BACK TO BLACK (2024) – Critique

BACK TO BLACK (2024) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film BACK TO BLACK

Back to Black est un biopic de Sam Taylor-Johnson sur la vie d’Amy Winehouse qui est interprété avec brio par Marisa Abela.

Revenir sur la vie mouvementée et malheureusement écourtée si tôt d’Amy Winehouse était un défi à relever et suscitait beaucoup d’interrogation notamment sur le ton donné à la future œuvre. Biopic romancé et aseptisé en forme d’hommage ou un récit précis exposant les démons qui rongeait la jeune fille.

Back to black est un peu des deux.

En effet, nous voyons très vite la jeune femme bruler la vie par les deux bouts, nous voyons aussi à quel point son amour pour son compagnon Blake va à la fois l’inspirer et la détruire en même temps. Clairement c’est une très bonne chose de ne pas éluder cela.

Il reste toutefois important de rappeler que nous ne sommes pas dans un documentaire mais dans une fiction qui choisit délibérément de se concentrer sur une partie de sa vie et choisit comme axe la tragédie d’un amour destructeur donnant naissance au fameux album Back to black né dans la douleur et qui malgré une pléthore de récompense ne contentera jamais la chanteuse qui décédera peu de temps après.

On peut regretter de ne pas voir la quantité de travail nécessaire pour arriver à ce niveau musical, le peu de temps alloué au premier album mais au final ce biopic rend quand même un bel hommage à une des voix les plus incroyable de ces dernières années.

La prestation de Marisa Abela est vraiment convaincante et la bande son est évidemment formidable pour une réalisation classique mais efficace.

En conclusion

Un biopic qui ne cache pas les zones sombres de l’artiste et montre même que cette souffrance aura comme effet la création d’un album mythique mais entrainera aussi la fin tragique de l’artiste.

 

Par Grégory Caumes

|Copyright Dean Rogers © STUDIOCANAL SAS

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :

SIDONIE AU JAPON (2024) – Critique

SIDONIE AU JAPON (2024) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur SIDONIE AU JAPON

Au pays du soleil levant où les non-vivants vivent parmi les vivants, une étrangère perd peu à peu ses repères et se retrouve malgré elle confrontée aux fantômes de son passé. Voyage initiatique, poétique, ce troisième long-métrage d’Elise Girard nous démontre que le cinéma d’auteur(e) peut encore faire ce qu’il y a de plus beau ; savant mélange de subtilités et de délicatesses sur la réflexion et la beauté du monde et des complexes et paradoxes de ceux qui les habitent. Sans se départir d’une certaine légèreté, Sidonie au Japon est un authentique haïku visuel qui ravira une poignet de spectateurs appréciant la poésie lyrique à travers les maux de ceux qui les expriment.

La ressortie de son premier roman force littéralement Sidonie (Isabelle Huppert) à se rendre au Japon. Sur place, elle fait la connaissance de son éditeur, Monsieur Kenzo Mizoguchi (Tsuyoshi Ihara), un homme étrange et taciturne. Chaperonné par ce dernier, Sidonie va peu à peu découvrir un univers à la fois fascinant et déconcertant. Mais lorsque le fantôme de son défunt mari lui apparaît soudainement, dans ce pays où les esprits cohabitent naturellement avec les vivants, elle comprend peu à peu qu’il est temps de laisser derrière elle les déchirures et les traumatismes du passé, pour accepter, enfin, de vivre. Beau et d’une grande sensibilité, le film traite du deuil, de la douleur de ceux qui partent pour ceux qui restent, de la souffrance qu’on s’évertue à vouloir garder en nous comme le seul rempart à notre existence.

Plus qu’une invitation au voyage, c’est une véritable plongée dans la culture nippone que nous offre sa réalisatrice, hommage à un pays qui ne ce cesse de passionner et d’émouvoir, qui s’invente et se réinvente au grès de l’imagination de chacun mais qui reste un immense mystère pour les pauvres occidentaux incrédules que nous sommes.

Elise Girard nous propose un film respectueux des traditions ; classique mais entraînant, des plans fixes, parfaitement cadrés avec une caméra qui sait esquisser de magnifiques panoramas quand il s’agit de nous perdre dans la contemplation de ces somptueux paysages japonisant. Une aura étrange et surnaturelle se mélange parfaitement à l’ambiance fantasmagorique du film. Le récit est finement construit, avec un phrasé comme on l’entend rarement aujourd’hui, rappelant l’importance des mots dans un monde qui perd peu à peu son langage à communiquer. Si cela peut sembler par moment exagérer, parfois même a en devenir une mauvaise caricature du genre, tout cela est vite balayé par sa mise en scène appliquée qui rappellera sans doute aux amoureux du cinéma une ambiance très Rohmérienne.

Ne présentons plus Isabelle Huppert comme une grande actrice du cinéma français mais comme LA grande Dame du cinéma français. Véritable caméléon du septième art, les choix de rôles de la comédienne continue d’étonner et de nous surprendre ; preuve qu’elle a su se réinventer tout au long de sa carrière en prenant le risque de n’être jamais là où on l’attend. L’interprétation de Sidonie émeut par sa complexité, son chagrin qui déborde dans son regard et de sa démarche, perchée au bord d’un désespoir qui nous est perceptible. Rendons également grâce à son partenaire de jeu, l’acteur Tsuyoshi Ihara qui, en plus d’avoir appris phonétiquement les dialogues en français, propose un personnage à la fois inaccessible mais terriblement touchant.

Sidonie au Japon se révèle être au final une oeuvre cinématographique à part entière qui, malgré son propos sombre porte en lui l’espoir solaire d’une renaissance. Comme une carte postale que l’on reçoit chez soi et qui invite à la curiosité, il rappelle l’importance de faire voyager le spectateur au sein même d’une salle de cinéma. En un sens, la réalisatrice parvient sans grand mal à nous faire vivre l’expérience de Sidonie et de son singulier périple dans un pays que l’on croit connaître mais qui a tout à nous apprendre. A la fin de la séance, c’est bel et bien une sensation étrange qui emplit le spectateur, comme si le film lui même avait apporté paix et sérénité, telle une force surnaturelle ayant apaisé les maux enfuis en chacun de nous. N’est-ce pas une façon un peu naïve de croire que c’est ça, la magie du cinéma ? Où tout simplement que les cerisiers sont en fleurs ?

Par Rémi Vallier

Copyright 2023 1015! PRODUCTIONS LUPA FILM BOX PRODUCTIONS FILM IN EVOLUTION FOURIER FILMS MIKINO LES FILMS DU CAMELIA

Crédits photos : Art House films

BANDE-ANNONCE :

CIVIL WAR (2024) – Critique

CIVIL WAR (2024) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film CIVIL WAR

Civil War est un film réalisé par Alex Garland avec comme acteurs principaux Kirsten Dunst, Wagner Moura, Cailee Spaeny et Stephen McKinley Henderson. Le film nous raconte les derniers jours d’une guerre civile qui se déroule aux Etats-Unis de nos jours avec un réalisme effrayant pour ce qui est déjà un des meilleurs films de l’année.

Un seul défaut : sa bande-annonce

Civil War nous est vendu comme un film parlant d’une guerre civile aux Etats-Unis mais il est important de préciser que le film se passe à la fin de cette guerre civile, et que si le contexte est un peu expliqué en fond, il n’est pas non plus détaillé.

Un contexte glaçant

Nous sommes donc dans les derniers jours d’une guerre civile moderne qui a déchiré les Etats Unis. Les protagonistes principaux sont journalistes et vont entreprendre un road trip à travers un pays à feu et à sang, livré à lui-même et qui fait ressortir le pire chez l’être humain. Leur but : tenter d’interviewer le président des Etats-Unis avant son éventuelle défaite et son assassinat par les rebelles.

Ce qui est glaçant dans ce road trip c’est que toute l’horreur et la déchéance humaine que vous pourrez observer est totalement réaliste et pourrait clairement frapper n’importe quel pays.

Le destin des protagonistes – que nous ne divulguerons pas ici – est une analyse fine de l’âme humaine et de son devenir face au chaos et à la mort.

Une réalisation de haut vol

Le réalisateur sait parfaitement jongler entre les différents registres du film, du road trip un peu décalé aux scènes d’actions fortes en passant par l’horreur de la guerre, c’est un sans-faute. Le Climax est dantesque.

Un casting impeccable

Du journaliste accro à l’adrénaline en passant par la jeune apprentie qui découvre le métier en allant jusqu’à la journaliste blasée et brisée jouée par une incroyable Kirsten Dunst, le choix du casting est un sans-faute.

En conclusion

Un road trip puissant qui analysera et critiquera notre société et même la race humaine en général, tout en nous délivrant un divertissement terriblement réaliste et fortement inquiétant, Civil War est une réussite.

 

Par Grégory Caumes

Copyright Screen Rant et A 24 / DCM

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :

CHIEN BLANC (2024) – Critique

CHIEN BLANC (2024) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film CHIEN BLANC

Chien Blanc est un film réalisé et co-écrit par Anaïs BARBEAU-LAVALETTE d’après le roman de Romain Gary du même titre.

Le pitch : « 1968 – Etats-Unis. Martin Luther King est assassiné et les haines raciales mettent le pays à feu et à sang. Romain Gary et sa femme l’actrice Jean Seberg, qui vivent à Los Angeles, recueillent un chien égaré́, dressé exclusivement pour attaquer les Noirs : un chien blanc. L’écrivain, amoureux des animaux, refuse de le faire euthanasier, au risque de mettre en péril sa relation avec Jean, militante pour les droits civiques et très active au sein des Black Panthers. »

Chien Blanc est un très beau film qui traite avec beaucoup de tact de la question du racisme. Evidemment, les scènes qui se déroulent dans le film ont un écho particulier avec l’actualité des Etats-Unis et le film n’en est que plus fort.

L’intelligence de cette œuvre est aussi de montrer toute l’ampleur de cette problématique par le biais de la question animale avec le fameux « chien blanc » et son conditionnement par les hommes. Que peut on faire d’un chien qui attaquera systématiquement des personnes noires ? Si on n’arrive pas à « déconditionner un animal » comment pourrait on faire évoluer les choses ?

Certains pourraient être étonnés qu’on traite la question du racisme par le biais de la réflexion sur la place d’un animal dans la société mais la réponse est magnifiquement donnée en fin de film et la phrase : « Une vie c’est une vie ! En quoi sa vie est-elle moins importante que la tienne ? » nous interrogera directement sur notre façon de penser la hiérarchisation de la valeur de la vie que notre société nous enseigne.

De plus, et c’est assez rare de nos jours, le film ne tombe pas dans le cliché facile et les discours bien-pensants mais donne les clefs de compréhension au spectateur pour le faire grandir, et par ce point il contribue justement grandement à la lutte anti-raciste.

Il est aussi important de noter que les performances de Denis Menochet, Kacey Rohl et KC Colins sont de très bon niveau.

Sur la réalisation, certains plans du film sont vraiment magnifiques avec une musique onirique qui permettra au spectateur de souffler et de s’évader quelques minutes avant de retourner dans le propos fort mais dur du film.

Un film à ne pas manquer autant pour ses qualités visuelles que pour son propos très intelligemment dispensé.

Par Grégory Caumes

Copyright Vivien Gaumand

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :

PAS DE VAGUES (2024) – Critique

PAS DE VAGUES (2024) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film PAS DE VAGUES

Pas de vagues  est un film réalisé par Teddy Lussi-Modeste avec François Civil et est inspiré d’une histoire vraie, inspirée de la vie du réalisateur.

La première chose qui frappe dans ce film, ce sont les réactions et commentaires sous sa bande annonce l’accusant de tous les maux. Nous martèlerons toujours la même chose à la rédaction de « La minute ciné », ne critiquez pas une œuvre que vous n’avez pas vue car dans le cas de « Pas de Vagues » vous passeriez à côté d’un film puissant, particulièrement bien écrit et dont le propos est particulièrement nécessaire à notre temps. Nous n’allons pas vous mentir, avant d’écrire ces lignes, il nous a fallu peser chaque mot car le sujet est explosif mais la réaction fut facile au regard du courage de l’équipe du film d’avoir produit une telle œuvre.

Le film raconte l’histoire d’un jeune professeur idéaliste qui va être injustement accusé d’harcèlement sur une de ses élèves et qui va voir son monde s’écrouler autour de lui.

Oui le réalisateur et les scénaristes ont choisi plusieurs thèmes très durs à traiter : la remise en cause de la présomption d’innocence – l’auteur de ces lignes étant juriste, il est particulièrement attaché à cette norme socle de notre société -, le harcèlement que peuvent vivre les professeurs des écoles, la bureaucratie qui a abandonné le soutien des enseignants, l’homosexualité dans les quartiers dit sensibles mais aussi, et c’est le point peut être le plus important, quel est le but d’enseigner, de transmettre et au final le rôle de l’éducation nationale dans notre société.

Alors oui ça fait beaucoup pour un film et pourtant l’écriture est tellement bonne et juste que tout cela est traité avec brio.

Le sujet de la présomption d’innocence est évidemment le plus polémique. Le mouvement #metoo était nécessaire et encore une fois la parole des victimes doit être facilitée mais elle ne peut en aucun cas détruire la présomption d’innocence et clouer au pilori une personne sans preuve. Sur ce point le film est très juste, objectif et ne jette l’opprobre sur personne, bien au contraire il explique particulièrement bien le mécanisme de souffrance qui peut entrainer une fausse déclaration.

Comme montré dans la bande annonce, le professeur en question est homosexuel et la question de la révélation de son homosexualité est posée pour « justifier » de son innocence. Entre risque d’une telle révélation dans un quartier dit sensible mais aussi l’incohérence d’une telle révélation pour justifier de son innocence, ce thème est très bien exposé par le film et montre comment notre système éducatif et judiciaire dysfonctionne, encore une fois sans jamais porter atteinte à la libération de la parole des victimes.

Puis vient l’analyse du système éducatif, d’une hiérarchie absente et au final d’un système qui par l’utilisation de la maxime « pas de vagues » se déshumanise et oublie qu’au final même si l’éducation nationale traite d’un ensemble d’élèves, elle ne doit pas oublier de s’occuper aussi des individualités.

Le moment le plus fort sera donné dans une des dernières scènes où on constate que l’échec d’un élève est aussi l’échec de son professeur et qu’il en prend toute la souffrance.

Pas de vagues est un film courageux, magnifiquement interprété par un François Civil de très haut niveau tout comme l’ensemble du casting avec une mention particulière pour tous les jeunes acteurs. C’est au final surtout un film nécessaire à nos débats de société, parfaitement équilibré dans son propos et d’un courage rare.

Par Grégory Caumes

Copyright Kazak Productions

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :

REACHER – Saison 2 – Critique

REACHER – Saison 2 – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur la série

REACHER – Saison 2

Reacher est l’adaptation par Prime Vidéo de la série de roman de Lee Child mettant en scène Jack Reacher, un ancien membre de la police militaire qui parcourt les Etats-Unis et résout des enquêtes.

Cette adaptation se veut plus fidèle à l’œuvre que les deux films avec Tom Cruise et ne se situe donc pas dans la même continuité.

Si la saison 1 nous amenait dans un coin perdu des Etats-Unis, c’est dans une ambiance plus urbaine que se déroulera cette seconde saison.

Le pitch :

Reacher, toujours interprété magistralement par Alan Ritchson, apprend le décès dans des circonstances étranges d’un des membres de son ancien groupe d’investigation militaire.

Ce sera alors pour lui l’occasion de renouer avec son passé et de son ancienne escouade pour déjouer un complot bien plus vaste qu’il n’y parait d’un premier abord.

Une saison deux critiquée mais qui bat des records d’audience :

Cette saison deux est une des plus regardées de Prime Vidéo. Toutefois certaines critiques se sont faites entendre : environnement trop urbain qui dénature l’ambiance, promotion de la masculinité toxique, Reacher avec une équipe alors que c’est un solitaire…

Soyons clair, toutes ces critiques sont infondées. Reacher n’a jamais prôné la masculinité toxique, bien au contraire le casting féminin est encore plus fort et « badass » qu’en saison 1. Quant au personnage principal il est égal à lui-même, un colosse de 1m90 avec un intellect hors norme, qui a du mal à maintenir des liens sociaux. Oui, il se bat et casse la figure à ses opposants mais le casting féminin fait de même. Rarement une série n’aura été aussi équilibrée à ce niveau-là.

L’environnement urbain ne dénature pas la série et montre justement un Reacher évoluer dans un environnement différent avec des antagonistes qui n’ont rien à voir avec ceux de la saison 1.

Quant à son travail d’équipe, cela nous permet surtout de magnifier le personnage principal tout en nous donnant des indices sur son passé.

Le verdict :

La saison 2 de Reacher est excellente, maitrisée et permet d’aller encore plus loin avec le personnage. Vivement la saison 3 !

Par Grégory Caumes

Copyright Amazon Studios

NOTRE NOTE

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SHOWING UP (2023) – Critique

SHOWING UP (2023) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur SHOWING UP

Showing Up ou comment la Vie nourrit l’Art, comment l’Art imite la Vie.

Ecrit et réalisé par la cinéaste américaine Kelly Reichardt, Showing Up dépeint avec tendresse et lucidité le quotidien d’une artiste sculptrice et plus particulièrement de ses créations, dont elle puise l’inspiration des inhérences banales et chaotiques de son existence.

Ce nouveau long-métrage, présenté au festival de Cannes en 2022, est l’occasion pour la réalisatrice-scénariste de retrouver son actrice fétiche, Michelle Williams, qui marque leur quatrième collaboration depuis leur tout premier film Wendy & Lucy, sortie en 2008. L’actrice de Certain Women campe ici le rôle de Lizzie, une artiste antipathique, pas vraiment heureuse et égoïste qui doit présenter dans quelques jours sa première exposition. Malheureusement pour elle, des événements extérieurs viennent perturber sa tranquillité d’esprit et l’empêchent de travailler sereinement sur les oeuvres qu’elle devra prochainement exposer.

Avec Showing Up, Kelly Reichardt déconstruit habilement le mythe de l’artiste et du génie créatif qui se cache derrière le nom. L’histoire, qui se déroule chronologiquement sur quelques jours avant son vernissage, entraîne le spectateur dans le quotidien solitaire de Lizzie et du chaos environnant qui gravite autour d’elle : un ballon d’eau-chaude qui ne marche plus, un chat qui n’en fait qu’à sa tête, un pigeon malade, une famille de plus en plus dysfonctionnelle. Malgré tout ces petits tracas qui ne nous paraissent pas tout à fait débordant, on comprend rapidement qu’ils deviennent sources d’angoisses en même temps qu’ils sont les fondements  même de son inspiration.

La cinéaste met particulièrement l’accent sur deux aspects distinct de la personnalité d’artiste : à travers le personnage de Jo (interprétée par la géniale Hong Chau), celle de l’artiste libre et entourée, qui se révèle être de nature plutôt instable,  insouciante et qui n’en fait qu’à sa tête. Et de l’autre, celle de Lizzie, l’artiste au tempérament plus renfermer, solitaire et insipide mais qui se dévoile être au final une personnalité beaucoup plus attachante, intéressante et responsable  qu’il n’y paraît. Cette évolution notable fait grandement partie de l’intelligence et la richesse du scénario  co-écrit avec  Jonathan Raymond

La symbolique de l’animal qui occupe pendant un court instant la vie d’un l’artiste est également une partie intégrante de Showing Up. En recueillant bien malgré-elle l’oiseau blessé par son chat dont elle s’était débarrassée, Lizzie transfigure sur cet animal fragile la figure de son mal-être personnel et révèle au spectateur une autre facette de sa personnalité que l’on n’aurait pas soupçonnée. L’autre idée du film provient du fait que l’art reste le médium le plus puissant et le plus accessible pour absorber, matérialiser et transmettre des émotions qui sont parfois hors de notre portée ou de notre propre langage.

A mi-chemin entre le cinéma indépendant américain et le documentaire, la réalisatrice propose un film à la fois clairvoyant et bienveillant sur les affres et pérégrinations de la vie d’artiste qu’on idéalise. La simplicité de sa mise en scène, l’écriture à double sens et le caractère très naturel de ce nouveau long-métrage confirme que oui, Kelly Reichardt mérite amplement son titre de grande cinéaste américaine de notre époque.

Par Rémi Vallier

Photos : Allyson Riggs/A24

BANDE-ANNONCE :

BOB MARLEY: ONE LOVE – Critique

BOB MARLEY: ONE LOVE – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film

BOB MARLEY : ONE LOVE

Bob Marley : One Love est un film américain réalisé par Reinaldo Marcus Green. Il s’agit d’un film biographique sur le chanteur Bob Marley.

Bob Marley est incarné par Kingsley Ben-Adir et sa femme, Rita Marley, est interprétée par Lashana Lynch.

One love est un très bon film qui se concentre sur une partie de sa vie (la plus importante « politiquement »), celle de son « exil » à Londres et de la création de son album le plus mythique, Exodus.

Le casting est impeccable et le duo Ben-adir et Lynch fonctionne à merveille. La réalisation est de très bonne facture avec certains moments vraiment inspirés.

La musique est évidemment formidable.

C’est un divertissement familial – même si certaines scènes de violence peuvent choquer les plus jeunes – qui délivre un message universel et intergénérationnel d’unité et d’amour.

Il est possible, toutefois, que le film divise sur un point car il parle de l’impact de la religion dans la vie de Bob Marley, ce que peu de gens savent, avec une vision parfois trop idyllique du mouvement Rastafari.

Ce film en occulte les dérives notamment le fait que cette idéologie a empêché Bob Marley de bien soigner son cancer comme le déclarent certaines biographies.

À part ce point, c’est un super film dans le même style que Bohemian Rapsody, divertissement tout public qui délivre avant tout, de façon posthume, le message de l’artiste

Par Grégory Caumes.

Copyright 2023 Par. Pics.

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :

TOP Meilleures fins de séries TV

TOP Meilleures fins de séries TV

TOP des MEILLEURES FINS DE SÉRIES TV

Le top que nous allons vous présenter est évidemment subjectif et reflète les goûts de son auteur. Evidemment ce top sera full spoiler donc si vous ne voulez pas être spoilés, ne le lisez pas. Ce top ne contiendra pas de fin d’animé car un top spécifique pourra être fait sur le sujet.

Et surtout complétez ce top en commentaire avec vos fins préférés.

Qu’est ce qu’une bonne fin de série TV ?

Déjà faut-il que la série ne fût pas annulée avant de nous avoir raconté son histoire (même s’il y a une exception dans ce top). Une bonne fin c’est celle qui nous délivre le message de l’œuvre, qui nous fait nous rendre compte que ses personnages vont nous manquer et qui, une fois regardée, nous laisse triste mais étrangement satisfaits d’avoir vécu ce moment si fort.

10. Malcom in the middle :

La série Malcolm in the middle reste à ce jour une des plus grandes réussites dans le domaine des séries humoristiques. Mais si elle est si forte, c’est qu’en plus de nous faire rire elle a une vraie analyse de la société américaine. Dans une scène parfaite, Lois, la mère de Malcolm, explique à ce dernier quelle est sa place dans le monde, pourquoi il était important qu’il en « bave autant » pour au final, grâce à son intelligence, pouvoir enfin représenter « les petites gens » dans un monde qui les met de côté.

Humour, émotion et accomplissement du héros, la fin de Malcolm est une réussite totale.

9. La petite maison dans la prairie :

Oui l’auteur de ces lignes est tout autant étonné que vous.

Qui aurait pu penser que la fin de La petite maison dans la prairie se ferait dans un déluge d’explosions ?

Après des années à tenter de survivre dans la ville de Walnut Grove, les habitants apprennent avec stupéfaction qu’un magnat de l’immobilier est propriétaire de leur terre. Les habitants du village ne veulent appartenir à personne et quitte à tout perdre, ils garderont leur liberté.

Ils font alors exploser leurs maisons. Ils seront fiers et libres jusqu’au bout et le magnat immobilier n’aura d’eux que des cendres. Une des fins les plus fortes et clivantes de l’histoire des séries TV.

8. Buffy contre les vampires :

L’affrontement final est cataclysmique et homérique entre l’équipe de la tueuse et les hordes des vampires, certains héros y laisseront même leur vie tragiquement. Arrive alors la fin de l’arc de rédemption de Spike qui par amour pour la tueuse se sacrifiera pour stopper les forces du mal. Un moment tragique où la tueuse tentera de lui mentir en lui disant qu’elle l’aime et où ce dernier la remerciera même s’il sait que le cœur de la tueuse est tourné vers un autre. Serein, il se sacrifiera héroïquement pour que la femme qu’il aime survive.

La ville maudite de Sunnydale n’y survivra pas mais l’ultime adversaire – si on ne prend pas en compte les BD – sera stoppé.

Buffy fini alors son parcours héroïque en étant une femme libérée enfin maitre de son destin. Le dernier plan la montre se tourner vers l’avenir.

7. Spartacus :

La victoire dans la défaite. Comment raconter la fin tragique de Spartacus en donnant une note d’espoir. Car on le sait, la dernière bataille de l’ancien esclave sera une défaite cuisante.

Mais même s’il perd, il marquera l’histoire comme l’ultime résistant à un empire sur le déclin. Il est l’esclave qui aura fait frémir la plus grande puissance que la terre ait connue à cette époque.

Et quand l’Empire Roman aura cessé d’exister, le nom de Spartacus aura traversé les âges comme ultime symbole de résistance à l’oppresseur. La série arrive alors à nous délivrer un message d’espoir lors d’un des épisodes les plus tristes de l’histoire des séries TV.

6. Ted Lasso :

Après trois saisons aussi drôles que touchantes, Ted Lasso l’entraineur de football américain devenant coach de football en Angleterre fait un choix logique – tant il est bienveillant – mais pourtant difficile : quitter ses amis et son club pour retrouver son fils aux Etats-Unis qui a besoin de lui.

Evidemment que le coach Lasso n’allait pas laisser son fils seul et après son divorce déchirant avec son ex-femme, on espérait qu’il refasse sa vie en Angleterre mais au final sa priorité reste son fils. Le dernier épisode est l’occasion de voir l’impact que sa bienveillance aura eu sur son entourage et leur aura permis de se réaliser dans leur vie.

Si l’épisode en lui-même est classique, il est par contre la parfaite conclusion de l’aventure que nous avons vécue avec Ted Lasso et ce dernier en brisant le 4ème mur nous montrera à quel point, en seulement trois saisons, Ted Lasso nous aura apporté et nous manquera.

5. After life :

Peut-on se remettre de la mort d’un proche ? Comment vivre quand l’amour de sa vie est décédé ?

Pendant trois saisons, la série va tenter de répondre à ces questions. Et là où certaines séries vont tenter d’y répondre classiquement, After Life va choisir une voie plus difficile. Tony, magistralement interprété par Ricky Gervais, avait trouvé l’âme sœur et elle est morte. Il comprend que l’amour de sa vie était unique et au lieu de sombrer dans le désespoir et de nuire au gens autour de lui pour leur faire payer le prix de sa propre douleur, comme il le fait au début de la série, il choisira de renouer avec ceux qui l’entourent, de tenter de les aider à trouver le bonheur comme lui a pu l’avoir.

Les dernières images montrent successivement la disparition de son chien et de lui-même. Le message est délivré : nous sommes peu de temps sur cette Terre et notre but est juste d’essayer de rendre heureux les gens qui nous entourent car c’est la seule manière de trouver le bonheur quand on a tout perdu.

Oui vous allez pleurer pendant tout ce final.

4. Breaking Bad :

Que dire de ce final si ce n’est qu’il est parfait. Il a mainte fois été analysé alors nous ne garderons ici que deux scènes : Walter qui avoue à sa femme que même s’il a commencé à dealer pour sa famille, il a continué dans la voie du crime car il a aimé ça. Ultime moment de confession et d’accomplissement de l’anti-héros qui enfin embrasse pleinement sa destinée.

Puis, après une scène d’anthologie à la Scarface, vient le trépas du héros, en paix avec son destin. Quand on termine Breaking bad, on se dit juste : il n’y a rien à rajouter, c’est parfait.

3. The Crown :

Si le début de la dernière saison de la série s’était un peu éloigné de la reine pour nous parler de Diana, le final lui sera entièrement dédié.

Intimiste, nous pouvons voir ses doutes de femme au crépuscule de sa vie et ses interrogations sur sa fin de règne. Tout au long de l’épisode, les actrices l’ayant interprétée plus jeune viendront la questionner sur son devenir, sur ses derniers choix.

Et au final elle comprendra que son destin de Reine était aussi son destin de femme et que le fardeau qu’elle porte, seule elle peut l’assumer. Puis dans une scène quasiment onirique, nous la verrons longuement marcher vers la lumière, symbole touchant d’une Reine qui nous a quitté mais qui part en paix avec elle-même.

Simple, beau et émouvant, cet épisode est une ode complète à la série et nous questionne nous même sur le temps qui passe et sur le jour où nous devrons nous aussi quitter la scène. Vous sortirez changé du visionnage de cette série et en particulier de ce dernier épisode.

2. Mr Robot :

Pour expliquer la fin de Mr Robot, il faudrait expliquer toute la série ici. Mais pour résumer Elliot, le personnage principal, hacker de génie et aux multiples personnalités qui se battent pour le contrôle de son corps, finit par se débarrasser du dernier antagoniste et se retrouve plongé dans un monde fabuleux que son subconscient a créé.

Il doit alors faire face à une vérité dramatique, le Elliot qu’on suit depuis le début n’est pas le vrai Elliot, il est une des personnalités qui a pris le dessus sur le vrai protagoniste. Il doit alors accepter cette réalité et faire le bon choix. Si dans un premier temps il refuse de faire revenir le vrai Elliot, ce sera sa sœur qui le fera changer d’avis. Dans une scène magnifique à la BO formidable, il rejoint les autres personnalités et libère le vrai Elliot.

Puissant et magistral, cette fin intelligente reste un modèle d’écriture.

1. Code Quantum :

Samuel Becket, dit Sam, est un scientifique qui « saute » aléatoirement dans le temps pour venir en aide à des inconnus et corriger les erreurs du passé. Il s’incarne dans une personne existante et lui rend son corps une fois sa mission accomplie. Depuis le début de la série, il pense ne pas savoir comment rentrer chez lui.

Dans le dernier épisode il s’incarne lui-même pour la première fois et se retrouve dans un bar tenu par un homme qu’il a déjà rencontré dans le premier épisode. Au cours de sa mission, il va recroiser des personnes qu’il a déjà sauvées mais sous d’autres noms.

Très vite il va se rendre compte qu’il est dans une sorte de monde à côté du monde et que le Barman serait soit Dieu soit le Destin. Ce dernier lui fait une révélation forte, Sam contrôle inconsciemment ses « sauts » et son inconscient l’empêche de rentrer chez lui car il souhaite aider les gens plus que de rentrer « à la maison ».

Dieu ou le Destin lui donne (ou redonne) son libre arbitre en le faisant prendre conscience de la possibilité de choisir. Sam déclare alors qu’il veut aider Al, son meilleur ami, avant de rentrer chez lui, la femme de ce dernier s’étant remarié à contre cœur pensant ce dernier mort au Vietnam.

Sam « saute » dans le temps, rencontre la femme de Al et lui révèle qu’il est vivant et qu’il va rentrer. Puis écran noir avec deux textes sur fond noir : Al et sa femme sont heureux ensemble et ont des enfants, Samuel Becket n’est jamais rentré chez lui

A l’époque la série fut annulée avant sa fin, et les scénaristes durent conclure assez vite. Pourtant cette fin représente une des plus fortes et belles conclusions du monde des séries TV car elle délivre parfaitement le message de l’épopée de Sam.

En effet, on nous dit que Sam est bon inconsciemment, une bonté à l’état pur. Dieu ou le Destin lui donne conscience de son choix et de son destin. En pleine connaissance, Sam décide de consacrer sa vie aux autres et les aidera toujours. Il est purement bon même en pleine conscience.

En choisissant cette fin douce-amère mais si forte et cohérente par rapport au destin de son héros, la série nous délivre ce message : la bonté absolue peut exister et qu’elle soit consciente ou non, Samuel Becket incarne cette bonté.

Cette fin est parfaite.

TOP proposé par Grégory Caumes

GODZILLA MINUS ONE – Critique

GODZILLA MINUS ONE – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film

GODZILLA MINUS ONE

Godzilla Minus one est un film japonais de Takashi Yamazaki avec Ryûnosuke Kamiki, Minami Hamabe et Yûki Yamada.

Il est important de préciser que ce film n’est pas dans la continuité du monsterverse américain comprenant Godzilla et Kong. Il s’agit plus d’un reboot du Godzilla original avec le retour du studio de la Toho à la production.

Il est inutile de faire durer le suspens car avec seulement 15 millions d’euros de budget – pour rappel le dernier « Asterix » a couté 72,4 millions et « The Marvels » 270 millions – ce film met une claque phénoménale aux supers productions du monde entier.

Le film est un chef d’œuvre de réalisation passant de scènes intimistes puissantes à des scènes de chaos et de destruction d’une qualité bluffante. Godzilla Minus One est donc une totale réussite et cela à plusieurs niveaux.

La réalisation :

Encore une fois réussir à tourner un tel film avec si peu de budget est incroyable. La plupart des scènes sont d’une qualité parfaite, les effets spéciaux sont impeccables et, c’est à souligner, les scènes servant à développer les personnages ou à donner une vision du Japon d’après-guerre sont tout autant réussies.

Le scénario :

Oui ce film nous rappelle qu’une œuvre sur Godzilla doit être avant tout un film sociétal et politique. Placer l’action du film après la défaite japonaise lors de la seconde guerre mondiale est une idée brillante. En reprenant l’essence même du premier film, on revient sur le sentiment de désespoir du peuple japonais. On assiste aussi à une critique de la politique japonaise lors de la guerre mais aussi une analyse de la pression que mettent les grandes puissances d’après-guerre sur les vaincus. Le scénario sait nous tenir en haleine tout en nous délivrant une fresque sociétale bouleversante. C’est juste parfait.

Et le reste ?

Que cela soit la musique ou l’acting – tant qu’on n’est pas réfractaire à certains poncifs du cinéma japonais – nous sommes sur du très bon niveau.

En conclusion :

Oui Godzilla Minus One est une leçon de cinéma. On peut réaliser un grand film fantastique avec seulement 15 millions de dollars tout en délivrant une fable sociétale forte.

Par Grégory Caumes.

Copyright Photos : Toho Co., Ltd.

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :