SILENCE (2016) – Critique

SILENCE (2016) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur SILENCE

Sorti en 2017 au cinéma un peu dans l’anonymat suite à une promotion quasi silencieuse, le 24ème film de Martin Scorsese intitulé Silence est une adaptation du roman éponyme de Shūsaku Endō. 30 ans après la sortie de La Dernière Tentation du Christcette fois-ci encore, il aborde directement la religion en portant à l’écran un livre qu’il projetait d’adapter depuis des années.

De quoi ça parle ? 

L’histoire de deux prêtres jésuites se rendant au Japon du XVIIe siècle pour retrouver leur mentor, le père Ferreira, disparu alors qu’il tentait de répandre les enseignements du christianisme.

Un tableau de persévérance, foi et douleurs :

Une fresque de près de trois heures, aux antipodes de son long-métrage précédent, avec laquelle le réalisateur montre une fois de plus qu’il n’a plus rien à prouver.  Certains souligneront la longueur excessive du film, marqué par certaines longueurs, mais qui nous concernant, ne fait pas acte de présence ici. La durée du film est justifiée par sa thématique qui requiert un traitement et un développement en profondeur.

Entre beauté et cruauté, c’est dans un Japon où le christianisme est fortement réprimé, que le spectateur va donc se retrouver à suivre ces 2 prêtres dans cette quête périlleuse à l’environnement hostile.

Un chemin fait de doute, de douleurs à la fois physique et psychologique qui confrontera leur foi aux pires épreuves.L’occasion pour le réalisateur de réfléchir et de poser des questions sur la Foi, mais aussi sur l’être humain.

En quoi avons-nous foi ? qu’est-ce qui dicte nos vies ? Quelle est l’essence même et l’origine de notre courage intérieur ? jusqu’où sommes-nous prêts à aller ?

L’opposition et le combat intérieur entre la raison humaine et la Foi est parfaitement véhiculé à travers les différents personnages rencontrés qui sont tous humains et tous pécheurs. Certains personnages secondaires, même ceux qu’on ne fait que croiser, sont parfois aussi passionnants que les protagonistes eux-mêmes et leur mort n’en est que plus déchirante.

Si le réalisateur s’intéresse tant à ses personnages, c’est vraisemblablement par compassion et dans le but de s’identifier à un personnage doutant de sa foi. Ses personnages ne sont pas non plus présentés comme de véritable héros comme pour accentuer une certaine apologie chrétienne mais présenté avec leurs doutes et leurs questionnements. Le talent du duo d’acteurs y est aussi pour quelque chose, tant leurs prestations sont impeccables.

Une réalisation toute en maîtrise :

D’un point de vue de la mise en scène, le réalisateur contrairement au film Le Loup de Wall Street qu’il venait de sortir avant, ne cherche pas à nous emmener dans un tourbillon d’images et de sons.

Au contraire, la réalisation est très sobre et tout en maîtrise. Ralentis, plans séquences et explosions de violence ne font irruption qu’au bon moment. La maîtrise technique se retrouve également avec l’usage fait du son, ou plutôt l’absence de son. Ce silence nous plonge encore d’avantage dans ces réflexions existentielles et accentue la pertinence du titre en plus de nous rappeler que même dans le silence, Dieu est avec nous. Et le tout est sublimé une photographie, tourné en 35mm à Taïwan et en lumière naturelle.

Certes le film va une fois de plus diviser mais il ne serait pas prétentieux de qualifier  « Silence » de chef-d’œuvre.

Critique de Sébastien N.

NOTRE NOTE

HEARTSTOPPER (2022) – Critique

HEARTSTOPPER (2022) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur HEARTSTOPPER

Adapté du phénomène littéraire éponyme, Heartstopper souffle un véritable vent de fraîcheur dans le catalogue de Netflix avec une histoire vieille comme le monde dans lequel chaque individu se reconnaîtra : celle d’une rencontre, inévitable, comme écrite par le destin, et celle du premier amour, tout aussi intense qu’il finit par bousculer complètement notre existence. Sous ses faux-airs de teen-drama dont Netflix semble avoir la recette, Heartstopper est un véritable petit trésor de série télé qui vient ensoleiller chaleureusement notre petit coeur, brumé et saturé par les nouvelles peu réjouissantes du moment. Une bulle d’innocence et de légèreté qui ne manquera pas d’alléger nos peines, en plus de nous ramener à notre propre adolescence et ses tourments existentiels.

L’histoire ? La rencontre improbable entre deux garçons. Deux lycéens que tout oppose et qui, malgré eux, vont faire naître un sentiment beaucoup plus fort que l’amitié.

Avec sa créatrice originale, Alice Oseman (Loveless, L’année solitaire)  aux commandes, Heartstopper ne pouvait pas se tromper ou plonger tête la première dans le bassin des adaptations ratées. Car l’exercice de transposer  un univers littéraire ou graphique n’est jamais un pari gagnant. Sauf qu’ici, la série démontre à plusieurs reprises qu’elle peut faire encore mieux que son oeuvre originale et même la surpasser. Il faut également souligner la qualité d’écriture qui reste efficace, simple et naturelle tout en restant dans un langage et contexte très actuel.

Joe Locke et Kit Connor (Rocket Man, Little Joe & His Dark Materials) qui jouent respectivement les personnages de Charlie et de Nick, sont d’une rare justesse et montre une alchimie palpable et surprenante de réalisme. Le reste du casting complète parfaitement tout cet univers dont les rôles semblent avoir été écrit sur mesure à chacun en plus d’être la ressemblance physique frappante de leurs congénères littéraires. C’est comme si les personnages d’Heartstopper ainsi que son univers étaient tout droit sortis malicieusement du livre pour se métamorphoser et prendre vie sous la caméra bienveillante d’Euros Lyn (Dr. Who, Dream Horse) qui magnifie l’histoire d’amour naissante entre ces deux garçons et leur quotidien surmené par la pression sociale et la nécessité de ne pas déborder du cadre.

Si la série fait parfois preuves de candeur, elle aborde de façon naturelle sans forcer  des sujets graves comme le harcèlement scolaire, la transidentité, le poids des conventions et des moeurs. C’est toujours dans un souci de réalisme et de vérité qu’Heartstopper nous présente sa vision des choses. Même si parfois on aimerait que ce soit beaucoup moins édulcoré ou niais.

Renouvelé pour deux saisons supplémentaires, il va s’en dire que l’univers d’Heartstopper à de beaux jours devant lui. Et en attendant patiemment l’arrivée de la saison 2, courez à la librairie la plus proche de chez vous pour vous procurer les romans graphiques afin de découvrir ou redécouvrir une oeuvre intemporelle qui, aujourd’hui encore, est le reflet d’une génération qui continue à se battre pour avoir le droit d’aimer sous toutes ses formes. Car c’est l’amour, seulement l’amour, dont nous avons réellement besoin.

 Critique de Rémi V.

NOTRE NOTE

LES TRAQUÉS DE L’AN 2000 (1982) – Critique

LES TRAQUÉS DE L’AN 2000 (1982) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur LES TRAQUÉS DE L’AN 2000

Entre dystopie et gore à l’italienne, satire politique futuriste et chasse à l’homme haletante, LES TRAQUES DE L’AN 2000 est un véritable ovni du cinéma australien

Synopsis :

Dans un futur proche, un gouvernement totalitaire fait arrêter les citoyens considérés comme déviants ou résistants, et les interne dans de terribles camps de rééducation où se pratiquent humiliations, sévices, tortures. Le directeur de l’un des camps décide d’organiser une chasse à l’homme : les prisonniers seront relâchés dans une forêt proche et serviront de gibier…

Un tournage mouvementé :

Réalisé par Brian Trenchard Smith, que Quentin Tarentino cite comme l’un de ses réalisateurs préférés, LES TRAQUÉS DE L’AN 2000 connaît un tournage mouvementé : une faune sauvage très présente, un grave accident évité de justesse et surtout, de grosses coupes budgétaires de dernier moment, obligeant les cinéastes à changer des séquences entières. Le réalisateur décide alors d’aller très loin dans l’horreur et le gore, et fait preuve d’une grande inventivité ! Corps déchiquetés ou broyés, tortures, pièges mortels, amputations et autres réjouissances cruelles sont au programme de ce film d’exploitation truffé de rebondissements sanglants. Les paysages tropicaux du Queensland australien, spectaculaires, accentuent l’ambiance « film de survie ».

Un film au message d’actualité :

Pourtant, au-delà de sa violence totalement décomplexée, le film prend une dimension politique avec des enjeux très sérieux. Se déroulant dans un futur proche, LES TRAQUÉS DE L’AN 2000 dénonce les méfaits d’un régime totalitaire. Interprété par Michael Craig (L’Ile Mystérieuse), le directeur de camp chargé de remettre dans le droit chemin ceux qui refusent de se plier au pouvoir autoritaire se nomme… Thatcher ! Gros succès en salles en Angleterre, le film y fut d’ailleurs rebaptisé Blood Camp Thatcher pour sa sortie vidéo. De son côté, Steve Railsback (Tant qu’il y aura des hommes) avait été conquis par l’aspect politique du scénario, et s’investit à fond dans son rôle de dissident. Le film compte aussi sur la présence de Olivia HUSSEY (Jésus de Nazreth), qui expérimente pour la première fois le cinéma d’action.

 Excellent survival et classique des années 80, LES TRAQUÉS DE L’AN 2000 est proposé pour la 1ère fois en Haute Définition, dans une édition très complète : un superbe digipack collector DVD + Blu-Ray, incluant près d’1 heure de bonus, et accompagné d’un passionnant livret de 20 pages conçu par Marc Toullec.

Merci à RIMINI Éditions pour cette belle édition !

Informations du communiquée de presse

 Sébastien N.

NOTRE NOTE

SPIDER-MAN (1992) – Critique

SPIDER-MAN (1992) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur SPIDER-MAN

Avant-Propos

En ce jour de sortie de « Docteur Strange » de Sam Raimi et pour fêter les 20 ans du premier film Spider-Man de la Trilogie du même réalisateur, il semblait important de revenir sur l’impact considérable de ce film autant dans le monde du comics que dans celui du Cinéma.

Un genre à l’époque peu exploité

Cela peut sembler fou, mais en 2002 le genre super-héroïque était très peu représenté. Pourtant certaines œuvres commencèrent à prendre ce média au sérieux. Nous avions eu les Batman de Burton (et les 2 opus « étranges » Joel Schumacher) et le très bon X-Men de Singer.

Sort alors un projet assez fou à la production difficile (dont la fameuse scène d’hélicoptère entre les tours jumelles supprimées à cause de l’actualité tragique) et porté par un réalisateur de film d’horreur gore (mais drôle), Sam Raimi. Ce projet c’est l’adaptation cinématographique du plus iconique des héros Marvel : Spider-Man.

Un film qui comprend l’essence même du Héros :

Le film est un grand succès, le spectacle et les scènes d’actions sont dantesques pour l’époque, la musique de Danny Elfman est grandiose et le scénario est efficace. Le pari de Sam Raimi est gagné car il nous livre ce qui fait le cœur du comics Spider-Man (mais aussi de Marvel) : un héros qui a ses failles, qui tombe et parfois échoue mais qui se relève toujours.

En effet si l’histoire de Spider-Man est forte, c’est Peter Parker qui va directement toucher notre cœur. Il galère, n’a pas d’argent, n’est pas populaire au Lycée, est invisible pour la femme qu’il aime et est en fait l’incarnation du geek un peu rêveur que nous sommes. Et quand il obtient ses pouvoirs, il cherche d’abord son profit personnel. Ce n’est qu’après une terrible erreur, et après avoir chuté, qu’il se relèvera pour embrasser son destin de héros.

Le héros n’est pas parfait, il est même faillible mais c’est dans sa capacité à surmonter les drames qu’il démontre sa force super-héroïque et qu’il nous inspire. Du drame il devient plus fort et choisit la voie du bien. Sam Raimi et son scénariste David Koepp nous démontrent qu’ils ont parfaitement compris le personnage de Spider-Man et ses fans. Quant à Tobey Maguire, il est parfait dans son interprétation.

Un antagoniste au niveau de son héros :

Oui le costume est kitch et fait Power Ranger mais l’interprétation du Bouffon Vert par William Dafoe est exquise en sombrant peu à peu dans la folie – en s’inspirant fortement du cinéma d’horreur- et en étant au final une victime d’un système qui le brise. Et là où Peter Parker se relèvera, son antagoniste chutera dans la voie du mal.

Et, dans les opposants à notre chère araignée, nous aurons aussi J.Jonas Jameson, incarné avec brio par J.K. Simmons. Chacune de ses interventions est mémorable.

En conclusion

Spider-Man de Sam Raimi fut une claque, malgré quelques défauts, et est encore aujourd’hui une œuvre phare du genre super-héroïque. Il est un film culte car il a compris que le récit, pour être impactant, ne doit pas mettre en avant un héros parfait, mais un être terriblement humain pour nous toucher et délivrer un message fort : le héros ne nait pas grâce à ses pouvoirs mais dans sa capacité à se relever des drames de sa vie.

 Critique de Grégory C.

NOTRE NOTE

CONTES DU HASARD… (2022) – Critique

CONTES DU HASARD… (2022) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur CONTES DU HASARD ET AUTRES FANTAISIES

Après le captivant Drive My Car & le brumeux ASAKO I&II, Ryusuke Hamaguchi revient avec Contes du hasard et autres fantaisies, un film à la mise en scène minimaliste doté d’une grande intensité émotionnelle. L’histoire suit les trajectoires de trois femmes se retrouvant une à une confrontées à des choix hasardeux. Avec ce neuvième long-métrage, Hamaguchi décortique, interroge, avec cet art subtil et délicat qui caractérise son cinéma, les situations et les choix moraux qui se présentent à ces trois personnages féminins. Un film réussi, sans longueur, découpé en trois chapitres faisant la part belle à des femmes tour à tour fragiles, égoïstes, désemparées et terriblement humaines. Pour le meilleur comme pour le pire.

Le cinéma de Ryusuke Hamaguchi est un cinéma authentique, réaliste, proche d’un certain naturalisme qui fascine, allié du spectateur qui dépeint intimement et sans artifices des personnages complexes avec toute la beauté et la laideur que cela implique. Dans Contes du hasard et autres fantaisies, Hamaguchi réussi le difficile exercice de transformer ces situations anodines et banales du quotidien en des moments charnières qui basculent le cours de l’existence de ses héroïnes. C’est d’ailleurs une des réussites du film, car le cinéaste magnifie ces brèves petits aléas de la vie  avec un naturel déconcertant et d’une grande puissance émotionnelle qui résonne étrangement avec notre propre vécu.

Avec la simplicité de sa mise en scène, dont une grande partie de son influence provient du cinéma d’Eric Rohmer, le cinéaste parvient à retranscrire tout un panel d’émotions fortes sublimé par un casting féminin de choix. Les performances des actrices sont franches, honnêtes et aucune fausse note ne résonne dans leurs interprétations. La qualité d’écriture et des dialogues sont également un des atouts majeurs de ce long-métrage, reposant entièrement sur la fine plume d’Hamaguchi. Son amour des mots et du style confère à Contes du hasard et autres fantaisies des histoires fragiles et réalistes que l’on croirait tout droit sorties d’un recueil de nouvelles à l’imaginaire foisonnant, emporter entièrement par la plume délicate et intemporelle de son auteur.

Cependant, on peut facilement lui reprocher des cadres quelconques ou un manque de rythme, victime en partie de ses scènes très longues et par la surenchère des dialogues ininterrompus. Mais  c’est avant tout un film qui enchante par sa poésie, l’intelligence de sa prose mêlé à la richesse de ses interprètes qui nous conte le destin parfois tragique de ces femmes perdu entre le passé, l’amour et les regrets. Si son niveau n’atteint pas celui de son prédécesseur, Contes du hasard et autres fantaisies confirmera  une fois de plus tout le talent de son cinéaste japonais Ryusuke Hamaguchi, digne successeur des mots du cinéma et de l’empire Rohmérien. Comme on dit, le hasard fait bien les choses.

 Critique de Rémi V.

NOTRE NOTE

LE SECRET DE LA CITÉ PERDUE – Critique

LE SECRET DE LA CITÉ PERDUE – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur LE SECRET DE LA CITÉ PERDUE

Sandra Bullock, Channing Tatum, Brad Pitt, Daniel Radcliffe... Le Secret de la Cité Perdue, avec son casting alléchant, avait tout pour attirer l’attention.

Le pitch de base nous promettait même une « grande aventure ». Une romancière en tournée promotionnelle pour vendre ses œuvres à l’eau de rose, se retrouve embarquée contre son grès dans une aventure à la recherche d’un temple perdu avec un jeune millionnaire un peu fou. Son « mannequin de couverture » va alors tenter de la sauver.

Nous avons ici un film d’aventure humoristique assez classique avec des acteurs qui tentent de déconstruire leur propre mythe tel que Channing Tatum en mannequin idiot ou Brad Pitt en baroudeur caricatural. C’est finalement Daniel Radcliffe qui s’en sort le mieux en antagoniste un peu pathétique.

Sandra Bullock, sans être exceptionnelle, fait le job dans le rôle de la romancière un peu perdue devant partir dans une aventure « de terrain » en pleine jungle, chose qu’elle n’avait pas fait depuis longtemps.

Il y malheureusement peu à dire sur ce film. Il est distrayant sans être innovant, fait sourire sans vraiment faire rire et même si le moment passé à le voir n’est pas désagréable, il sera vite oublié.

Si vous voulez voir une comédie sympathique et une aventure sans prise de tête, ce film pourrait vous plaire. Par contre si vous cherchez un peu de profondeur, passez votre chemin.

 Critique de Grégory C.

NOTRE NOTE