Fiche technique :

Notre avis sur le film

EAT THE NIGHT

Présenté pour la première fois à la Quinzaine des cinéastes lors du Festival de Cannes 2024, Eat The Night est une réalisation française de Jonathan Vinel et Caroline Poggi, et s’avère être un cocktail de genres qui vient amener un souffle nouveau dans le cinéma hexagonal.

Le pitch

Pablo et sa sœur Apolline s’évadent de leur quotidien en jouant à Darknoon, un jeu vidéo qui les a vus grandir. Un jour, Pablo rencontre Night, qu’il initie à ses petits trafics, et s’éloigne d’Apolline. Alors que la fin du jeu s’annonce, les deux garçons provoquent la colère d’une bande rivale…

Entre réalité et virtualité, deux mondes, mais un seul et même combat

Eat the Night est un film unique qui explore des thématiques à la croisée des mondes : virtuel, réel, apocalyptique et romantique. Le film mêle habilement plusieurs genres pour offrir une expérience cinématographique à la fois intrigante et déroutante. Il n’est pas seulement une plongée dans l’univers des jeux vidéo, mais également un miroir poignant des défis de l’adolescence, du passage à l’âge adulte et des liens familiaux malmenés.

D’un côté, le film montre la relation qu’entretiennent un jeune dealer d’ecstasy et sa petite sœur à l’intérieur de « Darknoon », un jeu de rôle multijoueur inspiré de World of Warcraft et de Final Fantasy XIV, dont les serveurs s’apprêtent à fermer pour toujours. De l’autre, le récit suit une intrigue romantique et vaguement mafieuse, qui voit le dealer et Night, son compagnon, être impliqués dans un dangereux règlement de compte avec une bande de narcotrafiquants.

Avec cette exploration multi-facette de thématiques, sorte de Ready Player One à la française, le film n’arrive cependant pas à éviter le piège de certaines idées qui paraissent très clichées (on pense notamment à cette histoire background de malfrats qui aurait été dispensable).

Des personnages intéressants mais au traitement superficiel

Eat The Night propose une lecture à deux dimensions, les personnages évoluent à la fois dans le réel et dans un jeu vidéojusqu’à s’y perdre littéralement. Audacieux sur le papier, intéressant dans la réalisation mais malheureusement insuffisant pour convaincre pleinement.

On retient une très bonne performance de jeu d’acteur pour les trois protagonistes, mais on aurait aussi aimé découvrir une relation à l’écran qui soit aussi crédible que leur acting. La relation entre Pablo et Night peine à convaincre tant elle est expéditive et vient presque de nulle part. A priori, aucun des deux personnages n’avait besoin de l’autre à la base, et pourtant tout leur monde semble tourner sur la présence de l’autre. Cette relation de surface aurait gagné en conviction et ferveur, si le traitement de leur relation n’avait pas été aussi superficiel.

En conclusion

Eat The Night est un long métrage intéressant, certes perfectible, mais qui ose, et vient dépoussiérer plusieurs idées fortes en faisant un parallèle entre la violence graphique dans Darknon et la violence brutale de la réalité. Et si au bout du compte, la création d’un personnage virtuelle pouvait au final permettre de nous reconsidérer, au point d’y trouver une raison d’existence ?! Comme si l’échappatoire de la réalité pouvait être possible et atteignable parce ce qui est irréel. La frontière entre la réalité et la virtualité n’aura jamais semblé aussi proche.

 Nota : Bonus du DVD : Entretien avec les cinéastes (32 min)

Par Sébastien Nippert

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NOTRE NOTE

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