femme courtisane, partie de rien et dont la trajectoire va soudain l’emmener à la Royauté et à cet amour inespéré.  La manière dont est justement représenté à l’écran cet amour unissant Jeanne et Louis XV est parfaitement maîtrisée. Cela en est presque douloureux de les voir se séparer, car cet attachement profond l’un envers l’autre est palpable par sa remarquable mise en scène.

Le cinéma de Maïwenn, qui a pour habitude de nous offrir des personnages qui se rentrent dedans, se bousculent et implosent dans un langage verbal et gestuel qui lui est propre, semble ici étonnamment plus sage et aguerri. Mais cela ne tient que de l’apparence, car la violence   représentée céans est dans tout ce qui compose Versailles et la figuration de ses personnages tour à tour cruelles et méprisants. Les plans intérieurs et extérieurs du Château de Versailles – entre reconstitution réussie des faux décors et des lieux authentiques à Versailles – renforcent l’idée d’une prison dorée où la liberté d’être et d’aimer n’existe pas et que seul le jugement et la bienséance comptent.

Malgré son accent prononcé qui pourrait en déplaire à certains, ou dénaturer l’illustre  Roi de France pour d’autres, l’interprétation de Johnny Depp reste remarquable en Louis XV prouvant toute son implication en tant qu’acteur pour ce rôle de composition. C’est même d’ailleurs un des rares acteurs de sa génération qui, rien qu’en rentrant dans une pièce sans dire un mot, peut tout dire avec l’intensité de son regard. Habituer à son jeu d’acteur très expressif et/ou burlesque, l’ancien Edward aux mains d’argent fait  ici figure d’un personnage plus ancré dans la réalité entre ardeur, lassitude et mélancolie, ce qui lui réussit plutôt bien. Maïwenn est délicieuse et enfantine, un brin provocatrice, en Jeanne du Barry, fortement inspirée par l’aura et le parcours atypique de cette femme en avance sur son temps, désireuse de bousculer les codes. Mention plus qu’honorable à Benjamin Lavernhe, inoubliable dans son rôle de vallée intime du Roi, accompagnateur et complice dans l’ombre de Jeanne.

Exit les mauvaises langues ou les nombreuses polémiques qui l’entourent : Jeanne Du Barry est un très beau film d’époque, qui n’est pas parfait, certes, mais qui a le mérite de sortir des sentiers battus en proposant à la fois quelque chose de résolument moderne et classique, sans nous faire ronfler sur notre siège.

En mettant en lumière ce personnage historique et avant-gardiste, avide de grandir intellectuellement, Maïwenn nous offre sa propre vision de Versailles : celle à la fois romantique et fantasmée d’où une histoire d’amour clandestine est née, et de l’autre une vision  plus atterrée : reflet d’une société conformiste, aux règles établies, étrangère à la nouveauté qui ne cesse de vouloir rejeter ceux qui sont différents d’eux. Jeanne Du Barry, présentée de manière très personnelle et personnifier comme l’a fait Maïwenn, était finalement un peu cette femme révolutionnaire dans l’âme et le corps, qui n’avait peur de rien mais qui avait tout à perdre par simple désir d’aimer et d’être accepté dans une société qui ne voulait pas d’elle.

Par Rémi Vallier.

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SHE SAID (2022) – Critique

SHE SAID (2022) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film SHE SAID

C’était en octobre 2017 que le New York Times révélait publiquement l’affaire Harvey Weinstein, personnalité influente de l’industrie du cinéma américain, accusé de harcèlements sexuel, d’agressions sexuelles et de viols. Cet article, écrit par deux journalistes du New York Times, Jodi Kantor et Megan Twohey, sera le point de départ d’un effet dévastateur, libérateur et nécessaire sur la question des violences physiques et morales faites aux femmes dans le cinéma et dans la société en règle générale.

Réalisé par Maria Schrader, She Said est un long-métrage académique au rythme soutenu qui se concentre  principalement sur l’investigation compliquée, parfois inextricable et rude de cette affaire, plus que sur les réels enjeux de l’article qui dénonce une  violence omniprésente dans l’industrie du rêve. Mais c’est ce qui fait en partie la force du film qui relate avec beaucoup d’intérêt et une certaine froideur toute la monstruosité des faits qui nous sont présentés, comme des preuves toujours plus accablantes d’une vérité que l’on ne connaît que trop bien. Si la réalisation reste clinique, judicieusement cadrée et millimétrée, c’est pour rester en contraste avec son propos et l’intérêt journalistique de cette affaire. Le scénario, extrêmement bien écrit et mené, quoiqu’un peu loquace et verbeux par moment, nous emmène au coeur de cette investigation passionnante mais néanmoins effroyable. Car la vérité, comme elle nous est présentée,  n’est jamais belle à voir.

Pourtant, alors que le film met en lumière cette histoire ainsi que le combat mené par ces deux femmes journalistes en quête de vérité et d’un besoin évident de faire bouger les choses, il nous fait interroger sur une industrie censée vendre du rêve et des paillettes. Se révélant être au final l’ennemi du bien. Protégeant son monstre géant et ses intérêts, piétinant ces femmes d’un revers de contrats, de clauses de confidentialités, d’argent, de harcèlements puis juste le silence. Et la honte. C’est bien là finalement la cruelle vérité : Tout le monde savait. Mais personne n’a rien fait.

Avec cette histoire, c’est tout un système qui se révèle au grand jour, qui s’expose et implose. Que restera-t-il finalement de tout ça ? Que restera-t-il à ces femmes, victimes de cet homme, qui ont servi pendant des années à entretenir et alimenter ce système hypocrite et réducteur, toxique, principalement sous la coupe de la dominance masculine. Tant de questions qui resteront sans réponses mais qui donnent matière à réfléchir pour l’avenir de demain.

Porter par un duo d’actrice plus que convaincant, Carey Mulligan et Zoe Kazan nous emporte dans leur investigation qu’elles portent à bout de bras avec férocité et courage sans jamais abandonner malgré la pression professionnelle et personnelle que cela implique. En un sens, c’est aussi un hommage au  vrai métier de journaliste et à son absolue nécessité de libérer la parole à ceux qui n’en ont pas dans une ère où ce média pose à présent la question de sa véritable authenticité. Il n’est pas question non plus de savoir si les agissements des uns ou des autres sur cette affaire sont bien ou mal, le but étant de rechercher des preuves toujours plus tangible des faits rapportés afin de faire sortir le monstre du placard.

Bien qu’un peu formel dans sa manière de raconter les faits, She Said reste une oeuvre importante dans la catégorie de film dénonçant les violences et inégalités sociales à un  moment donné de notre histoire. Au même titre que l’inoubliable Erin Brockovich de Soderbergh ou encore le glaçant Spotlight de Tom McCarthy – malgré leurs différentes approches, leur action reste la même. Peut-être sortie un poil trop tôt, surfant sur la vague de l’instant – T, et du besoin de tout déverser dans la marre, ce long-métrage respectueux et puissant réserve des moments intenses et poignants accompagné d’une distribution impeccable. Le film nous rappelle combien il est important aujourd’hui de ne plus fermer les yeux sur ces violences – faites aux femmes comme aux hommes – que chaque combat mené peut-être une victoire si nous prenons la peine de bien nous défendre. Que nous sommes capables, même à notre petit niveau, de faire bouger les choses afin qu’un jour, enfin, vienne le changement.

Par Rémi Vallier.

NOTRE NOTE

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