PRETTY LITTLE LIARS : ORIGINAL SIN

PRETTY LITTLE LIARS : ORIGINAL SIN

Fiche technique :

Notre avis sur la saison 1 de

PRETTY LITTLE LIARS : ORIGINAL SIN

Pretty Little Liars : Original Sin, Saison 1: Un reboot prometteur qui ravira les amateurs de slasher.

Série phare et populaire pour les adolescents et jeunes adultes au début des années 2010, Pretty Little Liars, adaptée des romans de Sara Shepard, tirait sa révérence en 2017 après sept années de bons et loyaux services sur la chaîne ABC Family/Freeform. Malgré deux tentatives ratées de renouer avec le succès de la série, les spin-off Ravenswood et The Perfectionists n’ont malheureusement jamais atteint le stade de la saison 2, enterrant pour de bon l’univers de nos petites menteuses préférées. C’est alors qu’en 2020 circule une info concernant un éventuel Reboot du show avec aux commandes Roberto Aguirre-Sacasa (créateur de Riverdale sur Netflix) et produit par HBO Max, ranimant l’espoir que le troisième spin-off sera le bon. Baptiser sobrement Pretty Little Liars: Original Sin, cette non-suite très prometteuse bénéficie d’un renouveau dont elle avait cruellement besoin pour renouer avec l’ancien et le nouveau publique.

Un casting jeune, une intrigue plus travaillée et une identité visuelle propre

Reprenant son concept de base, Pretty Little Liars: Original Sin suit cette fois-ci un groupe de cinq adolescentes de la ville ouvrière de Millwood tout à coup tourmentées et harcelées par un mystérieux inconnu qui veut leur faire payer une erreur commise par leurs parents il y a plus de vingt-ans. Si certaines similitudes et quelques clins d’oeil rappellent la série originale, les comparaisons s’arrêtent là car ce reboot est tout sauf une pâle copie auquel on aurait pu s’attendre. Son casting jeune et convaincant est en parfaite adéquation avec l’âge des personnages, accordant d’autant plus de crédibilité au show et à l’univers créer cette fois-ci par Roberto Aguirre-Sacasa et Lindsay Calhoon Bring. D’emblée, la série se repose sur des sujets plus graves et profonds comme la maltraitance psychologique et physique, le viol, le harcèlement et la pression sociale tout en restant dans l’esprit d’un adolescent torturé qui grandis dans un monde forcément effrayant et dangereux, en proie aux mêmes difficultés que peut rencontrer un adulte.

Son scénario est lui aussi plus travaillé, pas besoin d’attendre sept ans avoir de savoir qui est ce mystérieux -A, les histoires sont plus cohérentes bien qu’on peut lui reprocher certaines facilités scénaristiques (n’oublions pas que c’est une série destinée aux adolescents…), le décor n’a lui aussi rien a voir avec celui de la charmante et mystique ville de Rosewood que l’on connaît. Millwood, ville industrielle et  polluée, paraît ici plus effrayante et menaçante, ancrée dans une Amérique rurale et inhospitalière.

La qualité de la réalisation permet justement de (re)créer tout cet univers qui devient, au fil des épisodes, vraiment intéressant et, disons-le, surprenant. Sa mise en scène et son ambiance proches du malaise offrent à Pretty Little Liars: Original Sin une chance de se démarquer de ses prédécesseurs. Comme quoi, il est tout à fait possible de faire du neuf avec du vieux.

A la croisé d’un Dawson et d’un Scream nouvelle génération…

Amateur de slasher pour adolescent made in 90’s, vous devriez probablement adorer Pretty Little Liars: Original Sin. Chaque épisode est un véritable hommage au cinéma d’horreur des années 90, et ceux plus récent, dont la série emprunte volontiers les codes pour nous faire peur. Le teen drama, que l’on croirait tout droit sortie de l’imagination du scénariste et réalisateur Kevin Williamson, ne se prive pas de faire dans l’horreur quand il s’agit d’effrayer le téléspectateur, même si cela restera soft pour les amateurs du genre horrifique. Toutefois, si elle a prouvé qu’elle était capable de surenchérir  dans le domaine de l’horreur et du malsain, ces événements restent malheureusement beaucoup trop rares, laissant un sentiment de frustration totale, qu’on espère combler au cours de la prochaine saison. Sans déroger à la règle, le show aborde aussi toutes les questions existentielles de l’adolescence, de la vie au lycée, des relations parents/enfants, parfois toxiques, et des relations amoureuses. Si cela manque parfois d’intérêt pour son intrigue principal, le tout est parfaitement dosé sans que ce soit une difficulté à regarder. Cette combinaison parfaite entre horreur et drame adolescent a de quoi embarquer la majorité des téléspectateurs dans la quête d’identité de ce dangereux -A et du sombre passé familial qui en découle sur nos jeunes protagonistes, qui font preuves d’une étonnante maturité et de réflexion tout au long de la saison.

Une première saison réussie, mais qui peut faire mieux

Mais c’est une légère note de déception qui poindre à l’issue du dixième et dernier épisode de cette première saison. L’arc principal bouclé, et la plus part des mystères résolus, on ne peut s’empêcher d’éprouver cette désagréable sensation d’inachevé, comme si la série avait été en avance rapide dans ce final haletant, sans vraiment avoir eu le temps, au cours de ces dix premiers épisodes, d’exploiter tout son potentiel. Les faiblesses de ce reboot réside dans sa baisse générale de rythme et de tension à certains moments essentiels ou encore ses intrigues, qui manquent d’épaisseurs ou qui ne servent pas forcément l’intrigue principal au bon moment. Heureusement, les dix dernières minutes de l’épisode 10 laissent espérer une suite beaucoup plus fun et horrifique, avec une intrigue qui risque encore très certainement de donner du fil à retordre à nos nouvelles petites liars préférées. Malgré quelques erreurs de parcours, Pretty Little Liars: Original Sin est une très bonne série qui surpasse largement son aîné, forte de propositions quand il s’agit de déployer son univers et qui séduira un large publique, ancien et nouveau, vous plongeant instantanément dans la petite ville poisseuse de Millwood. Mais serez-vous capable de démasquer celui dont la signature commence par la lettre A ?

Par Rémi Vallier

Copyright HBO Max

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A MAN (2022) – Critique

A MAN (2022) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur A MAN

Saluée par la critique, avec notamment plusieurs récompenses attribuées lors des Japan Academy Prize en 2023, A Man (en V.O. Aru Otoko), réalisé par Kei Ishikawa, est un long-métrage brillant, intelligent et pleinement maîtrisé où se dévoile une autre facette beaucoup plus sombre du pays du soleil levant, alternant successivement entre thriller et drame sociétal.

hatsu est l’expression courante qu’utilisent les japonais pour désigner ceux qui disparaissent, ceux qui « s’évaporent ». Un véritable phénomène de société qui pousse environ 100 000 Japonais par an à tout abandonner derrière eux sans laisser de trace. Kei Ishikawa qui adapte le roman de Keiichirō Hirano reprend forcément les bases et le thème dans A Man. Lorsque Rie apprend que son mari récemment décédé n’était pas celui qu’il prétendait être, elle engage un avocat afin de découvrir la véritable identité de ce dernier. Si l’histoire présage une énigme vertigineuse et tumultueuse, le film joue souvent sur l’aspect réaliste et classique de l’affaire : celle d’une identité volée, oui, mais pourquoi ? Au travers de cette question que se pose chaque personnage, le spectateur est embarqué dans cette troublante enquête et ouvre un peu plus le regard sur une société nippone où le déshonneur est finalement le pire des crimes qui peut-être commis.

Cela commence par la magnifique mise en scène d’une rencontre : celle de Rie (Sakura Andô) et Daisuke (Masataka Kubota), deux êtres frêles et fragiles que la vie n’a pas épargné. D’un amour timide, mais naissant, ils se livrent l’un à l’autre, sans artifice, naturellement. De cet amour nait une vie de famille, une vie paisible accompagnée de ces bonheurs simples et quotidiens. Puis, Daisuke meurt brutalement, laissant derrière lui Rie et leur deux enfants dans une grande tristesse. Mais la visite du frère de Daisuke vient perturber quelque peu les certitudes de Rie quand ce dernier lui annonce que la personne sur la photo de l’autel n’est pas Daisuke Taniguchi. Perdue et confuse, Rie engage alors un avocat, Akira Kido (Satoshi Tsumabuki) afin de connaître la véritable identité de son défunt mari. Au cours de l’enquête et de ses investigations, Akira Kido est lui-même confronté à sa propre identité, au racisme de ses origines coréennes et aux interrogations auxquelles la société nous rappelle constamment : qui doit-on être et quel honneur devons-nous sauvé ?

Tout au long du film, le réalisateur s’empare de son sujet et ouvre le regard sur un phénomène beaucoup plus important et vaste qu’on ne pourrait le croire, et plus particulièrement au Japon où la culture dominante est celle d’honorer son travail, sa famille et son pays. Mais que se passe-t-il quand cette obligation d’honneur n’est pas remplie ? C’est là où le personnage d’Akira Kido, au travers de son enquête, nous questionne, nous confrontant à nos injonctions dont nous sommes aussi esclaves. Quelles soient personnelles, professionnelles ou sociétales, chacun peut ressentir ce désir, cette idée obsessionnelle de tout quitter, d’échapper à son propre destin ou à une certaine fatalité. En ce sens, l’œuvre d’Ishikawa est un brillant miroir de nos facettes cachées, brisées, personnifiées.

Oeuvre qui porte sur la question de l’identité, A Man est une réussite totale, saisissante, sensible avec une remarquable mise en scène, traitant sans fard d’un sujet encore bien présent et tabous dans l’archipel nippon. Sa signature visuelle et son esthétisme élégant, traversés par des magnifiques lumières aux plans détaillés, ses interprétations sans failles des acteurs qui sonnent juste du début à la fin achèvent de parfaire ce petit bijou cinématographique, pouvant directement se hisser dans le rang des réalisateurs japonais à suivre de très près. Kei Ishikawa rend, d’une certaine manière, hommage à tous ces évaporés, comme pour leur laisser la place d’exister dans une société qui les rejette mais qui ne les a pas complètement oubliés. Au fond, et comme le suggère le plan final, nous sommes tous coupables et capables de changer d’identité quand notre survie en dépend. Mais n’est-ce pas faire honneur à soi et aux autres que de faire tomber une bonne fois pour toute notre masque d’imposteur ?

Par Rémi Vallier

Copyright 2022 A Man Film Partners / Hanabi

Crédits photos : Art House films

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LONGLEGS (2024) – Critique

LONGLEGS (2024) – Critique

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Notre avis sur le film

LONGLEGS

Longlegs est un film américain réalisé par Oz Perkins. C’est un thriller flirtant avec l’horreur

Lee Harker, nouvelle recrue du FBI, se voit confier une affaire non résolue sur un tueur en série surnommé Longlegs. La particularité de ce tueur est qu’il ne tue pas directement ses victimes, mais qu’il les fait s’entretuer. Les liens du tueur avec l’occultisme et le fait qu’il semble également lié à l’enquêtrice vont entraîner Lee dans une enquête dont elle pourrait sortir transformée à jamais.

Ce film est prenant, terrifiant et oppressant. Dès les premières minutes, on a le souffle coupé et on reste en apnée pendant tout le film. Nicolas Cage est hallucinant dans le rôle du tueur ; c’est peut-être une de ses meilleures prestations, même s’il apparaît très peu. Mais chacune de ses scènes est particulièrement marquante.

La fin ambiguë et l’explication finale de l’intrigue risquent de diviser, mais l’auteur de ces lignes a été vraiment convaincu par le film.

 

Par Grégory Caumes

|Copyright Neon

NOTRE NOTE

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POMPO THE CINEPHILE (2024) – Critique

POMPO THE CINEPHILE (2024) – Critique

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Notre avis sur le film

POMPO THE CINEPHILE

Enfin, la France peut découvrir cette pépite d’animation qu’est Pompo the Cinéphile.

Réalisé par Takayuki Hirao, ce film d’animation japonais nous conte le destin de plusieurs personnages autour de la réalisation d’un film.

En effet, Pompo est une productrice qui gagne de l’argent en produisant des films de série B à succès, mais frôlant régulièrement le nanardesque. Elle décide toutefois d’écrire un scénario sérieux, profond et même très personnel. Pour cela, elle va choisir comme réalisateur son assistant, passionné de cinéma mais novice en matière de réalisation, et comme actrice principale, une jeune femme qui loupe tous ses castings. Vont-ils réussir à réaliser leurs rêves par le biais de ce futur film ?

Pompo the Cinéphile est un film ultra positif, certes un peu naïf, mais qui fait tellement du bien. C’est une déclaration d’amour au cinéma, une ode au 7e art. Les personnages sont tous touchants, intéressants et bien écrits ; le personnage de Pompo peut paraître un peu caricatural, mais au final, son histoire est vraiment touchante. L’animation est magnifique et montre à quel point le Japon reste un modèle dans le genre.

Pompo the Cinéphile est aussi un message d’espoir, donne l’envie de se dépasser pour réaliser ses rêves. Si vous aimez le cinéma, ce que nous ne doutons pas, foncez voir Pompo the Cinéphile.

 

Par Grégory Caumes

|Copyright 2020 Shogo Sugitani / Hanabi

NOTRE NOTE

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LOVE LIES BLEEDING – Critique

LOVE LIES BLEEDING – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film LOVE LIES BLEEDING

Love Lies Bleeding est un thriller romantique néo-noir réalisé par Rose Glass à partir d’un scénario qu’elle a coécrit avec Weronika Tofilska, et mettant en vedette Kristen Stewart, Katy O’Brian, Jena Malone, Anna Baryshnikov, Dave Franco et Ed Harris.

Le scénario :

Lou (Kristen Stewart), gérante solitaire d’une salle de sport, tombe éperdument amoureuse de Jackie (Katy O’Brian), une culturiste ambitieuse. Leur relation passionnée et explosive va les entraîner, malgré elles, dans une spirale de violence.

L’oeuvre en question :

Le film est un mélange de plusieurs genres. En premier lieu, nous avons un film presque documentaire sur la vie des Américains dans des villes pauvres et reculées, où le sport (ici le culturisme) est parfois la seule échappatoire et la seule ouverture sur le monde extérieur. Le récit part aussi sur l’enquête policière et même le thriller autour de l’excellent Ed Harris en mafieux local. Et nous avons, au final, la romance entre Lou et Jackie avec le monde entier comme ennemi.

En conclusion

Le film est intéressant dans sa réalisation, mais risque de perdre certains spectateurs à cause de l’enchaînement des thèmes et d’une fin difficilement lisible. Toutefois, cet ovni cinématographique pourra vous happer dans son atmosphère étrange. Il montre une Amérique que l’on voit si peu au cinéma et porte un message féministe fort de reprise en main de sa destinée.

 

Par Grégory Caumes

|Copyright Metropolitan FilmExport

NOTRE NOTE

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LE COMTE DE MONTE-CRISTO – Critique

LE COMTE DE MONTE-CRISTO – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film

LE COMTE DE MONTE-CRISTO

Adapter une œuvre majeure comme Le Comte de Monte-Cristo au cinéma est toujours un pari difficile, étant donné le grand nombre d’adaptations déjà réalisées. Pourtant, le film de Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière, avec Pierre Niney en tête d’affiche, réussit parfaitement son pari et va même plus loin en devenant la meilleure adaptation de l’œuvre au cinéma.

Rappel du scénario

Edmond Dantès touchait du doigt le bonheur absolu. Il était sur le point d’épouser la belle Mercédès, venait de devenir capitaine de bateau, et se pensait entouré d’amis. Pourtant, il sera trahi par certains de ses proches. Accusé à tort de vouloir le retour de Napoléon Bonaparte, il sera enfermé et laissé pour mort aux yeux de ses proches. Toutefois, il rencontrera un vieux religieux qui lui léguera un trésor conséquent. Avec cela, et sous le nom du Comte de Monte-Cristo, il lancera implacablement sa vengeance au risque de se consumer lui-même.

Une réussite absolue :

Pour adapter une telle œuvre, il faut évidemment prendre certaines libertés avec l’intrigue, et les scénaristes ont été très bons pour moderniser le récit sans le dénaturer, délivrant ainsi le message du roman tout en le rendant encore plus pertinent. Ce scénario est superbement servi par un casting parfait à tous les niveaux. Et que dire de la prestation de Pierre Niney, si ce n’est qu’il est fait pour ce rôle et qu’il est sûrement la meilleure incarnation de Dantès/Monte-Cristo. La réalisation est également admirable et d’un niveau « hollywoodien » (dans le bon sens du terme).

En conclusion

C’est sûrement un des meilleurs films français de ces trente dernières années. Si vous ne devez voir qu’un film cette année, allez voir Le Comte de Monte-Cristo : c’est une réussite absolue.

 

Par Grégory Caumes

Copyright 2024 CHAPTER 2 – PATHE FILMS – M6 FILMS – FARGO FILMS

NOTRE NOTE

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LE GRAND MAGASIN (2023) – Critique

LE GRAND MAGASIN (2023) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur LE GRAND MAGASIN

Dans la lignée de ses prédécesseurs – le grand Hayao Miyazaki et Satoshi Kon dont il fut le collaborateur – Yoshimi Itazu signe avec Le Grand Magasin une fable visuelle richement colorée et douce sur les travers d’une jeune apprentie concierge d’un grand magasin, où les clients sont tous des animaux et dont elle doit répondre à tous leurs besoins.  Une oeuvre enchanteresse, au message sous-jacent, qui réjouira les petits et grands enfants voulant retrouver un peu de douceur et de magie.

Non, vous ne rêvez pas : les animaux aussi sont des consommateurs aguerris ! Dans Le Grand Magasin, c’est toute une galerie de personnages loufoques et réalistes dont leurs apparences animales se confondent souvent avec la notre, propre reflet de notre société de consumérisme et de notre besoin pathologique à vouloir plus. Perdu dans ce grand magasin au milieu de nulle part, où se regroupent tous les besoins de nos chers amis les bêtes, Akino est une jeune apprentie concierge qui tente tant bien que mal de prendre son rôle à coeur : servir ses clients, leur redonner le sourire en répondant présent à leurs demandes et leurs attentes – parfois burlesques, ou malencontreusement déstabilisantes. Mais la jeune apprentie, qui commet gaffe sur gaffe, réalisera peu à peu que le sens caché de son métier réside dans sa capacité à voir au travers de ce que veut réellement le client.

En même temps qu’il nous ravit par sa fresque crayonnée, aux contours si fin qu’il souligne ses couleurs éclatantes et sa délicate lumière auréolée, Yoshimi Itazu rappelle dans sa forme la plus simple et imagée que l’avenir des animaux dépend aussi de notre faculté à voir bien au delà de ce qu’on peut espérer pour l’avenir. Veut-on voir l’extinction animale de plus en plus présente et irréversible arriver ? Il est clair que cette oeuvre animé à la fois touchante et drôle sait épingler les petits – et grands – travers des humains, qui ne cessent de vouloir toujours plus, sans croire qu’il n’a aucun impact sur son environnement présent et futur.

La volonté du réalisateur est bien évidemment de mettre en lumière la bienveillance, l’humanité et l’intelligence de l’humain à pouvoir cohabiter avec d’autres semblables – les animaux en l’occurrence – et que leurs besoins primaires sont aussi les nôtres, que nous devons aussi bien les respecter que les comprendre. Akino, qui dans ses tentatives  ratées ou réussies de satisfaire ses clients, cherche toujours à vouloir faire mieux et à comprendre réellement les enjeux de sa fonction au sein de ce Grand Magasin. Parfait exemple de ce que l’on peut entreprendre si nous sommes un tant soit peu capable de réfléchir, une belle note d’espoir  et d’onirisme qui vient directement parfaire le propos de l’oeuvre.

Avec sa pléiade d’animaux endimanchés, ses situations rocambolesques, son humour omniprésent, son ton léger et bon-enfant, Le Grand Magasin est l’oeuvre qui fait cadeau à son public de tout âge d’une belle leçon d’humanité. Sans être au niveau d’un immense Miyazaki, Itazu souligne avec nuance et subtilités ses thèmes de prédilections : l’Homme, la Nature et tout ce qui  a trait de l’imaginaire et du fantastique. En une heure dix seulement, l’oeuvre du réalisateur parvient à nous émouvoir et à nous faire rire tout en donnant sens à ce qu’il souhaite nous transmettre : voir plus loin, sans perdre de vue ce qui nous tiens à coeur.

Par Rémi Vallier

Crédits photos : Art House films

|Copyright 2023 Tsuchika Nishimura – Shogakukan – The Concierge Film Partners

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TUNNEL TO SUMMER (2024) – Critique

TUNNEL TO SUMMER (2024) – Critique

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Notre avis sur le film TUNNEL TO SUMMER

Le film d’animation japonais Tunnel to Summer réalisé par Tomohisa Taguchi a été couronné du Prix Paul Grimault, la deuxième plus grande récompense, lors du Festival International du film d’animation d’Annecy en 2023. Distribué par Star Invest Films France, le film sort ce mercredi 5 juin en version originale sous-titrée en français (vo-stfr) et en version française (vf) dans plus de 200 salles à travers la France.

Le pitch :

Selon une légende urbaine, le mystérieux tunnel d’Urashima offre à celui qui ose s’y aventurer ce qu’il désire de plus cher, mais à un prix : quelques secondes dans le tunnel se transforment en plusieurs heures dans la vraie vie. Kaoru, un jeune lycéen encore marqué par la disparition de sa petite sœur, fait équipe avec Anzu, une jeune fille énigmatique, pour tenter l’aventure. Mais quelles sont les véritables intentions d’Anzu, et que restera-t-il à Kaoru après avoir traversé le tunnel ?

Une très bonne adaptation :

Tunnel to Summer se distingue par une animation de qualité, fidèle à la tradition de l’animation japonaise moderne dans la droite ligne d’un « Your Name« , avec des décors détaillés et des scènes fluides qui sauront vous captiver. Le réalisateur Tomohisa Taguchi réussit à créer une atmosphère à la fois mystérieuse et poétique, en adéquation avec le thème central du film et alterne habilement les passages oniriques et les passages plus rythmés.

Le scénario est habilement construit et vous donnera envie de savoir le fin mot de l’histoire. La dynamique entre Kaoru et Anzu est l’un des points forts du film, offrant une exploration intéressante des thèmes de la perte, de la quête de soi, du deuil et de sa propre reconstruction. Ce duo principal est vraiment attachant.

Un petit bémol, quelques longueurs en milieu de film, mais rien de rebutant.

En conclusion :

Tunnel to Summer est un film d’animation qui mérite sa reconnaissance au Festival d’Annecy. Il offre une expérience visuelle et émotionnelle satisfaisante, portée par une animation remarquable et des personnages attachants. Vous êtes en manque de films d’animation type « Your Name » ? Ce film est pour vous.

 

Par Grégory Caumes

Crédit photos : ©2022 Mei Hachimoku, Shogakukan/The Tunnel to Summer, the Exit of Goodbyes Film Partners

NOTRE NOTE

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SIMPLE COMME SYLVAIN (2023) – Critique

SIMPLE COMME SYLVAIN (2023) – Critique

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Notre avis sur SIMPLE COMME SYLVAIN

Dans Simple comme Sylvain, l’actrice-réalisatrice québécoise Monia Chokri flirt avec le genre de la comédie romantique dans un troisième long-métrage d’une grande réussite, confirmant tout son talent à raconter des histoires à la fois vivantes, perspicaces, drôles et sensuelles.

En 2019, La Femme de mon Frère marque les débuts plutôt encourageants de l’actrice dans les pas de réalisatrice avec un premier film déroutant mais prometteur. Présenté cette fois-ci dans la section Un Certain Regard au festival de Cannes 2023, le film Simple comme Sylvain avait reçu de beaux éloges lors de sa projection, avec une standing ovation de sept minutes de la part du public cannois. Avec son sens de la répartie et de sa mise en scène virtuose, ce nouveau long-métrage offre un véritable délice visuel couplé d’une histoire en somme tout à fait banale, simple comme son titre évocateur, mais débordant de vitalité et de fraicheur.

La question de l’amour reste éternelle chez l’être humain, aussi bien dans la vie que dans l’art. Représenté dans toutes les catégories, il n’est cependant pas aussi facile de croire que tous les amours se valent et se vivent de la même manière. Sophia (Magalie Lépine-Blondeau) vit en couple avec Xavier (Francis William-Rhéaume) depuis plus de dix ans. C’est un couple d’intellectuel bourgeois. Cependant, si la complicité et l’amour sont présent entre eux deux, il n’en est pas de même dans les actes intimes et physiques du couple où la flamme de la passion est clairement éteinte. Un week-end, Sophia se rend seule dans le chalet d’été qu’elle et son compagnon ont récemment acheté et qui nécessite quelques travaux. C’est là que Sophia rencontre Sylvain (Pierre Yves Cardinal) le charpentier en charge des travaux de rénovation. Beau, brutal, primitif et transpirant la virilité d’un homme qui sait jouer avec ses mains et son physique imposant. C’est le coup de foudre.

Sous l’oeil vibrant et bienveillant de sa réalisatrice, Simple comme Sylvain scrute les hauts et les bas de ce couple si différent et si éloigné de leur monde qu’il en devient presque un film sociétal sur les conceptions et les lois de l’amour : deux êtres si éloignés, totalement différent l’un de l’autre et de mondes parfaitement opposés peuvent-ils être heureux et s’aimer passionnément ? Le désir brûlant et physique est-il le seul dénominateur commun, le moteur de toute relation sentimentale ? La différence de l’un est-il la faiblesse de l’autre, et vice-versa ? C’est globalement les idées générales qui s’en dégage au cours de ce visionnage auquel Monia Chokri s’amuse à répondre avec philosophie, mais sans trop se prendre au sérieux, évitant de tomber maladroitement dans la mauvaise caricature. Son ton léger, enlevé, parfois émouvant et décalé nous fait vibrer, valser et nous renvoie à notre rapport à l’amour et à la définition qu’on lui donne.

En terme de réalisation, la caméra de Chokri capte l’essence même de l’intensité des regards et du désir qui nait sous nos yeux, des beaux comme des mauvais moments d’angoisse où l’amour disparait puis reviens. Des plans magnifiquement orchestrés qui nous rappelle finement un certain Xavier Dolan. Son grain de pellicule et ses couleurs chaudes et orangées nous transporte littéralement dans cette aventure amoureuse, sensuelle, passionnelle, presqu’issu d’un récit épique et romanesque, d’une époque un peu seventies, où se mélange tout une galerie de personnages et de représentations diverses sur l’amour.

Le couple à l’écran formé par Magalie Lépine-Blondeau et Pierre Yves Cardinal déborde d’énergie, de sensualité, et proposent des interprétations sans défaut de leurs protagonistes tour à tour tourmenté et emporté par les affres de cette idylle naissante et improbable.

Accompagnée d’une bande sonore entraînante, Simple comme Sylvain est une belle surprise cinématographique qui assure un avenir radieux pour la suite de la carrière en tant que réalisatrice de Monia Chokri. Il nous rappelle que l’amour est un mystère, un espoir qu’il faut préserver, qu’il est fragile,  indécis et cruel, autant pour les hommes que les femmes. Que certains Grands Amours sont rares, qu’ils doivent être vécus intensément, sans remords, ni regrets. Car ça doit être ça, ce qu’on appelle l’amour ; beau et simple comme la première neige de l’hiver qui nous tombe sur la tête.

Par Rémi Vallier

Crédits photos : Fred Gervais

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LES COLONS (2024) – Critique

LES COLONS (2024) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film LES COLONS

Premier long-métrage pour le réalisateur chilien Felipe Gàlvez, LES COLONS est à découvrir en DVD chez BLAQ OUT dès le 21 mai, accompagné d’un entretien avec le réalisateur et la scénariste du film.

Une histoire du Chili oubliée

Le film revient sur une page oubliée de l’histoire officielle du Chili, qui ne figure pas dans les manuels scolaires : le génocide des Indiens Selknam. En effet, si l’extermination des Indiens liée à la colonisation de l’Amérique du Nord est un fait bien connu, le sort des autochtones d’Amérique du Sud l’est beaucoup moins. Le film donne donc un éclairage indispensable sur des évènements tragiques qui ont été gardés sous silence par le gouvernement chilien.

C’est en lisant un article quinze ans plus tôt que le réalisateur a découvert l’histoire de ce génocide. Il déclare :

« Je me suis intéressé à ces autres événements du début du XXème siècle, eux aussi ignorés. Que se passe-t-il dans un pays, quand on efface une page entière de son histoire ? Plutôt que cet effacement de la dictature au présent, pourquoi ne pas revenir à un autre effacement, qui a eu lieu cent ans auparavant ? Quelles en sont les conséquences jusqu’à aujourd’hui ? »

Paradoxalement, les Selk’nam au Chili font aujourd’hui partie de l’imagerie populaire : « Vous allez à l’aéroport, vous trouverez des poupées Selk’nam, du chocolat, du vin à leur effigie. Ce qui m’intéresse dans tout cela et à travers le film, c’est de comprendre comment cette histoire est désormais entrée dans l’imaginaire national, alors que cette population a quasiment disparu. »

L’écriture :

Pour relayer cette histoire qui est racontée en deux temps, sur deux périodes et deux registres différents, le réalisateur et la scénariste ont introduits des personnages ayant réellement existé et d’autres étant inventés. Pour cela, ils se sont nourris d’archives et de témoignages.

Le récit du film se passe en 1901 dans un premier temps et suit trois cavaliers qui ont été engagés par un riche propriétaire pour déposséder les populations autochtones de leurs terres et ouvrir une route vers l’Atlantique. Sous les ordres d’un lieutenant, d’un soldat britannique, et d’un mercenaire américain, un jeune métis chilien, va découvrir le prix de la construction d’une jeune nation, celui du sang et du mensonge.

Un western crépusculaire :

Film crépusculaire à la fois poétique et cruel, Les Colons emprunte d’abord la forme du western avec ces grandes étendues et ces décors naturels de la Terre de feu. Le film bénéficie d’évidentes qualités esthétiques pour notre plus grand plaisir. Au bénéficie d’une mise en scène âpre et sans fioritures, c’est à la fois avec engouement et crainte que l’on suit ses trois personnages principaux dans ce climat de haine et de méfiance qui régnait au début du siècle.

Un film nécessaire :

Le film qui nous plonge dans d’une épopée sanglante est avant tout un film nécessaire, remarquable, sans concession et qui ne joue pas avec de faux-semblants. Pas question ici d’être évasif, de jouer avec des subtilités ou de prendre des pincettes. Le film se veut frontal dans son propos, et ne se prive pas de brosser un portrait froid sur cette période sombre du pays. La force de ce film est de prendre ses responsabilités, de nommer les choses et de désigner les coupables sans trembler.

 En conclusion :

L’immensité de son propos fait du film Les Colons un premier long métrage remarquable, engagé et sans concessions. Un film nécessaire à la découverte indispensable, et qui révèle en plus de son contenu, un réalisateur à suivre.

 

Par Sébastien Nippert

Copyright : © 2023 – QUIJOTE FILMS – RAMPANTE FILMS – REI CINE – QUIDDITY FILMS – VOLOS FILMS – CINE-SUD PROMOTION – SNOWGLOBE – FILM I VÄST – SUTOR KOLONKO

NOTRE NOTE

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