RESIDENT EVIL RACCOON CITY – Critique

RESIDENT EVIL RACCOON CITY – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur RESIDENT EVIL : BIENVENUE À RACCOON CITY

Avant-Propos :

L’auteur de ces lignes est un ancien fan de la franchise Resident Evil depuis le premier sur PlayStation 1, en passant par les films en  image de synthèse, jusqu’au Resident Evil 6. Et son petit cœur saigne à chaque mauvaise adaptation de sa saga horrifique préférée . Autant dire qu’avec les anciens films de Paul WS Anderson, il a beaucoup saigné…

Resident Evil Bienvenue (ou pas) à Racoon City

Et voilà, nous y sommes, le reboot de la saga cinématographique est lancé avec un film nous comptant les histoires de Chris, Claire, Leon et Jill face à une horde de zombie dans une ville où le départ de l’usine pharmaceutique Umbrella n’a laissé que chômage , désespoir et flics désabusés.

Comme les fans de la franchise ont pu le constater, nous sommes ici dans une fusion du scénario des jeux Resident Evil 1 et 2.

D’un côté nous avons Claire Redfield qui veut retrouver son frère, le policier Chris Redfield, pour l’informer des dangers environnementaux qu’occasionne Umbrella. Elle sera vite confrontée, avec le jeune policier Leon, à une ville sombrant peu à peu dans le chaos. De l’autre coté nous avons Chris, Jill, Wesker et d’autres personnages oubliables qui vont enquêter sur un cadavre retrouvé prêt du manoir Spencer appartenant à Umbrella.

S’ajoute à cela une histoire d’orphelinat bien glauque et un lien entre un des scientifiques d’Umbrella, William Birkin et les Redfield quand ils étaient enfant.

Un scénario trop « rushé » qui donne des personnages vides (ou massacrés)

Fusionner les scénarios de Resident Evil 1 et 2 était une erreur. Tout va trop vite, on passe rapidement sur les détails de l’histoire et on zappe le complot d’Umbrella contre les S.T.A.R.S. On ne fait d’ailleurs même pas mention de cette unité spéciale. Et à vouloir suivre deux équipes, le scénario rame énormément pour les réunir et doit au final utiliser des moyens peu crédible pour s’en sortir. Bref, c’est laborieux et raté.

Au niveau des personnages, le réalisateur et scénariste Johannes Roberts a fait des choix assez étranges. Si le personnage de Claire est assez intéressant en lanceuse d’alerte, Chris se retrouve résumé à un gros bras sans trop de charisme. Jill est devenue une tireuse d’élite lourdingue et mal interprétée alors que l’actrice est habituellement bien plus douée. Wesker est un gros bourrin peu charismatique qui doute car il aime ses copains, idem l’acteur est plutôt bon dans ses autres rôles donc le problème doit plutôt venir de la direction qui lui a été donnée. Et Leon est une catastrophe, en avoir fait un élément comique et le boulet de l’équipe est juste idiot tant le personnage est aimé des fans. Le rush du scénario fait aussi que certains liens entre les personnages sont limités, notamment avec Sherry Birkin, ou absents : Leon et Ada. La force des premiers Resident Evil (surtout du 2) se trouvait dans les l’évolution des héros grâce à leurs rencontres respectives, cet élément est pourtant complétement absent du film.

Une réalisation intéressante mais qui se perd dans ses références des années 90 :

Visuellement le film fait son petit effet dans une ville de Raccon City déprimante, avec ses zombies plus « réaliste » et une ambiance de fin du monde. SI l’abus de « jump scare » peut énerver et si le film ne m’a fait sursauter que de très rare fois, ma femme, elle, a passé la moitié du film en stress (et j’ai dormi sur le canapé en punition de ce choix de film).

Par contre les références aux années 90 dans lesquelles se déroulent le film sont trop forcées, que ce soit le choix de certaines musiques qui font ressembler le film à une parodie à la Shaun of the Dead, ou des situations vraiment idiotes : quel policier jouerait à Snake sur son téléphone alors qu’il est sur une scène d’un crime atroce, de nuit, sous la pluie et que ses camarades ont disparu… Le réalisateur a voulu faire du Stranger Things mais n’en a pas le talent. Dommage car certaines idées étaient intéressantes.

L’autre point dommageable est aussi le manque de variété du bestiaire. La franchise Resident Evil est connue pour ses monstres en tout genre et malheureusement dans ce film nous n’avons pas grand-chose à nous mettre sous la dent et clairement les effets spéciaux piquent un peu lorsque certaines créatures arrivent.

Au final décevant mais… étrangement plaisant.

Ce film arrive 20 ans trop tard, la comparaison avec les productions actuelles fait mal (Dernier train pour Busan, The Walking Dead….). Mais s’il était sorti à la place des films de Paul WS Anderson, il aurait pu avoir un petit succès d’estime et même faire une saga acceptable.

Quand je suis sorti de la salle, et sachant que ma femme allait me détester pour ce choix de film, je ressentais ce petit parfum nostalgique du film un peu moyen mais sympa qu’on allait louer dans les rayonnages les moins exposés du vidéo-club.

Au final, cet opus est supérieur aux anciennes versions cinématographiques de la saga et on y passe un moment agréable (sauf si on est fan du personnage de Léon dans les jeux) tout en sachant que les jeux restent largement supérieur en terme de narration et d’écriture des personnages.

Un film passable. 

 Critique de Grégory C.

NOTRE NOTE

QUEIMADA (1969) – Critique

QUEIMADA (1969) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur QUEIMADA

Avant-Propos :

Cette critique a été faite sur la version de 132 minutes, plus conforme à la vision du réalisateur, et en version italienne, langue originale du film.

Le film d’un cinéaste et d’un acteur principal engagés

Gillo Pontecorvo est un brillant cinéaste italien néo-réaliste dont le cinéma est extrêmement politisé. Marqué par le marxisme, dont il en dénoncera les excès, et l’anticapitalisme, le cinéma de Gillo Pontecorvo est évidemment très politique voire même partisan, comme le démontre son film le plus connu : « La bataille d’Alger ». Il était alors logique qu’il tourne avec Marlon Brando, un acteur de légende lui aussi très marqué politiquement et qui plus tard refusera son oscar pour son interprétation dans le film « Le parrain » pour dénoncer le traitement des natifs américains dans les films.

Au final, les affrontements entre le réalisateur et l’acteur sur le tournage (notamment sur le salaire des acteurs noirs moins payés que les blancs – ce que Brando dénoncera), les conditions climatiques compliquées et le fait d’avoir engagé une grande majorité d’acteurs non professionnels aboutiront certes à un échec commercial mais à une œuvre forte, peut-être même plus aboutie que « La bataille d’Alger ».

Un scénario fort servi par un Marlon Brando d’exception :

Le scénario traite, avec une grande précision, de l’esclavage aux Antilles et le jeu entre les puissances coloniales et les grandes compagnies.

Queimada est une ile colonisée par les Portugais. Ces derniers exploitent des esclaves pour récolter la canne à sucre. Un agent secret britannique (Marlon Brando) va tenter de déstabiliser le pouvoir en place en créant de toute pièce un révolutionnaire, en sélectionnant un simple vendeur d’eau, Jose Dolores. Tout cela dans le seul but d’imposer l’influence britannique et les grandes compagnies qui veulent exploiter la main d’œuvre et le sucre de l’Ile. Il sera aidé dans son œuvre par Teddy Sanchez, métis et chef des riches créoles.

Ce qui marque directement dans ce scénario, dénonçant la colonisation, est qu’il va beaucoup plus loin que les autres œuvres du genre et est surtout bien mieux écrit que les productions actuelles parlant de ce sujet.

Qu’ils soient esclaves ou ouvriers, les opprimés du film sont surtout privés du savoir leur permettant de gérer leur île, leur avenir. Les idéaux, les nations ou la vie des hommes ne sont que peu de chose face au commerce et à l’économie, et ceux qui n’en maitrisent pas les codes ne peuvent survivre.

Toute la finesse d’écriture du scénario – et la très grande qualité des dialogues – tient dans cette opposition entre la machine économique mondialisée et l’autodétermination des peuples. Ce postulat est magnifiquement illustré dans les interactions entre Marlon Brando et Evaristo Márquez (Jose Dolores), entre l’un s’oubliant cyniquement dans la machine économique des grandes compagnies et l’autre incarnant une liberté sans concession.

La force des grands scénarios – et des grands films- c’est d’être intemporel, et ici les scénaristes Franco Solinas et Giorgio Arlorio rendent une copie parfaite.

Une réalisation sublimée par la musique d’Ennio Morricone

Le cinéma néo-réaliste italien donne au film ce sentiment de quasi documentaire en filmant une grande fresque tout en restant dans le quotidien des habitants de l’Ile. Les plans sur les visages des acteurs (quasiment tous amateurs) nous plonge avec justesse dans le contexte terrible de cette histoire.

Il est d’ailleurs fort de voir Brando s’acclimater parfaitement avec ce style qui au final sublime son art.

Mais au final, c’est la musique d’Ennio Morricone, et son thème principal Abolição, qui nous plonge totalement dans cette histoire et cela dès le générique d’ouverture.

Le maitre Morricone nous a quitté en 2020 et il restera un des plus grands compositeurs que nous ayons eus, peut-être même le plus grand, la musique de ce film en est la preuve.

En conclusion

Il y aurait tellement de chose à dire sur cette œuvre et sur son intrigue mais ce serait vous gâcher un scénario brillant et impactant. Je conclurais donc en disant qu’autant au niveau historique que pour sa culture cinématographique, Queimada est une œuvre majeure du cinéma neo-réaliste italien mais aussi du cinéma en général et qu’il serait vraiment dommage de se priver de cette œuvre maintenant disponible dans sa « vraie » version de 132 minutes et en Italien. Ce film de 1969 de Gillo Pontecorvo est bien plus moderne dans ses propos que la plupart des films sortant de nos jours sur le même thème, c’est aussi pour cela qu’il est si essentiel.

Une œuvre marquante du néo-réalisme italien. 

 Critique de Grégory C.

NOTRE NOTE

DEMON SLAYER Saison 1 (2019) – Critique

DEMON SLAYER Saison 1 (2019) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur DEMON SLAYER– Saison 1

Avant-Propos :

A l’occasion de la sortie sur Netflix de la saison 1 de Demon Slayer, animé japonais adaptation du manga éponyme, et de la saison 2 sur Wakanim, il me semblait intéressant de faire – un peu plus – connaitre cet animé japonais d’exception à ceux qui seraient passés à côté. Cette critique est garantie sans spoiler.

Tous les ingrédients d’un Shonen classique qui sent pourtant bon le renouveau

L’histoire de Demon Slayer a tous les ingrédients du Shonen classique, c’est-à-dire un récit japonais pour jeune garçon, notamment sur les enjeux de l’histoire principale.

Le récit prend place au Japon lors de L’ère Taishō (période de transition assez courte passant d’un pouvoir oligarchique à un pouvoir plus démocratique). Notre héros s’appelle Kamado Tanjirō, il est le fils ainé d’une famille nombreuse dont le père est décédé et subvient aux besoins de ses proches en vendant du charbon au village le plus proche. Contrairement à beaucoup de héros de Shonen, il aime sa vie et n’en changerait pour rien au monde. Malheureusement pour lui, il va être confronté à un monde caché, celui des démons qui dévorent des humains la nuit. Ces créatures surnaturelles et puissantes ne peuvent être vaincu que de deux façons : la lumière du soleil ou la décapitation grâce à des katana spéciaux. Une faction secrète, les pourfendeurs, chasse ces créatures démoniaques au péril de leur vie.

Un événement particulièrement tragique va projeter le paisible Tanjiro dans ce monde sombre et sans pitié. Une question se pose alors très vite, gardera-t-il la lumière intérieure qui le caractérise si bien ?

Un shonen tragique et pourtant porteur d’espoir

Même si le récit semble classique plusieurs ingrédients le différencient des autres Shonen, notamment son héros. Contrairement à Naruto ou Luffy de One Piece, Tanjiro est heureux en tant que bûcheron s’occupant de sa famille, il ne désire rien de plus que la paix et le calme. C’est aussi un héros « lumineux » et foncièrement bon sans pour autant être naïf. C’est la tragédie qui le fait entrer dans le monde du Shonen et cette nouveauté entraine, comme le souligne le youtubeur le Chef Otaku, un récit mélancolique allant parfois dans le domaine de la pure tragédie.

En effet, tout est tragique dans Démon Slayer. Les démons ont souvent un passé dur et triste et leurs actes n’en sont que plus horribles. On les hait et on les plaint à la fois.

Les pourfendeurs Zenitsu et Innosuke, même s’ils ont tendance à être à l’origine des gags de la série, ont chacun une histoire sombre et touchante ce qui les rend particulièrement attachants. Les piliers (les pourfendeurs les plus forts) sont tout aussi intéressants, débordants de charisme (surtout Rengoku) et ont tous un impact fort dans l’histoire. Quant à Nezuko, elle incarne parfaitement la lutte entre la part sombre et la part lumineuse qui est en chacun de nous (que j’aime ce personnage !!!).

Vous l’aurez compris, le scénario est classique et prenant mais c’est surtout la qualité d’écriture des personnages qui rend le récit si particulier. Même avec un récit aussi sombre, les pourfendeurs portent l’espoir de l’humanité et apportent la lumière de l’espoir même dans les ténèbres les plus profondes. Vous allez pleurer de tristesse mais aussi, et surtout, vous allez verser des larmes face à la beauté de certains sacrifices. Les moments d’héroïsmes désespérés m’auront autant fait vibrer que les plus grandes scènes de Dragon Ball Z (l’histoire de Trunk, le bandeau taché du sang des compagnons de Bardock, la transformation de Gohan en SSJ2…). Oui, cela faisait des années qu’un animé ne m’avait pas autant touché… et que c’est bon de revivre ça.

En conclusion :

Le récit de Koyoharu Gotōge (le mangaka) , les personnages, la réalisation parfaite d’Haruo Sotozaki et l’animation incroyable d’Ufotable font de ce récit sombre, mélancolique, tragique mais profondément humaniste, une œuvre déjà culte (surtout après l’épisode 19 et encore plus avec le Climax du film le train de l’infini). N’hésitez donc pas une seconde à vivre cette aventure profondément touchante.

Un sublime récit mélancolique !

 Critique de Grégory C.

NOTRE NOTE

CODE QUANTUM (S3 E10) – Critique

CODE QUANTUM (S3 E10) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur CODE QUANTUM

Episode 10 de la saison 3 : Un miracle à New York

Avant-Propos :

Quelle est la recette d’un bon épisode de Noel pour une série TV ? En premier lieu, que Noël ne soit pas un prétexte, pas juste un décor pour une intrigue qui aurait pu se dérouler à tout autre moment de l’année. Ensuite, l’intrigue doit tenir dans ce seul épisode, toucher les personnages et montrer ce qu’il y a de mieux en eux. Et au final, ce doit être un véritable conte de Noël qui doit finir bien : la fameuse magie de Noël. Et si beaucoup de séries ont proposé des épisodes de Noël anecdotiques, une s’en sort merveilleusement bien et donne, à mon humble avis, le meilleur épisode de Noël du petit écran.

Code Quantum : Un miracle à Noël 

Des enjeux parfaitement adaptés aux contes de Noël

Petit résumé de Code Quantum : Sam est un scientifique qui voyage dans le temps en se « transmutant » dans des gens du quotidien pour réparer les erreurs du passé. Al, son ami, peut le suivre dans le temps sous forme d’hologramme pour l’aider dans sa mission, hologramme que seul Sam peut voir.

Dans cet épisode, Sam arrive dans la peau de Réginald Pierson, l’homme à tout faire de Monsieur Blake, un puissant homme d’affaire qui n’a que son entreprise et son cynisme pour lui tenir compagnie en cette veille de Noël.

Monsieur Blake a perdu foi en l’humanité et ne cherche qu’à étendre son empire financier même si pour cela, il doit détruire un local de l’Armée du Salut.

Pourtant trois points vont venir changer le destin de Monsieur Blake : son passé va le rattraper, la gérante de l’antenne locale de l’Armée du Salut ne va pas le laisser indifférent et, chose très rare dans Code Quantum, Monsieur Blake va voir Al car il possède des neurones qui sont sur une fréquence proche de celle de Sam.

Une réinvention du conte « A Christmas Carol » de Charles Dickens

La force de cet épisode c’est de prendre l’un des plus grands contes de Noël et de le réinventer. Sam va replonger Monsieur Blake dans son passé et le faire affronter son présent en le ramenant dans les quartiers de son enfance. Et c’est Al qui va utiliser ses artifices d’hologramme pour incarner le fantôme des Noel à venir et montrer à Blake son avenir sombre et sa déchéance dans la solitude. Tout cela va l’amener à comprendre qu’un simple choix peut tout changer.

Tous les codes de la série au service de Noël :

Que cela soit les reprises des chants de Noël, la série a toujours eut un lien fort avec la musique, la recherche du sens de sa mission par Sam, qui est au final de sauver l’âme de Blake ou l’apparition du surnaturel et du divin avec un échange touchant entre Sam et Al… Oui nous sommes dans un pur épisode de Code Quantum.

En conclusion :

Cet épisode, qui donne une grande place à notre regretté Dean Stockwell, est parfait. De la réalisation, aux chansons, en passant par le jeux des acteurs et l’hommage aux contes de Charles Dickens, rien n’est à jeter et me tire toujours une petite larme à la fin.

Mais surtout, en plus de respecter tous les codes pour réussir un épisode de Noël, il nous délivre un message fort sur cette fête, sur son sens le plus profond : la solidarité.

Sam et Al nous montrent qu’en aidant les autres, c’est au final nous même que nous aidons…que nous sauvons.

Alors voilà, je vous conseille vraiment cet épisode et je vous souhaite à toutes et à tous un très joyeux Noël !

Le meilleur épisode de Noël !

 Critique de Grégory C.

NOTRE NOTE

LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI – Critique

LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur LE CABINET DU DOCTEUR CALIGARI

Avant-propos :

Cette critique est garantie sans spoilers, l’intrigue de ce film étant particulièrement intéressante, même au regard des standards actuels, il serait dommage de la gâcher.

Une œuvre majeure du cinéma

S’attaquer à la critique du film « Le cabinet du docteur Caligari » n’est pas chose aisée en 2021. Ce monument du cinéma expressionniste allemande, datant de 1920, est un film muet en noir et blanc. Pourtant ce film est-il juste une œuvre intéressante d’un point de vue de l’histoire du cinéma ou est-il encore un grand film agréable à regarder de nos jours ? Aucun suspens à avoir de ce côté-là, la réponse est les deux et j’avoue avoir été complétement absorbé par cette histoire et par la qualité visuelle de l’œuvre.

L’histoire :

Nous sommes ici dans un mélange de film d’épouvante et d’enquête. Vers 1830, une fête foraine s’installe à proximité d’un petit village allemand. Une attraction se démarque vite : « le cabinet du docteur Caligari ». En effet, ce « docteur » exhibe César, un homme qui dort en continu et qui est frappé de somnambulisme. César a aussi une autre particularité, il peut répondre à toutes les questions avec une exactitude surnaturelle et même prédire l’avenir. En parallèle de cela le désagréable secrétaire de mairie qui veille aux autorisations de la fête foraine est assassiné. Ceci n’est que le premier d’une série d’événements tragiques qui vont frapper cette petite communauté. Je n’en dirais pas plus, le scénario est en six actes qui vous tiendront en haleine du début à la fin.

Point à noter : beaucoup de texte ce qui facilite grandement la narration, donc un plus pour ceux qui aurait peur de se lancer dans un film muet.

Les scénaristes Carl Mayer (dont c’était le premier scénario !!) et Hans Janowitz font ici des merveilles et seront très souvent copiés mais rarement égalés.

Une mise en scène fascinante :

Ce film est souvent considéré comme une œuvre majeure du cinéma Allemand expressionniste des années 20 et il en est clairement le meilleur porte étendard. Même si on cite souvent Nosferatu et Metropolis (pas toujours à juste titre) car ce sont les plus connus, « Le Cabinet du docteur Caligari » en est la meilleure incarnation car il a le mouvement expressionniste viscéralement inscrit dans chacun de ses plans.

Le réalisateur Robert Wiene a souhaité que le spectateur ait l’impression que les acteurs se déplaçaient dans des tableaux étranges, envoutant, biscornus et c’est une réussite. De plus, ce film contient un grand nombre de lieu et chacun a une identité folle, les peintures de fond sont toutes envoutantes et tordues mais semblent réelles dans une sorte de folie qui s’empare de la ville lors des différents événements entourant la fête foraine. Une réussite graphique qui sert et sublime le scénario.

Oui, je l’avoue, j’ai été happé dans cet univers angoissant, chose que je pensais impossible pour un film de plus de 100 ans (même si dans un autre style Métropolis me fait toujours cet effet). Le talent des acteurs y est aussi pour quelque chose évidemment, surtout dans le dernier acte du film.

Conclusion :

Ce film n’est pas qu’un monument du cinéma expressionniste Allemand, il est un monument du cinéma tout style confondu et reste un des meilleurs films d’épouvante encore aujourd’hui. Son propos qui dénonce l’autorité irrationnelle et brutale reste intemporel et nécessaire, son style visuel est encore aujourd’hui marquant et son scénario captivant. Evidemment, un film muet et en noir et blanc ne touchera pas tout le monde (et moi le premier j’étais dubitatif) et pourtant quelle aventure cinématographique. Si vous aimez les films d’épouvante, les films d’horreur ou le cinéma en général, ne vous privez pas de cette œuvre fondatrice intemporelle.

 Critique de Grégory C.

NOTRE NOTE

JULIE EN 12 CHAPITRES (2021) – Critique

JULIE EN 12 CHAPITRES (2021) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur JULIE (EN 12 CHAPITRES)

Julie ou les tourments d’une jeune femme de son époque

Dès les premières minutes de son film, baptisé sobrement Prologue, Joachim Trier dresse le portrait d’une jeune adulte moderne qui peine à savoir ce qu’elle veut vraiment faire de sa vie. A la manière d’une girouette, sans jamais s’arrêter, Julie remet sans cesse en cause ses désirs, ses envies, ses projets avec cette sensation étrange d’en attendre toujours plus sans qu’il ne se passe rien. Que ce soit dans ses études, son métier ou plus particulièrement ses relations amoureuses, Julie est incapable d’aller au bout des choses, se lasse vite et préfère renouveler volontairement ces sensations euphorisantes des premières fois, celle où tout est beau, tout est rose, tout est nouveau. C’est alors qu’elle rencontre Aksel, de quinze ans son ainé, auteur reconnu de bande dessiné. Avec lui, Julie trouve une certaine stabilité qu’elle ne connaissait pas et semble s’épanouir pleinement dans cette relation plus adulte. Mais viens inévitablement les questions que chaque couple se pose au bout d’un certain temps de relation : les enfants, les projets d’avenir commun. Pour Julie, ces questions-là ne sont que de l’incertitude en plus à rajouter dans sa vie, elle qui est un esprit libéré, avide de liberté. Lors de la soirée de lancement de la nouvelle BD d’Aksel, Julie s’éclipse discrètement, mélancolique, erre dans la rue et finit par s’incruster dans une soirée célébrant un mariage où elle fera la rencontre du beau Eivind dont l’alchimie est immédiate, résonnant comme un appel au secours. Cette nouvelle rencontre redonne une fois de plus à Julie le prétexte de tout détruire pour tout reconstruire, ailleurs et toujours dans l’attente constante de quelque chose qui n’arrivera pas.

Une réalisation aérienne, une structure scénaristique et une mise en scène soignée,

Joachim Trier signe ici une réalisation légère, surfant presque sur la comédie romantique à certain moment mais qui n’oublie pas, pour notre plus grand plaisir, de nous régaler de quelques scènes mémorables, magnifiquement mises en scène. A la manière d’une héroïne de BD qui court pour remonter le temps, le réalisateur sublime cet instant de grâce entre deux amants qui se retrouvent pour échanger, à l’ombre du temps suspendu, leur premier baiser. Une jolie façon de romantiser ce dernier pour donner l’illusion d’un moment parfait et romanesque digne d’un grand roman d’amour.

Structuré comme un livre, en différents chapitres comprenant un prologue et un épilogue, Julie (en 12 chapitres) suit de de façon linéaire le parcours de cette jeune-femme en quête de liberté qui va apprendre à ses dépends à devenir adulte et à s’affirmer dans ses choix. Si certains chapitres sont plus court que d’autres, assez inégaux par moment, il permet au téléspectateur de souffler et de découvrir l’évolution de Julie sans baisser le rythme de la narration.

On saluera la prestation très juste et remarquer de Renate Reinsve dans le rôle de Julie, dont la palme d’or d’interprétation féminine était largement méritée. Avec son sourire  gracieux mais faussement naïf, l’actrice tire de son personnage, à la fois égoïste et instable, quelque chose de doux et de charmeur qui la rend attachante malgré ses agissements ou sa façon d’être qui peut être parfois irritante ou incompréhensible pour le spectateur. Mais c’est ce qui fait tout aussi bien la beauté comme la laideur du personnage qui comme chaque être humain sur Terre, fait des erreurs et se construit sa propre expérience sur son vécus personnel.

Une époque où chacun se cherche, se perd pour mieux se (re)trouver

Dans un lyrisme emprunt de nostalgie, Joachim Trier peint comme décor de fond une société auto-centrée et individualiste, qui ne sait pas toujours quelle direction prendre. Dans un monde qui évolue sans cesse, où les règles changent constamment, on peut être n’importe qui car tout est remplis d’infinies possibilités. C’est une génération qui court à travers la quête de l’identité d’être ou ne pas être, ce besoin urgent de vivre alors que le temps, finalement, nous n’avons que ça. Nous ne savons tout simplement pas comment  l’utiliser. Au fond, Julie est un personnage auquel homme comme femme peut s’identifier, peu importe l’expérience qu’il ou elle a vécu. La quête d’identité, de nos désirs et de nos rêves fait partie intégrante de notre existence et le réalisateur nous le rappelle subtilement par le biais de son héroïne et de ses relations amoureuses qui la font grandir.

Epilogue : la sagesse s’acquiert par les expériences bonnes ou mauvaises de la vie

Julie (en 12 chapitres) est un film doux-amer qui retrace avec justesse le récit initiatique de cette jeune femme à l’existence saccadée en proie aux questions et réflexions de son époque. Si par moment le personnage de Julie peut agacer ou exaspérer, à d’autre moment elle parviendra à toucher le spectateur par sa vulnérabilité et son charme naïf. L’acteur Anders Danielsen Lie qui joue le rôle d’Aksel apporte une vision plus mature et raisonnée sur les choix de vie de Julie et donne une prestation tout en sobriété délivrant une introspection intéressante sur le temps qui passe et les bouleversements apportés par sa relation avec elle. Le réalisateur signe une oeuvre qui donne matière à réflexion sur nos attentes parfois irréalistes par rapport à la réalité, sur notre soif de bonheur rappelant que c’est aussi l’expérience et l’âge qui apportent la sagesse suffisante pour trouver sa propre voie et ne pas refaire les mêmes erreurs du passé.

 Critique de Rémi V.

NOTRE NOTE