Fiche technique :

Notre avis sur AND JUST LIKE THAT…

Véritable révolution du petit écran à la fin des années 90, Sex And The City fait son grand retour, vingt plus tard, sur notre écran de télévision avec And Just Like That narrant toujours les aventures de Carrie, Miranda et Charlotte à un nouveau stade de leurs vies. Si cette suite était tant attendue par les fans, elle était également très redoutée par tous. L’absence de l’actrice Kim Cattrall et du producteur Darren Star (Emily In Paris) aux commandes, laissée entrevoir une suite qui n’augurerait rien de bon. Alors qu’en est-il du résultat final ? Est-ce que la série à réussi à échapper aux prédictions parfois néfastes qu’on lui a incombé depuis l’annonce de son retour ? La réponse est simple : il ne faut rien en attendre. Car cette suite fait office de nouveau chapitre. D’une nouvelle histoire.

 La grande absente de ce nouveau chapitre

N’allons pas par quatre-chemins : l’absence de l’iconique Samantha Jones (incarnée par l’immense Kim Cattrall) dès les premiers instants de retrouvailles avec les filles se fait cruellement sentir. De même que certaines répliques ou dialogues, provenants des différents protagonistes, auraient pu être tout droit sorti de la bouche de Samantha elle-même. En un sens, cela permet de rappeler que ce personnage emblématique a fait partie intégrante de l’aventure et de cette amitié féminine durant de nombreuses années. Son empreinte et sa personnalité sont restées présentes dans l’air et ont profondément marqué ses héroïnes de quelques manières que ce soit. Comme toute relations qui parcoure notre existence et qui laisse forcément quelques traces, ce qui ajoute d’autant plus de réalisme à l’histoire que veut nous raconter And Just Like That Quant à l’explication officielle de son absence dans ce nouveau chapitre, abordée au détour d’une conversation entre Carrie et Miranda, elle est expéditive, peu cohérente et en laissera plus d’un perplexe à défaut de ne pas avoir d’explications du tout. Heureusement pour certains, une maigre consolation pour d’autres, les scénaristes et son créateur ont réfléchi de manière intelligente afin de faire « vivre » le personnage de Samantha dans une autre dimension : les SMS. Ceux-là étants ponctuels et justifiés, ils permettent de donner un faux-semblant d’informations sur la relation (déjà) tendu entre Carrie et Samantha. Ce procédé, bien que très limiter, assure partiellement la présence terriblement manquante de sa quatrième mousquetaire. « C’est comme si elle était morte. » dis Miranda. Oui, comme si, mais pas complètement non plus.

 Des histoires plus matures et dans lair du temps

Cinquante ans et des poussières, c’est à présent l’âge auquel le trio de choc est confronté. Si Sex And The City était avant-gardiste pour l’époque dans sa façon résolument crue de parler de sexe ainsi que des relations perpétuellement compliquées entre les hommes et les femmes, And Just Like That Poursuis dans cette même continuité, mais en nous racontant une histoire différente avec des sujets d’autant plus intéressants qu’ils collent parfaitement à l’âge de nos héroïnes, mais également à notre époque, au contexte actuel de notre société, tel que la pandémie mondiale, qui est rappelée ici de manière naturelle au tout début du premier épisode. Le wokisme fait aussi partie intégrante du paysage new-yorkais, même si l’approche n’est pas toujours très subtile. Ses personnages ayant mûri, évolués dans l’âge et dans leurs réflexions, les nombreux thèmes abordés sont donc en phase totale avec ce que vivent ces femmes dans la fleur de l’âge. On y parle ici d’amitiés, celles qui se terminent ou qui commencent, de deuil, de crise identitaire, du rapport homme/femme à un âge plus avancé, de la (re) découverte de sa sexualité ou encore des relations amoureuses ou sexuelles à l’ère du numérique et d’Internet, qui ont profondément changé notre vision du monde et notre rapport aux autres. Même si la série fait parfois preuve de maladresse dans certains des thèmes qu’elle souhaite aborder, elle amène avec plus de subtilité et de réalisme ce décalage total entre ces héroïnes qui, encore quelques années auparavant, étaient dans le mouvement et qui sont aujourd’hui totalement dépassées par la nouvelle génération où les codes ont résolument changé. Une génération beaucoup plus libre, qui n’a pas peur de s’affirmer, d’aimer et d’être. Un joli constat qui permet de nous rappeler que ses héroïnes, avec qui nous avons grandi, ont vieilli et que, dans un avenir proche ou lointain, nous serons confrontés à la même situation, car cela est universel, propre à chacun et surtout inévitable. C’est un joli tour de force de ce que nous propose la série, qui ne cherche pas à masquer cet écart entre ce qu’elle a pu raconter vingt ans auparavant et ce qu’elle raconte aujourd’hui à une ère à la fois incertaine et où tout semble possible.

 Une pléiade de nouveaux personnages haut en couleurs et en genre (s)

And Just Like That Est une suite logique et clair dans son désir de montrer des femmes plus âgées – ce qui est rare à la télévision, il faut le souligner – mais c’est également un prétexte judicieux pour réparer les erreurs du passé que sa sœur aînée Sex And The City avait pu commettre durant ses heures de gloire. Car ce n’est que quelques années plus tard qu’elle fut l’objet de critiques plus virulentes : on lui reprochait un manque évident de diversité, trop blanche (peu ou pas de personnages noirs) avec une tendance omniprésente à l’élitisme. Si à présent la série coche toutes les cases du cahier des charges en terme de diversité, parvient-elle tout de même à donner de l’intérêt à ces personnages issus de cette nouvelle inclusion ? Oui. Et non. Certains personnages, comme Nya Wallace (Karen Pittman) ou encore l’excellente Seema Patel (Sarita Choudhury) ont parfaitement su intégrer l’univers de la série, car les scénaristes ont pu leur donner de l’intérêt avec une identité qui s’allie parfaitement à l’univers de la série. D’autres sont plus irritants, mais servent habilement l’histoire, notamment le/la boss de Carrie, Che Diaz (Sara Ramirez) un personnage non-binaire qui va bouleverser la vie de Miranda. A contrario, des personnages tel que celui de Lisa Todd Wexley (l’élégante Nicole Ari Parker) n’ont pas de réelles intentions, sauf d’être là, et n’apportent rien de nouveau. Mais un des vrai problème majeur de cette première saison, c’est d’être inclusif sans vraiment approfondir le sujet. Ce qui est bien dommage pour une série qui tente maladroitement de mettre en lumière ces personnages issus de la diversité.

 Une suite vraiment réussie ou alors totalement ratée ?

Les avis peuvent être souvent partagés ou divergent simplement. Certains diront que cette suite est réussie malgré l’absence de l’un de ses personnages phare, d’autres diront qu’elle ne vaut rien sans ce personnage emblématique qui était le moteur de la série, que de toute façon, quel est l’intérêt de suivre les aventures de ces femmes vieillissantes qui ont eu leur quart d’heure de gloire quelques années auparavant. Et puis, waouh, des femmes de cinquante ans à la télé ? Aucun intérêt. En vérité, cette suite n’est ni bonne ni mauvaise, elle joue un peu sur la nostalgie certes, mais son intérêt va bien au-delà que de son statut de série culte qu’elle a fièrement acquis au fil du temps. And Just Like That est une série qui parle d’un trio que l’on ne connaît que trop bien, qui a vieilli mais qui a encore des histoires à raconter. Alors oui, sans Samantha ce n’est pas pareil, la série souffre parfois d’un manque de rythme, l’univers est toujours un peu bling-bling, les tenues de Carrie, cette éternelle adolescente qu’on adore détester, sont toujours aussi extravagantes, et puis il y a des personnages inutiles et énervants (Che Diaz si tu m’entends…) Mais en la regardant, j’ai compris combien cela pouvait être parfois réconfortant de retrouver de vieilles amies. Comment cela pouvait être intéressant de voir à quel point une série qui aura marqué toute une génération, et encore celle d’après, a pu évoluer et changer, pour le meilleur et pour le pire. Car oui, malheureusement rien n’est parfait et on trouvera toujours à redire malgré nous. Mais tant qu’il y aura des séries comme celle-ci pour nous faire du bien et nous raconter quelque chose, qu’elle est le mal ?

 Et juste comme ça, je me suis finalement surpris à aimer la suite de Sex And The City.

 Critique de Rémi V.

NOTRE NOTE