Fiche technique :

Notre avis sur le film PAS DE VAGUES

Pas de vagues  est un film réalisé par Teddy Lussi-Modeste avec François Civil et est inspiré d’une histoire vraie, inspirée de la vie du réalisateur.

La première chose qui frappe dans ce film, ce sont les réactions et commentaires sous sa bande annonce l’accusant de tous les maux. Nous martèlerons toujours la même chose à la rédaction de « La minute ciné », ne critiquez pas une œuvre que vous n’avez pas vue car dans le cas de « Pas de Vagues » vous passeriez à côté d’un film puissant, particulièrement bien écrit et dont le propos est particulièrement nécessaire à notre temps. Nous n’allons pas vous mentir, avant d’écrire ces lignes, il nous a fallu peser chaque mot car le sujet est explosif mais la réaction fut facile au regard du courage de l’équipe du film d’avoir produit une telle œuvre.

Le film raconte l’histoire d’un jeune professeur idéaliste qui va être injustement accusé d’harcèlement sur une de ses élèves et qui va voir son monde s’écrouler autour de lui.

Oui le réalisateur et les scénaristes ont choisi plusieurs thèmes très durs à traiter : la remise en cause de la présomption d’innocence – l’auteur de ces lignes étant juriste, il est particulièrement attaché à cette norme socle de notre société -, le harcèlement que peuvent vivre les professeurs des écoles, la bureaucratie qui a abandonné le soutien des enseignants, l’homosexualité dans les quartiers dit sensibles mais aussi, et c’est le point peut être le plus important, quel est le but d’enseigner, de transmettre et au final le rôle de l’éducation nationale dans notre société.

Alors oui ça fait beaucoup pour un film et pourtant l’écriture est tellement bonne et juste que tout cela est traité avec brio.

Le sujet de la présomption d’innocence est évidemment le plus polémique. Le mouvement #metoo était nécessaire et encore une fois la parole des victimes doit être facilitée mais elle ne peut en aucun cas détruire la présomption d’innocence et clouer au pilori une personne sans preuve. Sur ce point le film est très juste, objectif et ne jette l’opprobre sur personne, bien au contraire il explique particulièrement bien le mécanisme de souffrance qui peut entrainer une fausse déclaration.

Comme montré dans la bande annonce, le professeur en question est homosexuel et la question de la révélation de son homosexualité est posée pour « justifier » de son innocence. Entre risque d’une telle révélation dans un quartier dit sensible mais aussi l’incohérence d’une telle révélation pour justifier de son innocence, ce thème est très bien exposé par le film et montre comment notre système éducatif et judiciaire dysfonctionne, encore une fois sans jamais porter atteinte à la libération de la parole des victimes.

Puis vient l’analyse du système éducatif, d’une hiérarchie absente et au final d’un système qui par l’utilisation de la maxime « pas de vagues » se déshumanise et oublie qu’au final même si l’éducation nationale traite d’un ensemble d’élèves, elle ne doit pas oublier de s’occuper aussi des individualités.

Le moment le plus fort sera donné dans une des dernières scènes où on constate que l’échec d’un élève est aussi l’échec de son professeur et qu’il en prend toute la souffrance.

Pas de vagues est un film courageux, magnifiquement interprété par un François Civil de très haut niveau tout comme l’ensemble du casting avec une mention particulière pour tous les jeunes acteurs. C’est au final surtout un film nécessaire à nos débats de société, parfaitement équilibré dans son propos et d’un courage rare.

Par Grégory Caumes

Copyright Kazak Productions

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :