I LIVE HERE NOW (2025) – Critique

I LIVE HERE NOW (2025) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film

I LIVE HERE NOW

Cette année, parmi la palette des films en compétition au Festival du Cinéma Américain de Deauville, un long-métrage en particulier a suscité de vives réactions et irritations chez de nombreux festivaliers : I Live Here Now, premier film de Julie Pacino, fille de l’illustre Al Pacino.

Nombreux sont ceux qui quitté la salle en cours de projection, et quelques « bouh » se sont fait entendre à la fin de la séance. Mais cette réaction est-elle réellement justifiée ? Ou bien reflète-t-elle simplement le décalage entre le public de Deauville et celui auquel s’adresse ce type de proposition cinématographique ?

Synospis : Une femme se retrouve piégée dans un hôtel isolé, où les échos violents de son passé prennent vie.

Si l’on devait identifier un dénominateur commun entre les films en compétition cette année, ce serait sans doute la représentation d’une forme de meurtrissure à travers les portraits de ces personnages. I Live Here Now ne déroge pas à cette tendance, mais choisit un angle de vue et une direction artistique radicalement différentes. Plutôt que d’opter pour un drame intimiste et mélancolique, le film s’engage sur une voie plus sombre : celle du cinéma de genre. Il s’agit clairement d’un film fantastique, aux accents horrifiques, qui reprend les codes du cinéma d’horreur.

Pour son premier long-métrage, Julie Pacino va clairement s’affranchir de son héritage familial pour imposer une voix singulière. L’audace est de mise, et le film se détache totalement de toute référence à la filmographie de son père. Cette volonté de distinction est louable, mais elle évoque d’autres univers cinématographiques, notamment ceux de David Lynch ou Dario Argento. Le décor du motel isolé, servant de huis clos psychologique, rappelle Twin Peaks, la complexité narrative évoque Inland Empire, tandis que l’esthétique et la colorimétrie font penser à Suspiria.

La mise en scène stylisée, jouant sur les contrastes visuels et sonores, reflète les tourments intérieurs du personnage principal en explorant ses traumatismes. Le symbolisme est appuyé, parfois même trop, ce qui peut désorienter une partie du public. Le film brouille volontairement les frontières entre cauchemar et réalité, dans une atmosphère oppressante qui déroute le spectateur.

En conclusion, on sent que le film est profondément personnel pour la réalisatrice, et qu’elle cherche avant tout à prouver qu’elle est une cinéaste avant d’être un nom célèbre. Cependant, son approche métaphorique, qui ressemble d’ailleurs plus à un exercice de style, exige une grande ouverture à l’interprétation. Cela va nuire à la subtilité et à la compréhension de son propos. Dommage.

 Par Sébastien NIPPERT

|Copyright Tiny Apples

NOTRE NOTE

BUGONIA (2025) – Critique

BUGONIA (2025) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film

BUGONIA

À moins d’être un fin connaisseur ou un cinéphile quelque peu curieux, le cinéma grec n’est certainement pas le plus connu du grand public. Après un long passage à vide entre les années 1980 et début des années 2000, un renouveau s’opère depuis quelques années, notamment grâce au réalisateur Yorgos Lanthimos.

Multi récompensé dans plusieurs festivals et cérémonies (Cannes, Mostra de Venise, Golden Globes), Lanthimos s’est distingué par une volonté narrative et artistique affirmée de s’éloigner du cinéma conventionnel. Et son dernier long-métrage, Bugonia, ne fait que confirmer cette tendance.

Avec un rythme de réalisation soutenu, un film par an depuis 2023 (Pauvres Créatures en 2023, Kinds of Kindness en 2024, Bugonia en 2025), qui pourrait presque valoir une comparaison avec Quentin Dupieux ou Kiyoshi Kurosawa, le cinéaste grec signe ici un nouvel OVNI cinématographique, aussi surprenant que déroutant, et qui en déstabilisera plus d’un, à commencer par son pitch…

Teddy (Jesse Plemons) et Don (Aidan Delbis), deux jeunes que la vie n’a visiblement pas épargnés, sont convaincus qu’une grande PDG (incarnée par Emma Stone) est une extraterrestre venue détruire la Terre. Obsédés par cette conviction, ils vont alors décider de la kidnapper.

Au-delà de ce scénario à la fois intriguant et absurde, Bugonia est avant tout une œuvre qui va explorer des problématiques contemporaines, telles que le capitalisme, le complotisme ou encore la fracture sociale entre les individus. Des thèmes abordés avec une certaine touche d’humour noir, et flirtant constamment avec les codes du cinéma de genre. L’aspect rationnel et irrationnel du récit entrainera d’ailleurs le spectateur dans un climax qui ne manquera pas de diviser.

Pour ce film, Lanthimos retrouve une nouvelle fois sa muse, Emma Stone, qui livre une prestation remarquable. La performance est d’autant plus impressionnante au vu de la complexité du rôle. On a l’impression que le réalisateur la pousse sans cesse à repousser ses limites. Et dire qu’avec le film Pauvres Créatures, on pensait déjà qu’elles avaient été atteintes. Il serait toutefois injuste de réduire l’acting du film à sa seule performance, tant l’autre protagoniste du film, Jesse Plemons, livre à son tour une prestation très aboutie, en incarnant un personnage certes peu attachant, mais qu’on ne pourra pas pour autant détester.

En conclusion, Bugonia, est un nouveau trip cinématographique aux idées fortes, s’inscrivant parfaitement dans la filmographie du réalisateur. Toutefois, le déséquilibre narratif et un faux rythme par séquences viennent altérer notre sentiment et appréciation globale du film.

Comme chaque nouveau film de Lanthimos est un petit évènement, il faudra attendre la fin de sa tournée en festivals (7 min d’applaudissements à la Mostra de Venise, sélectionné à Deauville, film de clôture au FEFFS), pour  le découvrir en salles dès le 26 novembre prochain.

 Par Sébastien NIPPERT

Copyright Atsushi Nishijima/Focus Features

NOTRE NOTE

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SLEEPING DOGS (2025) – Critique

SLEEPING DOGS (2025) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film

SLEEPING DOGS

Synopsis

Ancien inspecteur de la brigade criminelle, Roy Freeman souffre désormais de certains effets de la maladie d’Alzheimer. Alors qu’il suit un traitement contre cela, on lui demande de se replonger dans une ancienne affaire. Dix ans plus tôt, son enquête sur le meurtre du professeur Joseph Wieder avait conduit à l’incarcération d’un suspect, qui clame aujourd’hui son innocence.

Russell Crowe est toujours aussi convaincant. Il porte Sleeping Dogs presque à lui seul. Dans la peau de Roy Freeman, ex-flic rongé par la maladie d’Alzheimer, il livre une performance à la fois brutale et subtile, oscillant entre lucidité et confusion avec une justesse qui rappelle ses grands rôles.

Adapté du roman The Book of Mirrors, le film mise sur une intrigue tortueuse, entre enquête policière et plongée dans les méandres de la mémoire. Les flashbacks s’enchaînent, les perspectives se brouillent, et l’on se surprend parfois à chercher ses repères. L’ambiance, très film noir, est indéniablement réussie, mais risque de perdre certains spectateurs avec un rythme assez lent.

Le traitement de la maladie est l’un des points qui a entraîné le plus de discussions lors de la sortie du film. Les post-it qui envahissent l’appartement de Freeman, les trous de mémoire exploités à des fins dramatiques… Nous sommes dans une représentation de cette maladie plus cinématographique que scientifique, mais elle a un vrai impact scénaristique et ne sert pas qu’à rendre l’enquête plus difficile.

Un rythme inégal, mais une fin qui convainc Il faut avouer que Sleeping Dogs peut être accusé d’avoir un rythme étrange, mais cette façon de raconter l’histoire (notamment avec des points de vue qui peuvent être partiaux) sert vraiment le propos du film. Tout cela se révèle pertinent lors de la conclusion, à la fois très satisfaisante au niveau narratif, mais surtout hautement symbolique, voire philosophique, sur la portée de nos traumatismes et l’enjeu de les affronter ou de les oublier.

En conclusion

En résumé, Sleeping Dogs aura le mérite de marquer les esprits, notamment grâce à son acteur principal et à une ambiance soignée. Un film dont la réflexion finale peut raisonner fortement après le visionnage de cette œuvre.

 Par Gregory CAUMES

|Copyright Paramount Pictures Germany.

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KARATE KID: LEGENDS – Critique

KARATE KID: LEGENDS – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film

KARATE KIDS: LEGENDS

Synopsis

Li Fong, un adolescent qui fréquente l’école de kung-fu de M. Han en Chine, doit déménager à New York avec sa mère. Celle-ci souhaite que son fils intègre une école prestigieuse et qu’il mette de côté son sport de combat. À son arrivée dans sa nouvelle ville, Li rencontre Mia, une camarade de classe, ainsi que le père de celle-ci avec lesquels il se lie d’amitié. Li se retrouve ensuite entraîné dans une compétition d’arts martiaux où il doit affronter un redoutable champion de karaté.

Un scénario simple mais efficace et respectueux de l’héritage de la franchise : on sait pourquoi on va voir un Karaté Kid, et son scénario, classique dans son déroulé, amène quand même certaines nouveautés. Surtout, il vient ajouter du lore à la franchise. Là où le scénario est bon, c’est dans sa façon d’être accessible pour les nouveaux venus, tout en permettant de faire avancer certains personnages emblématiques de la saga. Ce film se passe après les films et la série Cobra Kai, mais ne nécessite pas de les avoir vus pour comprendre l’histoire.

Un tournoi film avec brio

Les scènes de compétition sont un vrai régal. La réalisation y déploie une énergie contagieuse, avec des chorégraphies précises et une mise en scène qui donne à chaque combat une intensité palpable. Le crescendo vers la finale, entre tension dramatique et esthétique soignée, prouve que le film maîtrise l’art de marier émotion et spectacle — un sans-faute technique, avec une BO très sympathique en plus.

Des valeurs qui résonnent

Le film aborde avec justesse des thèmes intemporels : la transmission, l’acceptation de soi et le dépassement. Il parvient à célébrer l’héritage de la saga tout en s’adressant à un public large. Alors que beaucoup de films ont tenté — et échoué — de surfer sur des franchises des années 80/90 en trahissant au final l’œuvre originale, Karaté Kid : Legends y arrive parfaitement.

Un casting qui fait mouche

Jackie Chan et Ralph Macchio forment un duo de mentors convaincant, tandis que Ben Wang (Li Fong) apporte une fraîcheur bienvenue. Leur alchimie évite le piège du simple fan service : chaque personnage existe par lui-même, tout en honorant l’esprit de la franchise. On pourrait même avancer que Ralph Macchio trouve une conclusion encore plus satisfaisante que dans Cobra Kai.

L’humour en touche légère

Quelques pointes d’humour, bien placées, aèrent le film sans jamais rompre la tension. Elles humanisent les personnages et ajoutent une dimension attachante à l’ensemble.

Des combats qui ont du sens

Les scènes de combat ne se contentent pas d’être spectaculaires : elles respectent les traditions martiales tout en les réinventant. Chaque affrontement reflète la progression de Li et la philosophie de ses mentors — un choix qui donne de la profondeur à l’action. La franchise se permet même de faire un petit détour par le monde de la boxe, avec un certain brio.

En conclusion

Karaté Kid : Legends réussit son pari : rendre hommage au passé tout en regardant vers l’avenir. Porté par une réalisation inspirée, des valeurs fortes et un casting solide, le film séduit par son élégance et son optimisme. Une suite qui fait honneur à la saga, tout en traçant sa propre voie — et c’est plutôt rare pour être souligné.

 Par Gregory CAUMES

Copyright 2024 CTMG, Inc.

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :

À TOUTE EPREUVE (1992) – Critique

À TOUTE EPREUVE (1992) – Critique

Fiche technique :

Notre avis sur le film

À TOUTE ÉPREUVE

Le film À TOUTE ÉPREUVE (restauration 4K) ressort au cinéma le mercredi 27 août pour un temps limité.
Ne le loupez pas…
Synopsis

Hong-Kong dans les années 90 est une ville gangrénée par le crime. Alors que les policiers ont baissé les bras, un groupe d’inspecteurs, mené par Yuen, surnommé Tequila, décide de mettre fin à la suprématie des gangs.

Une redécouverte éclatante d’un classique absolu

La nouvelle édition 4K d’À toute épreuve dépasse largement le cadre d’une simple mise à jour technique : elle redonne littéralement vie à l’œuvre.

La précision de l’image, d’une finesse remarquable, révèle des détails qu’on n’imaginait pas, tandis que le grain d’origine est conservé avec un équilibre exemplaire. Les contrastes, eux, apportent une profondeur qui magnifie chaque plan. On a rarement vu une restauration aussi aboutie, preuve qu’un travail méticuleux peut transformer la redécouverte d’un film culte en véritable événement. Si toutes les restaurations bénéficiaient d’un tel soin, le patrimoine cinématographique en sortirait grandi.

Sur le fond, inutile de rappeler que À toute épreuve reste un jalon incontournable du cinéma d’action. John Woo y orchestre ses séquences avec une virtuosité intacte : les fusillades deviennent de véritables compositions visuelles, la tension dramatique ne faiblit jamais, et le duo Chow Yun-fat / Tony Leung garde une intensité presque mythique.

Plus de trente ans après, le film conserve son aura et prouve à quel point il a façonné le genre, inspirant aussi bien Hollywood que le cinéma asiatique contemporain.

En conclusion

Au final, cette restauration 4K ne se contente pas d’embellir un chef-d’œuvre : elle l’installe comme l’édition de référence, à la fois pour sa qualité technique et pour l’importance historique de l’œuvre. Un passage obligé pour tout amateur de cinéma d’action… et un bonheur renouvelé pour les fidèles de John Woo.

 Par Gregory CAUMES

Copyright Metropolitan Filmexport

NOTRE NOTE

BANDE-ANNONCE :

PASSÉ SANS SILENCE (2025) – Livre

PASSÉ SANS SILENCE (2025) – Livre

Fiche technique :

  • Publication :  19 mars 2025
  • Auteur : Adrien MANGOLD
  • Édition : HSN – L’Homme Sans Nom
  • Genre : Science-Fiction, Anticipation
  • Pages : 203 pages

Notre avis sur le livre

PASSÉ SANS SILENCE

Une plongée dans l’esprit en perdition d’un écrivain qui se redécouvre en écrivant ses mémoires.

Résumé : Doug Gueyburt a passé sa vie à écrire. Rendu au troisième âge, il décide que son autobiographie sera sa dernière œuvre. Seulement, quand vient l’heure de rassembler ses souvenirs, sa mémoire lui joue des tours et son passé se mêle aux fictions dont il est l’auteur. Et lorsque la maladie prend le dessus, il se sent le devoir d’avouer un crime commis par un de ses personnages.

En proie à l’oubli et malmené par un passé qui ne lui appartient pas, le vieil homme se débat avec ce qu’il lui reste de lucidité, pour peut-être retrouver celui qu’il a été… en écrivant malgré lui la biographie de celui qu’il n’est pas.

De la littérature au cinéma, il n’y a qu’un pas

Et ce ne sont pas les éditions de L’Homme Sans Nom (HSN) qui diront le contraire. Leur nom puise son origine dans un savant mélange entre la littérature, L’Odyssée d’Homère, et le personnage énigmatique incarné par Clint Eastwood dans ses westerns.

Le cinéma regorge d’adaptations littéraires. Pour n’en citer que quelques-unes : Jurassic Park, Le Seigneur des Anneaux, Orgueil et Préjugés, Hunger GamesAutant de succès qui ont marqué l’histoire du box-office.

À l’instar de Nordagl, personnage fictif créé par Doug Gueyburt, lui-même personnage de fiction dans PASSÉ SANS SILENCE, nous commençons à nous interroger.

« Tout a déjà été raconté, déjà écrit, et bientôt déjà filmé. Les histoires originales n’existent plus depuis longtemps. Tout le monde connaît par cœur les retournements de situation que vous proposerez. »

Nordagl a-t-il raison ? La carte de la fiction aurait-elle été explorée jusqu’à l’épuisement ? Nous aimons à penser que oui… du moins jusqu’à ce qu’émerge une idée révolutionnaire que l’on croyait irréalisable. Heureusement, ce monde regorge de génie. Et Adrien Mangold en est une preuve éclatante.

Avec PASSÉ SANS SILENCE, il parvient à nous tenir en haleine du début à la fin. Entre la perte de mémoire du protagoniste, qui nous pousse à douter de la nôtre, les enquêtes, et les réflexions sur notre monde et celui des autres, l’auteur soulève des questionnements profonds. Il nous invite à une remise en question à travers un univers IR_REEL.

En conclusion

L’immersion est totale, maîtrisée de bout en bout. Le titre, magistralement choisi, offre plusieurs niveaux de lecture. Mais cela, on vous laisse le plaisir de le découvrir par vous-même.

Pourra-t-on un jour transposer cette intensité au cinéma ? La question reste en suspens…

Vous l’aurez compris, PASSÉ SANS SILENCE est un véritable coup de cœur littéraire. Celui de l’été, assurément. Et peut-être même celui de l’année.

Par Claire N. La Minute Ciné –

Lien pour se procurer le livre : Passe Sans Silence – Le livre — Éditions HSN

L’AUTEUR et ses autres OUVRAGES :

Quelle meilleure évasion que celle dont on est l’auteur ? De cette observation, Adrien Mangold s’est lancé un défi : emmener dans ses rêves autant de prisonniers du réel que possible, avec une attention particulière pour les mieux barricadés.

Son premier roman de science-fiction est SECONDE HUMANITÉ (2018) qui sera par la suite suivi de PROTOTYPES (2019), JOURNAL INTIME D’UN DIEU OMNISCIENT (2022) et enfin de PASSÉ SANS SILENCE (2025).