Fiche technique :

Notre avis sur le film LES COLONS

Premier long-métrage pour le réalisateur chilien Felipe Gàlvez, LES COLONS est à découvrir en DVD chez BLAQ OUT dès le 21 mai, accompagné d’un entretien avec le réalisateur et la scénariste du film.

Une histoire du Chili oubliée

Le film revient sur une page oubliée de l’histoire officielle du Chili, qui ne figure pas dans les manuels scolaires : le génocide des Indiens Selknam. En effet, si l’extermination des Indiens liée à la colonisation de l’Amérique du Nord est un fait bien connu, le sort des autochtones d’Amérique du Sud l’est beaucoup moins. Le film donne donc un éclairage indispensable sur des évènements tragiques qui ont été gardés sous silence par le gouvernement chilien.

C’est en lisant un article quinze ans plus tôt que le réalisateur a découvert l’histoire de ce génocide. Il déclare :

« Je me suis intéressé à ces autres événements du début du XXème siècle, eux aussi ignorés. Que se passe-t-il dans un pays, quand on efface une page entière de son histoire ? Plutôt que cet effacement de la dictature au présent, pourquoi ne pas revenir à un autre effacement, qui a eu lieu cent ans auparavant ? Quelles en sont les conséquences jusqu’à aujourd’hui ? »

Paradoxalement, les Selk’nam au Chili font aujourd’hui partie de l’imagerie populaire : « Vous allez à l’aéroport, vous trouverez des poupées Selk’nam, du chocolat, du vin à leur effigie. Ce qui m’intéresse dans tout cela et à travers le film, c’est de comprendre comment cette histoire est désormais entrée dans l’imaginaire national, alors que cette population a quasiment disparu. »

L’écriture :

Pour relayer cette histoire qui est racontée en deux temps, sur deux périodes et deux registres différents, le réalisateur et la scénariste ont introduits des personnages ayant réellement existé et d’autres étant inventés. Pour cela, ils se sont nourris d’archives et de témoignages.

Le récit du film se passe en 1901 dans un premier temps et suit trois cavaliers qui ont été engagés par un riche propriétaire pour déposséder les populations autochtones de leurs terres et ouvrir une route vers l’Atlantique. Sous les ordres d’un lieutenant, d’un soldat britannique, et d’un mercenaire américain, un jeune métis chilien, va découvrir le prix de la construction d’une jeune nation, celui du sang et du mensonge.

Un western crépusculaire :

Film crépusculaire à la fois poétique et cruel, Les Colons emprunte d’abord la forme du western avec ces grandes étendues et ces décors naturels de la Terre de feu. Le film bénéficie d’évidentes qualités esthétiques pour notre plus grand plaisir. Au bénéficie d’une mise en scène âpre et sans fioritures, c’est à la fois avec engouement et crainte que l’on suit ses trois personnages principaux dans ce climat de haine et de méfiance qui régnait au début du siècle.

Un film nécessaire :

Le film qui nous plonge dans d’une épopée sanglante est avant tout un film nécessaire, remarquable, sans concession et qui ne joue pas avec de faux-semblants. Pas question ici d’être évasif, de jouer avec des subtilités ou de prendre des pincettes. Le film se veut frontal dans son propos, et ne se prive pas de brosser un portrait froid sur cette période sombre du pays. La force de ce film est de prendre ses responsabilités, de nommer les choses et de désigner les coupables sans trembler.

 En conclusion :

L’immensité de son propos fait du film Les Colons un premier long métrage remarquable, engagé et sans concessions. Un film nécessaire à la découverte indispensable, et qui révèle en plus de son contenu, un réalisateur à suivre.

 

Par Sébastien Nippert

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