Fiche technique :

Notre avis sur MAMAN, J’AI RATÉ L’AVION

Noël approche. Le sapin à décorer, la lettre au Père Noël à composer, les premier flocons de neiges qui nous tombent sur le nez et puis les illuminations qui font briller la ville et ses façades, ternis par l’obscur hiver, réveillant en nous un doux parfum de nostalgie et de mélancolie. Oui, une ambiance de fête de fin d’année, propice à se blottir au chaud sous un plaid avec une bonne tasse de chocolat chaud  et quelques sucres d’orges en compagnie d’un bon film de Noël. Et quoi de mieux en cette période que de choisir celui qui aura bercé toute notre enfance. A une époque, pas si lointaine d’ailleurs, TF1 et M6 savaient biberonner ses jeunes – et grands – téléspectateurs de films américains où le thème de Noël faisait le plus grand plaisir des bambins comme celui des parents, désireux de retrouver leur âme d’enfant. Si vous êtes un kid des années 90, et même ceux de quelques générations après, il ne vous est pas possible d’avoir raté le cultissime Maman j’ai raté l’avion !

Signé Chris Colombus (Nuit de folie, Mme Doubtfire et Harry Potter I & II) à la  réalisation, écrit et produit avec brio par John Hugues (Les 101 Dalmatiens, Denis la malice & Breakfast Club) avec en tête d’affiche le jeune et charismatique Macauley Culkin (âgé de seulement 9 ans) dans son premier grand rôle, Maman j’ai raté l’avion ! était et est un succès inestimable auprès du public, comme la plupart des critiques, récoltant des recettes colossales par rapport à son petit budget initial prévu pour le réaliser. Depuis sa première sortie en salle, trente et un an se sont écoulés. Après moult traversés, allant d’une génération à une autre, de notre petit écran de télévision aux plateformes géantes de streaming, en passant par la mode du remake, que reste t-il finalement de cette oeuvre considérée par beaucoup comme cultissime ? Cela va bien au-delà du succès planétaire et des millions qu’il a engendré, de sa réalisation impeccable, de son scénario très aboutis et malin  ainsi que de son casting imparable. S’il détient encore aujourd’hui son précieux statut de film culte, c’est bien parce qu’il a réussi à conserver sa grande capacité à nous faire rêver, petits comme grands, en nous invitant volontiers dans cette aventure à la fois loufoque, drôle et récréative où notre jeune héros, Kevin McCallister, vit ce que nous avons tous fantasmé au moins une fois et qui réside dans l’esprit commun de chaque enfant que nous avons été un jour : celle de se retrouver seul chez soi, oublié, sans parents, avec l’infini possibilité de briser toutes les règles que ces derniers nous ont imposés !

C’est dans un joli désordre chaotique où les enfants et les adultes sont les rois de cet effroyable boucan, entre des valises à boucler et des disputes interminables à gérer, que nous faisons la connaissance de la grande famille McCallister. Cette dernière finalise les derniers préparatifs pour s’envoler le lendemain matin dans le premier avion à destination de Paris, afin d’y passer les fêtes de Noël. Au milieu de tout ce raffut, le jeune Kevin McCallister fait son apparition. Etonnamment calme réclamant la permission de voir un film qui n’est pas de son âge. Puis soudain l’angoisse. Il doit préparer sa valise. Tour à tour, il demande de l’aide à ses frères et soeurs, ses cousins et cousines, sans que ces derniers ne l’aident et tendent plus à le malmener en lui rappelant qu’il n’est qu’un idiot, un incapable. Un incident de pizza au fromage vient alors éclater la réputation d’ « andouille » du petit Kevin qui voit alors rouge et défie sa mère (interpréter par la grande Catherine O’Hara) de les faire disparaître afin de ne plus jamais les revoir de sa vie. Lorsque le lendemain, le jeune garçon se réveille dans la demeure familiale sans que personne ne réponde présent, vient d’abord la surprise, puis la stupéfaction et sans tarder l’espièglerie de Kevin, ravi d’avoir pu faire disparaître sa famille. La grande aventure peut commencer et les interdits peuvent enfin être transgressés. Mais c’est sans compter sur l’arrivée inopinée de deux cambrioleurs maladroits (incarnés respectivement par l’excellent Joe Pesci et Daniel Stern) avides de dérober de nouveaux trésors et qui s’intéressent de très près à la maison de notre jeune héros, seul et sans défense.

Grace à sa réalisation enchanteresse, Chris Colombus conçoit d’une remarquable inventivité, tant dans la mise en scène que dans sa façon de filmer et de cadrer ses plans, tous les enjeux et les espaces nécessaires que la grande maison familial des McCallister offre au jeune Kevin, impatient d’enfreindre les fameuses règles de l’âge qui sont interdites. Elle ne devient plus simplement une magnifique maison décorée à l’ambiance estivale de Noël, mais un gigantesque terrain de jeux, une immense court de récréation où tout est possible : sauter sur le lit parental, manger n’importe quoi, regarder des films habituellement défendus, tout est permis pour le plus grand bonheur des spectateurs qui ne peuvent s’empêcher de sourire malicieusement, rêvant secrètement de faire les mêmes activités clandestines. Le film jouit de l’empreinte du réalisateur  qui possède la magnifique particularité de donner à ses longs-métrages un soupçon de magie, une étincelle de féérie offrant une dimension presque fantastique et embarquant littéralement le spectateur dans un récit qui ne cesse d’émerveiller, de faire rêver et de nous faire rire. Il faut dire que la réalisation épouse parfaitement bien l’écriture et l’univers  à la fois enfantin et adulte de John Hugues, qui réussis haut à la main à nous livrer un scénario qualitatif et extrêmement bien mené, où chaque action est toujours justifiée de façon cohérente et parfois subtile ; de l’oublie de Kevin  par sa famille à la mise en demeure des cambrioleurs. On aime que le personnage de Kevin ne soit pas infantilisé ou stupide, mais bien au contraire intelligent, malin et suffisamment débrouillard pour aller faire ses courses tout seul au supermarché. Et rappelons aussi la scène culte de la lotion d’après rasage, parfaitement improvisée par ce jeune prodige du cinéma.

Une jolie morale vient alors parfaitement s’inscrire dans l’ambiance générale du film, celle de l’importance de la famille et de l’avoir toujours auprès de soi. Maman j’ai raté l’avion !  représente, à tous les âges et de manière intemporelle et universelle, notre situation familiale quelle qu’elle soit. Et quoi de mieux que les fêtes de Noël pour nous rappeler subtilement qu’il est essentiel de préserver ces précieux liens familiaux. Tout ça sous la musique de John Williams qui complète magnifiquement bien l’univers riche et sonore du film.

Cependant, des questions demeurent importantes aujourd’hui face à la sortie de Maman j’ai raté l’avion ! (Ça recommence) sur Disney+ (Remake bas de gamme et sans fond du premier opus)  et qui ouvre un débat plus large : sommes-nous à une époque cruciale où le cinéma à du mal à se réinventer et à faire rêver ? Doit-on nécessairement faire du neuf avec du vieux ? Pourquoi toujours vouloir surpasser le film original quand celui-ci avait bien marché à l’époque ? La question de l’argent est ici bien évidement de mise, comme les valeurs morales et du politiquement correct de notre société qui poussent les productions comme Disney (et tant d’autres) à vouloir corriger les erreurs du passé comme si de rien n’était. Mais justement, je pense qu’il est de notre devoir de ne pas sanctionner, de raturer ou de surpasser bon nombres d’oeuvres cinématographiques, qu’elles soient bonnes, mauvaises ou tout simplement plus en accord avec notre monde actuel. Il est crucial de les préserver afin de les montrer aux générations futures et ceci pour une simple et bonne raison : Ne pas oublier que le cinéma c’est aussi l’histoire de notre monde, miroir de notre société et de son évolution.

 Critique de Rémi V.

NOTRE NOTE