Fiche technique :

Notre avis sur PRISCILLA

Priscilla, huitième long-métrage de la cinéaste Sofia Coppola, est un biopic visuel à coeur ouvert, narrant l’envers du décor d’un conte de fées Hollywoodien avec, en vedette, son couple phare : Priscilla et Elvis Presley. Plus Priscilla qu’Elvis, le film rend hommage à la femme derrière le King, ainsi qu’à son singulier courage dans le combat qu’elle a menée tout au long de leur relation pour s’émanciper.

Pour son nouveau long-métrage, Sofia Coppola décide d’adapter les mémoires de Priscilla Presley « Elvis and Me » qui relate sa relation tumultueuse avec Elvis Presley ; de leur rencontre improbable et hors du commun à leur séparation inévitable mais libératrice. Si l’oeuvre s’intéresse aux moments clés de leur histoire, c’est toujours à travers le regard de la jeune Priscilla, car c’est son film, son point de vue. Si la démarche semble féministe, l’oeuvre reste très à distance des sujets actuels et se concentre davantage sur son évolution notable plutôt que de dénoncer des faits.

 Le film est une véritable leçon de cinéma en matière de réalisation, offrant une remarquable mise en scène et une direction artistique époustouflante, des plans saisissants et parfaitement cadrés au millimètre près. Sublimée par la photographie de Philippe Le Sourd, maître de l’ombre et de la lumière, l’oeuvre aux couleurs pastels arrive facilement à nous replonger avec nostalgie dans  l’ambiance américaine des années 50-60. La qualité indéniable des décors et des costumes méticuleusement choisis contribuent à renforcer grandement cette impression. Si quelques lenteurs viennent de temps en temps plomber le rythme, c’est pour mieux rendre compte de l’univers très restreint et reclus de son héroïne.

Saluons également le soin tout particulier apporté à la bande originale du film avec, comme toujours, Phoenix aux commandes et quelques pépites musicales de l’époque.

Son casting séduisant et encore peu connu achève l’idée de ce couple iconique : Jacob Elordi (Euphoria, Saltburn), avec  son charisme et son visage d’ange rebelle, arrive à être plus que convaincant dans le rôle du King et Cailee Speany (Pacific Rim: Uprising, The Craft), véritable révélation du film, délivre une interprétation absolument saisissante et bouleversante en Priscilla Presley.

Sans verser dans le mélodrame ou dans la surenchère de situation anecdotique, Sofia Coppola délivre une fois de plus une oeuvre sensible et délicate, qui n’est pas sans rappeler certaines réalisations de sa filmographie (Marie Antoinette, 2006). Priscilla est, sans prétention, une des plus belles oeuvres cinématographiques de ces dernières années car, oui, le film est beau, visuellement maîtrisé de bout en bout avec un certain sens de l’esthétisme et de l’élégance, ce qui est de plus en plus rare dans le cinéma actuel pour être souligné.

Sofia Coppola, qui n’est pas simplement fille de « … », est une artiste bel et bien à part entière et accomplie, possédant surtout le riche héritage de transmettre un art qui se perd : raconter des histoires, visuellement. Preuve que toute chose et que tout art se transmets bien de père en fille.

Par Rémi Vallier

Photos : Copyright A24

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