Fiche technique :

Notre avis sur LE GRAND MAGASIN

Dans la lignée de ses prédécesseurs – le grand Hayao Miyazaki et Satoshi Kon dont il fut le collaborateur – Yoshimi Itazu signe avec Le Grand Magasin une fable visuelle richement colorée et douce sur les travers d’une jeune apprentie concierge d’un grand magasin, où les clients sont tous des animaux et dont elle doit répondre à tous leurs besoins.  Une oeuvre enchanteresse, au message sous-jacent, qui réjouira les petits et grands enfants voulant retrouver un peu de douceur et de magie.

Non, vous ne rêvez pas : les animaux aussi sont des consommateurs aguerris ! Dans Le Grand Magasin, c’est toute une galerie de personnages loufoques et réalistes dont leurs apparences animales se confondent souvent avec la notre, propre reflet de notre société de consumérisme et de notre besoin pathologique à vouloir plus. Perdu dans ce grand magasin au milieu de nulle part, où se regroupent tous les besoins de nos chers amis les bêtes, Akino est une jeune apprentie concierge qui tente tant bien que mal de prendre son rôle à coeur : servir ses clients, leur redonner le sourire en répondant présent à leurs demandes et leurs attentes – parfois burlesques, ou malencontreusement déstabilisantes. Mais la jeune apprentie, qui commet gaffe sur gaffe, réalisera peu à peu que le sens caché de son métier réside dans sa capacité à voir au travers de ce que veut réellement le client.

En même temps qu’il nous ravit par sa fresque crayonnée, aux contours si fin qu’il souligne ses couleurs éclatantes et sa délicate lumière auréolée, Yoshimi Itazu rappelle dans sa forme la plus simple et imagée que l’avenir des animaux dépend aussi de notre faculté à voir bien au delà de ce qu’on peut espérer pour l’avenir. Veut-on voir l’extinction animale de plus en plus présente et irréversible arriver ? Il est clair que cette oeuvre animé à la fois touchante et drôle sait épingler les petits – et grands – travers des humains, qui ne cessent de vouloir toujours plus, sans croire qu’il n’a aucun impact sur son environnement présent et futur.

La volonté du réalisateur est bien évidemment de mettre en lumière la bienveillance, l’humanité et l’intelligence de l’humain à pouvoir cohabiter avec d’autres semblables – les animaux en l’occurrence – et que leurs besoins primaires sont aussi les nôtres, que nous devons aussi bien les respecter que les comprendre. Akino, qui dans ses tentatives  ratées ou réussies de satisfaire ses clients, cherche toujours à vouloir faire mieux et à comprendre réellement les enjeux de sa fonction au sein de ce Grand Magasin. Parfait exemple de ce que l’on peut entreprendre si nous sommes un tant soit peu capable de réfléchir, une belle note d’espoir  et d’onirisme qui vient directement parfaire le propos de l’oeuvre.

Avec sa pléiade d’animaux endimanchés, ses situations rocambolesques, son humour omniprésent, son ton léger et bon-enfant, Le Grand Magasin est l’oeuvre qui fait cadeau à son public de tout âge d’une belle leçon d’humanité. Sans être au niveau d’un immense Miyazaki, Itazu souligne avec nuance et subtilités ses thèmes de prédilections : l’Homme, la Nature et tout ce qui  a trait de l’imaginaire et du fantastique. En une heure dix seulement, l’oeuvre du réalisateur parvient à nous émouvoir et à nous faire rire tout en donnant sens à ce qu’il souhaite nous transmettre : voir plus loin, sans perdre de vue ce qui nous tiens à coeur.

Par Rémi Vallier

Crédits photos : Art House films

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