Fiche technique :

Notre avis sur le film OPPENHEIMER

Christopher Nolan est un réalisateur autant adulé que critiqué.

Certains de ses films font quasiment l’unanimité (Inception, The Dark Knight ou Interstellar) alors que d’autres sont jugés trop pompeux et inutilement complexes (Tenet, Dunkerque) pourtant, il faut le reconnaitre, chaque film de ce réalisateur est un événement et nous fait questionner notre relation au cinéma voire même l’identité elle-même du cinéma. Oppenheimer pourrait être vu comme une anomalie dans le paysage cinématographique actuel : film au scénario particulièrement exigeant, se voulant être un blockbuster mais avec un budget de « seulement » 100 millions de dollars là où la norme est passée à 200 millions et le refus de l’utilisation du numérique par le réalisateur.

Et c’est bien à cause de ces choix que certains pourraient dire que Christopher Nolan se donne une posture mais soyons clair avec Oppenheimer, le réalisateur nous démontre sa parfaite maîtrise et connaissance du cinéma et nous donne ce que nous n’avons plus l’habitude de voir dans les salles obscures : un film avec une identité réelle et pas un simple divertissement insipide. Effectivement, ça nous change, nous heurte mais nous fait vraiment du bien.

Un film historique intimiste et pourtant grandiose

Ce film est un biopic sur celui que l’on surnomme « le père de la bombe atomique » et nous relate, notamment, la course entre les américains et le régime nazi dans l’élaboration de cette bombe pendant la seconde guerre mondiale. La facilité aurait été d’axer uniquement le film sur l’histoire de la bombe atomique, pourtant il a été ici fait le choix de décortiquer méticuleusement la vie complète de Oppenheimer. On voit son parcours universitaire, ses accointances avec le mouvement communiste américain, ses amours, évidemment son rôle crucial dans la création de la première bombe atomique mais aussi l’impact de ses choix politiques sur la suite de sa carrière. Le scénario, signé ici aussi par Christopher Nolan lui-même, prouve son intelligence en nous montrant la complexité du personnage, ses revirements, sa part d’ombre, ses doutes et nous explique parfaitement la complexité d’un cerveau hors-norme. Nous passons de scènes de dialogues simples à des plans à couper le souffle pour revenir à de la simplicité. Le tour de force est de donner une puissance équivalente à la scène de la bombe A ou à des huis clos.

Une direction d’acteur magistrale :

Que cela soit Cillian Murphy, exceptionnel en Oppenheimer, Emily Blunt, incroyable en épouse complexe et torturée, Josh hartnett, méconnaissable et incroyable convaincant ou Matt Damon, toujours juste dans son interprétation, tous les acteurs principaux sont parfaits et exposent parfaitement les enjeux dramatiques de ce biopic.

Il faut aussi mentionner la prestation parfaite de Robert Downey Jr. Cela faisait des années, depuis Good Night and Good Luck, que nous ne l’avions pas vu à un tel niveau. Il démontre à nouveau qu’il est un des plus grands acteurs de sa génération. Les rôles tertiaires ne sont pas en reste avec les apparitions très remarquées de Kenneth Branagh, Rami Malek ou Florence Pugh.

On se pose donc une question, pourquoi certains de ces acteurs n’ont plus brillé depuis un certain temps ? La réponse est simple, il leur fallait un réalisateur maîtrisant parfaitement la direction d’acteur pour les faire se transcender. Ici c’est le cas et on ne peut que se réjouir de les retrouver au meilleur de leur forme.

Le son et la bande son :

Comme pour tous les films de Christopher Nolan, le traitement du son est parfait et il est vivement conseillé de voir le film en IMAX ou ATMOS. Quant à la bande son signée Ludwig Göransson, elle est parfaite.

En conclusion :

Le sujet était complexe à traiter, et pourtant Christopher Nolan s’en sort à merveille, servi par des acteurs incroyables. Le réalisateur nous donne toutes les clefs de compréhension de l’histoire, des choix faits par les protagonistes et nous laisse nous faire notre propre opinion. Là où Hollywood tente souvent de nous imposer son point de vue, Christopher Nolan préfère nous faire confiance et nous laisser nous faire notre propre opinion. Là où Hollywood fait le pari habituel de notre docilité et de notre passivité, le réalisateur fait le pari de notre envie de nous forger notre propre opinion, il faut le saluer pour ça. La scène finale est d’ailleurs d’une puissance incroyable et pose un questionnement particulièrement d’actualité sur notre monde.

Alors oui le film est long, trois heures, oui le film est exigeant mais il clair que Oppenheimer est un divertissement sans concession, puissant et nous rappelant que le cinéma est un art avant d’être une industrie, merci à Christopher Nolan de nous le rappeler avec ce film.

Par Grégory Caumes.

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :