AMERICAN GIRL (2022) – Critique

AMERICAN GIRL (2022) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur AMERICAN GIRL

Disponible depuis le 7 octobre sur la plateforme Tudum Netflix, AMERICAN GIRL s’est rapidement hissé à la première place du top des visionnages. Mais est-ce pour autant synonyme de qualité ?

Un titre très girly et bancal

Difficile d’en faire abstraction mas une fois n’est pas coutume dans notre horizon cinématographique national, le film bénéficie d’un consternant titre français qui une fois de plus cherche à tout américaniser ; et qui est diamétralement à l’opposé du titre original Luckiest Girl Alive qui lui avait du sens.

Avec ce film, Netflix s’attaque à une thématique délicate et à prendre avec des pincettes : l’histoire d’une journaliste américaine à la carrière brillante, rattrapée par un traumatisme de violences sexuelles.

Ani Fanelli interprété par Mila Kunis est une jeune femme à qui tout réussit. Titulaire d’un poste enviable à la rédaction d’un magazine réputé, un style de vie confortable, un mariage de rêve qui se prépare avec l’homme parfait… Elle semble être comblée. Mais son passé la rattrape et vient peu à peu noircir ce tableau idyllique lorsqu’un réalisateur de documentaire la contacte pour l’interviewer sur de terribles incidents survenus durant ses années lycée.

Cette histoire c’est celle de Jessica Knoll qui signe ici le scénario. Ex-rédactrice en chef de Cosmopolitan, elle écrit en 2016 un roman à succès inspiré de son propre vécu. Alors lycéenne, elle est victime d’un viol collectif lors d’une soirée. Son récit, Netflix a décidé de l’adapter pour le petit écran.

Un film puissant, dur mais nécessaire.

Classé par Netflix dans la catégorie « Déconseillé aux moins de 18 ans », AMERICAN GIRL n’est pas à mettre devant les yeux de tout le monde. Certaines scènes peuvent être difficiles à regarder mais sans pour autant être gratuites mais sont à contrario au service de ce métrage qui s’avère être nécessaire et qui ne laissera pas ses spectateurs indemnes.

Un traitement judicieux au ton très juste.

Le film ne fait pas dans la dentelle, n’en cache rien, mais ne tombe pas non plus dans le piège du pathos ou dans celui de victimiser ses protagonistes et par conséquent son propos en le vulgarisant. Partir du postulat de départ d’un portrait d’une femme forte dont la réussite semble être sa principale ligne de conduite pour ensuite gratter progressivement son passé et en découvrir les séquelles, est un traitement très judicieux et subtile. Oui un traumatisme peut ruiner une vie mais le film va d’entrée à l’encontre de ce propos pour annoncer que la vie peut prendre une autre tournure malgré les traumatismes.

Au final AMERICAN GIRL est un film sincère, touchant qui souligne l’importance de la liberté de parole et qui après six ans de travail a permis à Jessica Knoll de faire la paix avec elle-même. Sa conclusion sera la nôtre.

« Je n’ai plus besoin de vengeance parce qu’il n’y a plus rien à venger. J’ai repris possession de ce qui était à moi ».  

Par Sébastien Nippert

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :

L’INNOCENT (2022) – Critique

L’INNOCENT (2022) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur L’INNOCENT

L’innocent est un film comique français au scénario certes assez classique mais efficace. Abel, interprété par le très bon Louis Garrel, s’inquiète de voir sa mère se remarier pour la troisième fois avec un détenu d’une prison où elle donne des cours de théâtre.

Abel va alors espionner son nouveau beau-père avec l’aide d’une amie, interprétée par l’excellente Noémie Merlant et tenter de prouver à sa mère que son beau-père est bien resté actif dans le milieu de la pègre.

Le film est vraiment divisé en deux parties, la « traque » d’Abel, personnage taciturne que tout le monde énerve (Louis Garrel est vraiment excellent dans ce rôle) puis le choix qui sera fait par les protagonistes au moment de la découverte de la vérité sur le passé du beau-père.

Si la première partie est extrêmement solide, la deuxième interrogera plus sur certains revirements de personnage, un peu rapide. Le scénario se tient quand même et l’humour reste présent et est très plaisant.

La réalisation est correcte et arrive à magnifier la ville de Lyon. La BO est excellente et donne vraiment au film une allure certaine et une identité vraiment forte

Par Grégory Caumes

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :

NOVEMBRE (2022) – Critique

NOVEMBRE (2022) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur NOVEMBRE

Avant-propos :

L’auteur de ces lignes a vu le film Novembre en projection presse. Étant Parisien au moment des attentats de novembre 2015, son avis a pu être influencé par ce vécu.

Cédric Jimenez est un réalisateur français qui a clairement ce qu’on appelle « une patte », que cela soit dans la réalisation ou dans les thèmes choisis, on reconnaît immédiatement une de ces œuvres. Son dernier film, Bac Nord, avait été victime d’une polémique (totalement infondée) qui heureusement ne l’avait pas empêché d’avoir un beau succès auprès du public malgré un sujet sérieux et sombre.

Quand il a été annoncé qu’il réaliserait un film sur la traque des terroristes des attentats de novembre 2015, beaucoup se sont demandés comment il pourrait traiter un tel sujet encore très présent dans nos pensées. Pourtant, il faut avouer que le film Novembre relève parfaitement ce défi et trouve l’équilibre parfait entre hommage, respect des victimes et film de genre. N’ayons pas peur des mots, le film Novembre est un chef d’œuvre du cinéma Français.

Nous suivons donc jour après jour, l’enquête des forces de l’ordre sur les auteurs des attentats du 13 Novembre. C’est une plongée totale dans l’organisation policière mais aussi ses rapports aux pouvoirs politiques qui se dévoilent sous nos yeux. Nous voyons leurs doutes parfois même leur détresse mais nous voyons surtout leur détermination. Les acteurs sont tous magistraux dans leur rôle, que cela soit Jean Dujardin, Lyna Khoudri, Sandrine Kiberlain, Anais Desmoutier ou le remarquable Sami Outalbali (vu notamment dans Sex Education sur Netflix). Aucun ne surjoue, comme c’est malheureusement souvent le cas dans le cinéma français, tous sont incroyablement justes.

La réalisation et l’environnement sonore sont comme toujours avec ce réalisateur d’une perfection absolue.

Par contre le sujet étant vraiment dur, il peut faire ressortir des sentiments enfouis suite au drame que représentent ces attentats, le spectateur doit avoir conscience qu’il est en présence d’une œuvre extrêmement marquante et qui, tout en étant assez sobre dans sa réalisation, ne nous épargnera rien au niveau de la charge émotionnelle.

En conclusion :

Nous avons avec Novembre un film exceptionnel dans sa réalisation comme dans sa narration ainsi qu’un casting impeccable. Le sujet est très dur mais traité avec sobriété et respect ce qui en fait une œuvre nécessaire pour le travail de reconstruction de tout un peuple. L’auteur de cette critique n’avait pas pris une telle claque émotionnelle depuis « Il faut sauver le soldat Ryan« .

Le réalisateur prouve encore une fois qu’il est un des plus grands réalisateurs Français.

Par Grégory Caumes

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :

RESURRECTION (2022) – Critique

RESURRECTION (2022) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur RESURRECTION

Nouveau long-métrage du réalisateur Andrew Semans après Nancy, Please, Ressurection est l’une des découvertes intéressantes de cette quinzième édition du FEFFS (Festival Européen du Film Fantastique de Strasbourg). Thriller jouant sur l’ambivalence des maux traumatiques et psychologiques, ce deuxième long du cinéaste ne laissera personne indifférent face à la paranoïa naissante et grandissante de sa protagoniste (incarnée avec intelligence par Rebecca Hall) . Ou au contraire, il laissera dans l’impassibilité la plus totale le spectateur qui, parfois, manquera d’élément viable pour comprendre pleinement l’enjeux de son propos.

Vu de l’extérieur, Margaret (Rebecca Hall) semble être une femme épanouie sur tous les plans : mère célibataire d’une adolescente atteignant bientôt la majorité, amante d’un homme déjà marié et est doté d’un self-control à toute épreuve lui permettant de mener de front une carrière stable et confortable comme biologiste dans un cabinet. Mais à l’approche du départ de sa fille pour l’université, quelques événements viennent perturber la tranquillité d’esprit de Margaret ; des incidents imprévus et notamment la réapparition soudaine de son amant de jeunesse, David (Tim Roth), un homme sadique et cruel, la font immédiatement plonger dans une psychose où ressurgissent tous les traumas passés de cette ancienne relation.

 Avec sa mise en scène très épurée, dépouillée, aux décors banals, Andrew Semans signe un thriller des plus efficace et intelligent. Tout dans la réalisation montre peu à peu l’étendu de la paranoïa et de ses répercussions subies par Margaret, véritable fil conducteur du film. Rêve ou réalité ? Fantasme ou cauchemar insidieux ? Malgré quelques indices, distillés ça et là tout au long de l’histoire, rien ne permet d’identifier exactement le vrai du faux, ce qui vient d’autant plus troubler notre simple vision de spectateur. On peut alors effectivement se demander si tout cela n’est pas décousu, voir incompréhensible, car certains spectateurs seront perdus dans tout ce cheminement incertain, ce tunnel  émotionnel complexe et ambigu. Jusqu’à sa scène finale, rien ne paraîtra aussi vrai que l’esprit et le corps traumatisé de Margaret.

L’interprétation sans faille et ardente de son actrice Rebecca Hall, qui oscille entre force et fragilité, s’accorde à la narration et au personnage de Margaret, donnant tout son sens à la définition du mot traumatisme. La sobriété de la mise en scène quelque fois lugubre, apporte à son personnage un effet inquiétant, toujours dans le souci de jouer sur l’ambivalence de son psychisme. Tim Roth, dont la présence est ici très bien utilisée, insuffle à son personnage toute la dominance et la toxicité masculine d’une époque pas totalement révolue et qui reste d’actualité. Car c’est bien de ça qu’il est question ici : l’emprise masculine, ses abus et les traumatismes qu’elle créer en chacune de ses victimes.

Ressurection est finalement la définition même du parcours épuisant et éprouvant que subis sa victime : celle du réveil brutale d’une blessure dont les fils se sont rompus, d’une tempête émotionnelle qu’on avait pas vu venir, celle d’un traumatisme qui resurgit dans une vie qu’on a voulu bien ranger, contrôler. Et puis, un événement, une situation ou les aléas de la vie font ressurgir en nous ce que nous avons toujours si bien caché aux autres mais surtout à nous même, pour se conserver  ou du moins préserver l’univers déjà si fragile d’une existence corrompue par la cruauté des Hommes.

Un film à voir, à réfléchir, à mûrir, afin de comprendre que cette oeuvre cinématographique est finalement bien plu importante qu’il n’y parait tout en nous rappelant que notre monde actuelle n’a peut-être pas totalement progressé quant à la question des abus et des violences faites sur les femmes et les répercussions psychologiques que cela engendre.

Par Rémi Vallier

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ALICE SWEET ALICE (1976) – Critique

ALICE SWEET ALICE (1976) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur ALICE SWEET ALICE

Synopsis : Alice Spages, 12 ans, vite avec sa mère et sa soeur Karen, à laquelle elle adore faire peur. Karen s’apprête à fêter sa première communion lorsque son corps est retrouvé atrocement mutilé dans l’église. Certains pensent qu’Alice pourrait être à l’origine du meurtre, mais comment une enfant si jeune pourrait-elle commettre une telle abomination ? Pourtant, les meurtres se poursuivent dans l’entourage d’Alice…

Un thriller horrifique culte, angoissant et perturbant

Malsain, dérangeant et novateur. C’est ainsi que l’on pourrait décrire le film Alice Sweet Alice, une petite pépite horrifique des années 70 qui casse les codes du film d’horreur américain de l’époque ! Entre meurtres sanglants, tueur masqué, armes blanches, poupées, religion et fétichisme, le film emprunte en effet au giallo italien, tout en préfigurant le genre slasher. Nous sommes alors 2 ans avant Halloween et son célèbre masque, mais celui d’Alice reste probablement l’un des plu flippants du cinéma d’horreur même s’il reste très méconnu.

Sur fond de foi catholique omniprésente, Alice Sweet Alice, également connu sous le titre Communion Sanglante, nous plonge dans une ambiance étrange, à la fois glaçante, mystérieuse et morbide, au sein d’une petite communauté austère. Alors que le poids de la religion y est accablant, des meurtres sanglants s’enchainent, et l’assassin pourrait bien êre une petite fille.

Présentant l’enfance dans ce qu’elle a de plus cruelle, le film s’avère être un portrait d’enfant diabolique mémorable et efficace, incarné à la perfection par Paula Sheppard. Son interprétation toute en nuance rend à merveille l’ambiguité de son personnage. Autour d’elle gravitent des personnages excentriques, bien écrits et bien interprétés, comme la tante sévère et hystérique (Jane Lowary), ou le voisin pédophile obèse (Alphonso de Noble). A noter la présence de Brooke Shields dans son tout premier rôle.

Réalisé par Alfred Sole (chef décorateur pour des séries comme Castle), Alice Sweet Alice présente une mise en scène d’une inventivité incroyable, ainsi qu’une bande son très travaillée. L’étalonnage jaunâtre et l’imagerie poisseuse, à base d’immeubles délabrés, de caves humides, de masques et de poupées, renforcent l’atmosphère malsaine du film.

Proposé pour la toute 1ère fois en Blu-Ray et en haute définition, accompagné d’une intéressante présentation de Gilles Gressard, le film est un thriller atypique et paranoïaque qui trouve naturellement sa place au sein de la prestigieuse collection angoisse de Rimini Editions.

Informations du communiqué de presse

Par Sébastien Nippert.

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LES ENFANTS DES AUTRES (2022) – Critique

LES ENFANTS DES AUTRES (2022) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur LES ENFANTS DES AUTRES

Avant-propos :

L’auteur de ces lignes a vu le film en projection-presse suivie d’une séance de question-réponse avec la réalisatrice et l’actrice principale.

La critique

De premier abord, l’auteur de ces lignes ne paraît pas être la cible de ce film : homme quarantenaire marié, avec deux chats et pas du tout intéressé par le sujet de l’enfance et de la parentalité. Pourtant ce film parlant d’une femme, elle aussi quarantenaire, s’attachant à l’enfant d’un autre et mettant à nu tous ses doutes sur la maternité délivre un message si fort que toute personne ne peut qu’être happée par ce récit

Le pitch

Nous avons donc Rachel (Virginie Efira) enseignante quarantenaire qui rencontre un père de famille (Roschdy Zem). Elle va très vite s’attacher à la fille de ce dernier tout en ayant du mal à trouver sa place en tant que belle mère qui veut jouer un rôle dans la vie de cette petite fille, sans pour autant bousculer ou heurter le quotidien de cette famille.

Le génie du scénario est justement de filmer le point de vue d’une belle-mère qui n’est ni un ressort comique (même si le film à un humour plaisant et jamais envahissant) ni une figure négative. Rachel va se livrer face à nous, nous exposer ses joies, ses doutes, ses difficultés et s’interroger avec le spectateur sur le sens que l’on peut donner à notre passage sur terre et sur ce que nous voulons transmettre. Evidemment Virginie Efira est juste excellente dans le rôle (qui en aurait douté) comme Roschdy Zem et tout le casting. La réalisatrice et scénariste Rebecca Zlotowski leur fait donner le meilleur d’eux-même dans un Paris envoûtant mais qui anonymise si facilement ses habitants.

Même si le film pousse parfois un peu loin dans l’abnégation de certains personnages, cela ne dénature jamais le propos et évite au film de se perdre dans la démagogie. On peut ici vraiment souligner la finesse d’écriture des personnages.

En conclusion :

Un sujet qui n’est jamais traité, avec un scénario intelligent et un certain humour. Le sujet aurait pu être excluant pour la gente masculine mais il traite son propos avec une telle pédagogie qu’il parlera à tout le monde. Et sans spoiler, l’épilogue est brillant dans son message.

Par Grégory Caumes

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :