Fiche technique :

Notre avis sur le film LA PETITE SIRENE

Nouvelle adaptation live-action de chez Disney, La Petite Sirène émerge enfin des profondeurs de l’océan et nous replonge dans les salles obscures de cinéma afin de nous offrir une version plus moderne, voir contemporaine, du célèbre conte d’Andersen. Signée Rob Marshall à la réalisation, virtuose de la comédie musicale, cette énième adaptation du catalogue Disney aura suscité bon nombre de controverse et de préjugés (in)fondés avant même sa sortie. Mais quand est-il du résultat final, et ce, en toute objectivité ?

Avec La Petite Sirène, le défi était de taille : tourner dans l’eau, l’océan et ses abyssales profondeurs parfois ténébreuses. Difficile donc de concevoir tout un environnement aussi riche et complexe, mais surtout de faire vivre en ce lieu mystique des personnages et des êtres vivants plus vrai que nature. Si le film était sorti quelques années auparavant, dix ou quinze ans tout au plus, il aurait probablement suscité plus d’attention et de fascination de la part des spectateurs. Hélas, le film sort quelques mois après Avatar 2 : la voie de l’eau et ce dernier confère à La Petite Sirène un train de retard de dix ans, cela dû en grande partie à une CGI mal maîtrisé. Si cela se répercute sur l’environnement global, il se répercute également dans le déplacement parfois peu naturel des personnages ou la modélisation de ces derniers, notamment des compagnons emblématiques d’Ariel : Sébastien ou Polochon. Il est regrettable de voir que les bonnes intentions du film, qui est de redonner un peu de magie à une étoile qui se fane, soient entachées par l’utilisation abusive des images de synthèses. Comme on dit : trop de CGI, tue la CGI.

Cependant, c’est surtout du côté du scénario, et notamment de l’écriture de son récit et de ses personnages, que le film réussit à sortir du lot. Ici, la ravissante Ariel (interprété par Halle Bailey) est moins naïve, candide et cruche que dans l’original. L’audace dont elle fait preuve, sa détermination ainsi que sa fascination pour le monde des humains est ici plus travaillé. Tout comme le personnage d’Eric (le charmant Jonah Hauer-King) qui est lui aussi beaucoup plus développé, plus doux et moins banal que dans la version animée dont la trajectoire rejoint finalement celle d’Ariel. Le duo d’acteurs fonctionne d’ailleurs très bien à l’écran et offre une belle alchimie. Leur histoire d’amour, bien que rapide, devient d’autant plus concrète, car ces deux personnages se ressemblent : leur soif de liberté, de découverte, leur désir profond de s’affranchir l’un et l’autre des attentes de leurs familles respectives en fait des âmes-sœurs en parfaite symbiose.

Melissa McCarthy, l’actrice qui interprète la maléfique et tentaculaire Ursula, insuffle à son personnage le beau rôle du diable, rendant hommage à l’une des plus iconique méchante de Disney faisant grandement de l’ombre à un Javier Bardem éteint, presque effacé dans le rôle du roi Triton qui malheureusement ne convainc pas.

Les quelques scènes musicales et burlesques que nous offre le film et dont Rob Marshall à le secret sont malgré tout réussis et bien chorégraphiées, si on ne s’attarde pas longtemps sur la laideur de certains effets spéciaux. La voix puissante d’Halle Bailey accompagne magnifiquement bien les chansons d’origines avec intensités et émotions. On notera la présence  d’Awkwafina dans le rôle d’Eurêka qui est véritablement la petite touche humoristique.

C’est sans se départir des racines du dessin animé culte que La Petite Sirène se réinvente. L’effet « woke » étant délibérément présent et utilisé de manière parfois ridicule, cette nouvelle version propose un ton résolument plus mature et adulte, en y insufflant une bonne dose de modernité sans renier l’ancienneté de son œuvre phare. Si Disney tente de rallumer la petite étincelle de magie avec cette énième adaptation, il reste néanmoins encore beaucoup de travail. La Petite Sirène n’est pas un mauvais film en soi, il souffre simplement d’un monde en pleine mutation, en plein changement, mais surtout d’effets spéciaux daté qui ne font plus rêver. Il est encore loin le temps où l’on entendait la douce mélodie du chant des sirènes au large de notre imaginaire.

Par Rémi Vallier.

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :