Fiche technique :

Notre avis sur SILENCE

Sorti en 2017 au cinéma un peu dans l’anonymat suite à une promotion quasi silencieuse, le 24ème film de Martin Scorsese intitulé Silence est une adaptation du roman éponyme de Shūsaku Endō. 30 ans après la sortie de La Dernière Tentation du Christcette fois-ci encore, il aborde directement la religion en portant à l’écran un livre qu’il projetait d’adapter depuis des années.

De quoi ça parle ? 

L’histoire de deux prêtres jésuites se rendant au Japon du XVIIe siècle pour retrouver leur mentor, le père Ferreira, disparu alors qu’il tentait de répandre les enseignements du christianisme.

Un tableau de persévérance, foi et douleurs :

Une fresque de près de trois heures, aux antipodes de son long-métrage précédent, avec laquelle le réalisateur montre une fois de plus qu’il n’a plus rien à prouver.  Certains souligneront la longueur excessive du film, marqué par certaines longueurs, mais qui nous concernant, ne fait pas acte de présence ici. La durée du film est justifiée par sa thématique qui requiert un traitement et un développement en profondeur.

Entre beauté et cruauté, c’est dans un Japon où le christianisme est fortement réprimé, que le spectateur va donc se retrouver à suivre ces 2 prêtres dans cette quête périlleuse à l’environnement hostile.

Un chemin fait de doute, de douleurs à la fois physique et psychologique qui confrontera leur foi aux pires épreuves.L’occasion pour le réalisateur de réfléchir et de poser des questions sur la Foi, mais aussi sur l’être humain.

En quoi avons-nous foi ? qu’est-ce qui dicte nos vies ? Quelle est l’essence même et l’origine de notre courage intérieur ? jusqu’où sommes-nous prêts à aller ?

L’opposition et le combat intérieur entre la raison humaine et la Foi est parfaitement véhiculé à travers les différents personnages rencontrés qui sont tous humains et tous pécheurs. Certains personnages secondaires, même ceux qu’on ne fait que croiser, sont parfois aussi passionnants que les protagonistes eux-mêmes et leur mort n’en est que plus déchirante.

Si le réalisateur s’intéresse tant à ses personnages, c’est vraisemblablement par compassion et dans le but de s’identifier à un personnage doutant de sa foi. Ses personnages ne sont pas non plus présentés comme de véritable héros comme pour accentuer une certaine apologie chrétienne mais présenté avec leurs doutes et leurs questionnements. Le talent du duo d’acteurs y est aussi pour quelque chose, tant leurs prestations sont impeccables.

Une réalisation toute en maîtrise :

D’un point de vue de la mise en scène, le réalisateur contrairement au film Le Loup de Wall Street qu’il venait de sortir avant, ne cherche pas à nous emmener dans un tourbillon d’images et de sons.

Au contraire, la réalisation est très sobre et tout en maîtrise. Ralentis, plans séquences et explosions de violence ne font irruption qu’au bon moment. La maîtrise technique se retrouve également avec l’usage fait du son, ou plutôt l’absence de son. Ce silence nous plonge encore d’avantage dans ces réflexions existentielles et accentue la pertinence du titre en plus de nous rappeler que même dans le silence, Dieu est avec nous. Et le tout est sublimé une photographie, tourné en 35mm à Taïwan et en lumière naturelle.

Certes le film va une fois de plus diviser mais il ne serait pas prétentieux de qualifier  « Silence » de chef-d’œuvre.

Critique de Sébastien N.

NOTRE NOTE