La trilogie PUSHER (Critique & test 4K)

La trilogie PUSHER (Critique & test 4K)

Fiche technique :

Notre avis sur la trilogie 

PUSHER

À l’occasion de la sortie en version 4K, on vous propose de revenir sur la trilogie Pusher et de nous intéresser également à l’aspect technique de la nouvelle version.

Une œuvre fondatrice du cinéma criminel européen

Avant de réaliser des films comme Drive, Only God Forgives ou encore The Neon Demon, le réalisateur danois Nicolas Winding Refn a réalisé entre 1996 et 2005 la trilogie Pusher. Trois films, loin des codes esthétiques hollywoodiens, qui vont explorer de manière viscérale et avec une approche ultraréaliste la criminalité à Copenhague. Une saga, aujourd’hui culte, certes encore trop méconnu, qui par son style brut et son intensité dramatique va poser un regard sans concession sur les bas-fonds d’un monde d’escrocs danois.

Chapitre 1 : Pusher (1996) – Le chaos nerveux

Le premier opus suit Frank, petit dealer pris dans une spirale infernale après un deal raté. Le réalisateur opte pour une caméra à l’épaule, des couleurs sales et une lumière naturelle, créant une immersion totale dans un univers oppressant. La tension est permanente, la violence réaliste, et le spectateur ressent physiquement la peur et la pression qui écrasent le personnage. Ce film pose les bases : un cinéma viscéral, sans glamour ni échappatoire.

Chapitre 2 : Pusher II (2004) – L’introspection tragique

Huit ans plus tard, Refn change de perspective. Tonny, interprété par un Mads Mikkelsen magistral, tente de reconstruire sa vie après la prison. Ce second volet est le plus introspectif : derrière la brutalité, une quête de reconnaissance et d’amour paternel. La mise en scène conserve son réalisme cru, mais s’enrichit d’une dimension psychologique qui confère au film une profondeur tragique.

Chapitre 3 : Pusher III (2005) – La fin d’un règne

Dernier chapitre : Milo, vieux parrain, lutte pour maintenir son pouvoir. La tension devient sourde, presque existentielle. Ce film, le plus sombre de la trilogie, explore la désagrégation d’un système criminel et la solitude d’un homme au crépuscule de son règne. La violence y est froide, presque désespérée.

La criminalité et la violence au service d’un réalisme brut

Les trois films ont un point commun : ils ne cherchent pas à séduire mais à confronter le spectateur à une réalité crue. Violence, drogue, sexualité, voici les ingrédients d’une trilogie clairement réservée pour un public averti. Pour cela, le réalisateur danois va s’inspirer de véritables milieux criminels, conférant à la trilogie un réalisme brut. Exit l’univers stylisé et haut en couleur de ses derniers films. Ici, la caméra épaule, la lumière naturelle et les couleurs ternes viendront nourrir l’esthétique des trois films, radicalement opposée aux films de gangsters modernes.

En conclusion, la trilogie Pusher est une œuvre radicale, intense et incontournable dans l’horizon du cinéma criminel européen. Une œuvre qui aura lancé la carrière de Nicolas Winding Refn et révélé Mads Mikkelsen.

Aspects techniques de l’édition 4K :

Quoi de mieux du coup, que cette édition 4K pour (re)découvrir ces films dans des conditions techniques optimales.

Image : La restauration 4K a été réalisé à partir des négatifs originaux (16 mm pour le premier, 35 mm pour les suivants), offrant une texture granuleuse fidèle à l’univers criminel.

Audio : Les trois opus seront présentés en 2160p Dolby Vision avec VO remixée au format Dolby Atmos et VF DTS-HD 5.1.

Bonus : Plusieurs bonus sont proposés comme le documentaire Gambler de Phie Ambo (2006, 1h18) ; 3 entretiens inédits avec Philippe Rouyer (30 min/entretien); livret d’accompagnement de 88 pages contenant un entretien fleuve avec Nicolas Winding Refn et des documents d’archives inédits.

Editeur : The Jokers Films

Par Sébastien NIPPERT

|Copyright Ninety Seven Film Production & Distribution

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HELL IN PARADISE (2025) – Critique

HELL IN PARADISE (2025) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film

HELL IN PARADISE

Hell In Paradise : Un thriller dramatique sous les tropiques paradisiaques de l’océan Indien.

Inspirée de faits réels, Hell In Paradise propose un thriller féministe actuel sous hautes tensions où Nina, une jeune-femme française en quête d’une vie meilleure, part s’exiler comme réceptionniste dans un hôtel d’une île perdu au coeur de l’océan Indien et dont le destin va rapidement basculer dans l’horreur.

La réalisation s’appuie sur tous les codes du genre, un montage rythmé et nerveux ne laissant aucun répit au spectateur de souffler un instant. Des plans larges aux plus gros plans, la tension monte d’un cran, les scènes s’enchaînent à un rythme effréné, à bout de souffle, sans perdre sa mesure. L’histoire trouve parfaitement son équilibre entre le calme et la tempête qui ne cesse de menacer son héroïne à la résilience inspirante.

Réalisée par Leïla Sy (la trilogie Banlieusards), son oeuvre dénonce en grande partie le règne encore bien présent du patriarcat, des hommes véreux et d’une justice ne faisant plus foi. L’espoir ainsi que la survie à tout prix restent les seules armes disponibles pour quiconque veut échapper à l’injustice d’un monde dangereux et corrompu.

Entre une rage violente de survivre et de s’en sortir de ce cauchemar paradisiaque, Nora Arnezeder (Niki, Angélique, La colonie…) signe une prestation remarquable et porte ce rôle à bout de bras dans la peau de Nina, accompagnée par la chevronnée Maria Bello, convaincante malgré un temps de présence limité. Ecrit par Karine Silla, le film puise sa force dans un récit aisément construit, oscillant habilement entre thriller, drame personnel et juridique.

Entre terreur sous les tropiques et instinct de survie, on est séduit par l’envers du décor de cet enfer édénique nimbé de lumière et de sable chaud. Il nous rappelle combien les droits et les libertés des femmes sont encore fragiles, menacés, face à une société que l’on croit en pleine mutation. Heureusement, des films tels que Hell In Paradise, majoritairement féminins dans sa création, sont un rappel à ce que doit être la liberté et l’égalité dans tous les domaines… et le monde.

Par Rémi VALLIER

|Copyright Europacorp

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L’OEUF DE L’ANGE (2025) – Critique

L’OEUF DE L’ANGE (2025) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film

L’OEUF DE L’ANGE

L’Œuf de l’Ange – Une oeuvre qui résiste au temps

Il existe des films qui ne vieillissent pas. Pas parce qu’ils sont intemporels, non : parce qu’ils semblent venir d’un autre temps, d’un ailleurs que le nôtre. L’Œuf de l’Ange de Mamoru Oshii est de ceux-là. Quarante ans après sa sortie, le film revient en salles dans une version 4K restaurée, et l’expérience reste aussi troublante qu’à l’origine : un voyage onirique, lent, hypnotique, où chaque image semble suspendue entre le sacré et l’oubli. Son format est sans concession, perdra surement des spectateurs en cours de route mais emportera les autres dans un cauchemar étrangement attirant.

Un film fantôme

Sorti en 1985 sous forme d’OVA, L’Œuf de l’Ange (Tenshi no Tamago) est une œuvre à part dans la filmographie de Mamoru Oshii. Avant Ghost in the Shell, avant Patlabor, il signe ici un objet presque muet, d’une densité métaphysique rare. Le scénario ? Une jeune fille erre dans un monde dévasté, portant un œuf mystérieux. Sa rencontre avec un soldat venu d’ailleurs déclenche un échange énigmatique, où chaque geste, chaque silence, semble chargé de symboles bibliques et existentiels.

Oshii, à l’époque, s’éloigne volontairement des codes de l’animation japonaise. Pas de narration claire, pas de climax, pas d’humour ni de pathos facile. Juste une succession de visions glacées, construites avec un sens du cadre et de la lumière qui évoque Tarkovski autant que Dreyer. La lenteur n’est pas une coquetterie : elle oblige à regarder autrement, à ressentir plutôt qu’à comprendre.

 

À savoir
  • Un film presque muet : L’Œuf de l’Ange ne contient qu’une vingtaine de répliques en 70 minutes.
  • Une collaboration mythique : Yoshitaka Amano, alors illustrateur mythique des premiers épisodes de la saga Final Fantasy, signe ici ses premiers décors pour le cinéma.
  • Une restauration d’exception : Les négatifs 35 mm ont été restaurés image par image, et le son a été remixé en Dolby Atmos.
Amano, peintre des ténèbres

La direction artistique de Yoshitaka Amano est centrale dans la puissance évocatrice du film. Ses décors monochromes, ses architectures démesurées, ses personnages aux visages diaphanes construisent un univers à la fois spirituel et charnel. Chaque plan semble suspendu dans le temps, comme une peinture religieuse plongée dans l’eau. Le film ne compte qu’environ 400 coupes — trois fois moins qu’un long métrage classique. La caméra, immobile ou d’une lenteur méditative, transforme chaque scène en tableau vivant. Dans ce monde noyé de brume, la lumière devient un langage, l’eau un miroir, et le silence une prière. Cette direction artistique si particulière fait de L’Œuf de l’Ange non pas un film à regarder, mais une expérience à vivre. On en sort vidé et rempli, avec le sentiment d’avoir touché quelque chose d’indicible.

La restauration, un acte de foi

La ressortie 4K, supervisée par Oshii lui-même, redonne au film toute sa splendeur. Les négatifs ont été restaurés avec une minutie quasi archéologique, et le son — initialement mono — a été entièrement remixé en 5.1 et Dolby Atmos. Résultat : la musique de Yoshihiro Kanno, minimaliste et spectrale, retrouve une ampleur liturgique. Le moindre frôlement d’eau, la plus ténue des respirations, semblent habiter l’espace du spectateur.

Pourquoi ce film résiste-t-il au temps ?

L’Œuf de l’Ange n’est pas un film facile. Sa lenteur, son absence de repères narratifs, son symbolisme opaque peuvent désarçonner. Mais c’est précisément dans cette exigence que réside sa beauté : Oshii ne cherche pas à expliquer, il montre. Il laisse le spectateur errer, se perdre, puis peut-être se retrouver dans l’écho d’un souvenir ou d’une peur enfouie. Ce voyage sans concession s’adresse à ceux qui acceptent de suspendre le temps, de se laisser happer. On en sort avec le sentiment d’avoir touché à quelque chose de rare : la mélancolie d’un monde englouti, la nostalgie d’une foi éteinte.

En conclusion

Cette ressortie 4K confirme ce que les amateurs savaient déjà : L’Œuf de l’Ange est un monument secret, un jalon essentiel de l’animation d’auteur. Un film qui ne parle pas au cerveau, mais à l’âme. Quarante ans plus tard, il garde sa puissance hypnotique intacte. Une œuvre à redécouvrir, à contempler, à méditer — dans le silence d’une salle obscure

Merci, donc, d’avoir redonné vie à ce rêve.

 Par Gregory CAUMES

|Copyright Mamoru Oshii/Yoshitaka Amano/Tokuma Shoten, Tokuma Japan Communications All Rights Reserved

NOTRE NOTE

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REGRETTING YOU (2025) – Critique

REGRETTING YOU (2025) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film

REGRETTING YOU

Regretting You : Après It End With Us et ses nombreuses polémiques, le phénomène littéraire Colleen Hoover continue sur sa lancée en adaptant de nouveau au cinéma  un de ces romans les plus populaires : Regretting You.

Cette fois-ci, on espère que la toute nouvelle adaptation de la romancière à succès n’écopera pas d’une mauvaise presse post-production qui avait, en grande partie, entacher la promotion de son prédécesseur. Réalisé par Josh Boone,  connu entre autre pour son adaptation réussie de Nos étoiles contraires, l’autrice semble avoir trouvé un réalisateur capable de porter à l’écran son univers et les maux de ses personnages en papier. Le film aborde sans détour la question du deuil, de la compréhension et du pardon face aux actes incompris des êtres disparus brutalement.

Mckenna Grace, la vraie star du film

Aperçue dernièrement dans différentes productions – de The Handmaid’s Tale en passant par A Friend of the Family ou encore S.O.S. Fantômes : La Menace de glaceMckenna Grace continue lentement mais sûrement de grimper l’échelle fragile d’Hollywood, prouvant une fois de plus un talent inné d’actrice. Si le choix du reste du casting est discutable, on peine cependant à voir un Dave Franco pas du tout convaincant. Allison Williams s’avère elle aussi bien moins convaincante et inspirée par ce rôle de mère au foyer bouleversée par les événements et qui se (re)découvre tardivement. Mention spéciale au jeune acteur Mason Thames épaulant sans difficulté sa partenaire de jeu à l’écran.

Une réalisation plus proche de la comédie que du drame

Entre romance adolescente, drames personnels et familial où les non-dits et le deuil n’aident pas, le film puise toute son énergie dans la lumière de ses scènes et ses couleurs réconfortantes. Si certains passages montrent des moments plus intenses et dramatiques, ce sont celles plus légères et drôles où le film réussi à puiser sa force. La difficulté des rapports entre Clara et sa mère sont partiellement montrées à l’écran tandis que sa relation avec Miller est mieux exploité et davantage mis en valeur.

La nouvelle Nicholas Sparks féminine peut se tranquilliser : Regretting You reste cependant une bonne adaptation littéraire au cinéma malgré le manque de profondeur des thèmes difficiles abordés. Perdu entre la romance des jeunes et celle ancienne des plus adultes, la difficulté de pardonner quand les actes de nos êtres les plus chers nous trahissent sèment l’incompréhension, le film joue maladroitement sur deux tableaux : celui de faire rire et/ou de faire pleurer.

Par Rémi VALLIER

|Copyright Paramount Pictures

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SMASHING MACHINE (2025) – Critique

SMASHING MACHINE (2025) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film

SMASHING MACHINE

The Smashing Machine n’est pas un film comme les autres pour Dwayne Johnson. Il est le film qui doit démontrer qu’il n’est pas qu’un héros de blockbuster, mais aussi un grand acteur. Le pari est-il réussi ? Le film est-il à la hauteur de l’histoire racontée et de son acteur principal ?

Clairement, Benny Safdie, le réalisateur, signe un biopic brut, sans fard, qui plonge le spectateur dans les coulisses sombres du MMA des années 90. Un film qui parle autant de sport que de solitude, de gloire que de chute, et surtout d’acceptation de soi-même.

Dwayne Johnson, enfin un rôle à sa mesure

Dwayne Johnson est méconnaissable dans cette œuvre. Il incarne Mark Kerr, légende du MMA, champion adulé et homme brisé. Exit les postures de super-héros, place à un jeu d’acteur nu, presque cru. Johnson ose se montrer vulnérable, fragile, à fleur de peau. On sent qu’il a décidé de casser son image habituelle. Enfin, diront certains, nous pouvons voir qu’il est avant tout un bon acteur et pas seulement un produit du show-business.

 

Le MMA comme métaphore de la destruction

Benny Safdie, déjà connu pour son réalisme sans concession (Good Time, Uncut Gems), ne nous épargne rien. Les combats sont filmés sans effet, sans glamour, avec une caméra qui tremble et des sons qui résonnent comme des coups de massue. Ceux qui s’attendent à un film de sport de combat comme un Rocky vont être déçus, car le sujet de cette œuvre est ailleurs.

Certes, on y voit la sueur, le sang, la fatigue. Mais c’est en dehors de l’octogone que le film frappe le plus fort : la dépendance aux antidouleurs, les nuits blanches, les crises de colère, et cette relation toxique avec sa compagne, jouée par une Emily Blunt au sommet de son art.

Le couple, à la fois fusionnel et autodestructeur, est le cœur battant du film. Leur histoire, entre amour et violence, entre soutien et manipulation, donne au récit une intensité rare. Encore une fois, aucun jugement sur l’un ou sur l’autre, juste de la nuance pour raconter l’histoire d’un couple dysfonctionnel.

Un biopic qui refuse le manichéisme

The Smashing Machine n’est pas un film sur la réussite. C’est l’histoire d’un homme qui se consume, qui se bat contre lui-même autant que contre ses adversaires. Le scénario ne cherche pas à édulcorer la réalité : la descente aux enfers de Mark Kerr est montrée sans filtre, sans musique dramatique pour souligner l’émotion. Certains pourraient regretter l’absence de contexte sur sa carrière, et il est vrai qu’on ne voit pas assez à quel point Kerr était un très grand athlète. Mais encore une fois, le sujet n’est pas vraiment là.

Le rythme, volontairement lent, peut dérouter ceux qui s’attendent à un film d’action. Mais c’est justement cette lenteur qui permet de s’immerger dans la psyché du personnage, de comprendre ce qui le pousse à se détruire.

Une fin sobre et juste

Le film s’achève sans grandiloquence, sans happy end forcé. Juste une note d’espoir, fragile. Ce film est un hommage, au final, à ceux qui ont tout risqué pour le MMA à un moment où ce sport était très mal encadré, un hommage à des pionniers et à leurs sacrifices, montrant clairement les dérives de ce sport. Sans jugement, mais en donnant les clés de compréhension de ce sport, des risques et du parcours de ces combattants, le réalisateur remplit son objectif. Dwayne Johnson aussi.

En conclusion

Le film est une réussite, autant par son casting — avec des acteurs issus du milieu des sports de combat qui sont à la hauteur —, sa réalisation et son message. Oui, il y a quelques longueurs — minimes —, mais cette œuvre mérite d’être vue pour mieux comprendre ce sport qui divise tant qu’est le MMA.

 Par Gregory CAUMES

Copyright Zinc

NOTRE NOTE

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WHAT HAPPENS LATER (2023) – Critique

WHAT HAPPENS LATER (2023) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film

WHAT HAPPENS LATER

What Happens Later : Hommage vibrant aux charmes surannés de la comédie romantique d’antan.

Disponible depuis peu sur la plateforme de streaming Netflix, What Happens Later marque le retour surprise de Meg Ryan à la réalisation ET en tant qu’actrice principale, que l’on n’avait plus vu depuis son premier long-métrage historique Ithaca, sortit il y a dix ans.

Comédie romantique ou dramédie sur les remords et les regrets d’une histoire d’amour vieille de vingt-cinq ans, tout est possible, comme ces retrouvailles parfaitement fortuites dans un aéroport perdu du Midwest entre Willa et Bill, anciens amants au passif douloureux. S’évitant une première fois, la rencontre entre ces deux personnages radicalement opposés semble inévitable : après un bref moment de flottement, de small-talk gênant, les deux anciens amoureux se retrouvent pour de bon, ensevelis sous une tempête de neige à l’abri d’un aéroport où une voix mystérieuse et omniprésente veille sur eux. Anodin à première vue, cet annonceur d’aéroport devient un point essentiel de sagesse pour ces deux personnages.

La petite fiancée de l’Amérique des années 90 revient sur le devant de la scène, derrière et face caméra, dans un registre à la fois confortable mais désuet par le temps. L’ancienne Annie de Nuits Blanches à Seattle, dédiant un hommage symbolique à la regretté reine de la comédie romantique Nora Ephron, s’inscris dans la continuité de ses anciens rôles. Sauf qu’il est question ici de maturité, de sagacité et de réflexions profondes sur ces amours contrariés et indélébiles. On est donc bien loin de la rom-com mielleuse et naïve d’autrefois. Le tandem Ryan-Duchovny fonctionne à ravir au travers d’un décor hors du temps aux espaces si aériens.

Quelques longueurs et une impression scénique constante – du en partie au fait qu’il s’agit d’une pièce de théâtre adapté au cinéma –  n’entache pas le plaisir de voir ces deux acteurs réunis autour d’une histoire universelle sur l’amour et le temps qui passe, bien que l’oeuvre s’adresse davantage à un public âgé et mûr. Meg Ryan rend grâce au genre de la comédie romantique, telle une reine dont la couronne ne s’est absolument pas érodé avec le temps…

Par Rémi VALLIER

BANDE-ANNONCE :