Fiche technique :

Notre avis sur le film

EGOIST

Première oeuvre à s’exporter hors des contrées nippones jusque dans nos salles, Egoist à la saveur particulière des films japonais où se mêlent comme toujours douceur et sensibilité. Réalisé par Daishi Matsunaga, ce long-métrage aux multiples lectures répond à la douloureuse question de la place de l’homosexualité au pays du soleil levant. Une romance entre deux hommes décomplexée servant un récit poignant.

Kosuke Saito à tout du garçon qui a réussi : beau, sophistiqué, travaillant dans le milieu de la mode, gagnant bien sa vie et avec à la clé un bel appartement. Seule ombre au tableau : son homosexualité – sujet tabou dans son pays – et une solitude traînante qu’on perçoit chez lui jusqu’au minimalisme de son appartement. Sa rencontre avec le déterminé et enjoué Nakamura Ryûta, son jeune coach sportif, plonge les deux hommes dans une passion inattendue très rapidement réfrénée par le quotidien et les responsabilités pesantes qui pèsent sur Ryûta. Prêt à tout pour le garder près de lui, Kosuke finit par lui proposer un marché.

Au travers de cette histoire d’amour universel, dans un pays baigné par le traditionalisme et le devoir, Matsunaga-san relate le parcours du combattant pour ses deux protagonistes face à l’adversité du monde et des injonctions que la société nippone leur impose. Entre amour, argent et traditions ancestrales, difficile pour ces deux tourtereaux de trouver un équilibre. Malgré son titre évocateur, Egoist n’est pas qu’un adjectif qualifiant son personnage mais une suite de désirs, d’envies et de pensées intériorisées, réprimés, pour servir une communauté aux règles bien établies. Sans vouloir politiser son propos, le réalisateur renvoie une image du Japon écornée, plus lente en ce qui concerne l’avancement de la question des droits LGBT et leur visibilité. La deuxième partie du film est également l’occasion d’amorcer en profondeur un autre sujet : l’importance de la famille choisie ou non, et son besoin/devoir essentiel d’en prendre soin malgré un rapport à l’individualité de plus en plus progressif.

Avec ses deux acteurs principaux d’une justesse remarquable, une réalisation tout en délicatesse et naturelle, la nouvelle trouvaille du cinéma asiatique exprime des maux au service d’un art qui trouvera, fort heureusement, toujours sa place. Sans être larmoyant, Egoist nous fait verser quelques larmes crépusculaires, à l’ombre des regards, tantôt bercé par sa poésie cruelle que la beauté délicate d’un amour impossible mais pourtant si beau.

Par Rémi VALLIER

|Copyright 2023 Makoto Takayama,Shogakukan_TokyoTheatres Co Inc, NIKKATSU CORPORATION,RIGHTS CUBE Inc,ROBOT COMMUNICATIONS Inc

BANDE-ANNONCE :