Fiche technique :

Notre avis sur le film

BUGONIA

À moins d’être un fin connaisseur ou un cinéphile quelque peu curieux, le cinéma grec n’est certainement pas le plus connu du grand public. Après un long passage à vide entre les années 1980 et début des années 2000, un renouveau s’opère depuis quelques années, notamment grâce au réalisateur Yorgos Lanthimos.

Multi récompensé dans plusieurs festivals et cérémonies (Cannes, Mostra de Venise, Golden Globes), Lanthimos s’est distingué par une volonté narrative et artistique affirmée de s’éloigner du cinéma conventionnel. Et son dernier long-métrage, Bugonia, ne fait que confirmer cette tendance.

Avec un rythme de réalisation soutenu, un film par an depuis 2023 (Pauvres Créatures en 2023, Kinds of Kindness en 2024, Bugonia en 2025), qui pourrait presque valoir une comparaison avec Quentin Dupieux ou Kiyoshi Kurosawa, le cinéaste grec signe ici un nouvel OVNI cinématographique, aussi surprenant que déroutant, et qui en déstabilisera plus d’un, à commencer par son pitch…

Teddy (Jesse Plemons) et Don (Aidan Delbis), deux jeunes que la vie n’a visiblement pas épargnés, sont convaincus qu’une grande PDG (incarnée par Emma Stone) est une extraterrestre venue détruire la Terre. Obsédés par cette conviction, ils vont alors décider de la kidnapper.

Au-delà de ce scénario à la fois intriguant et absurde, Bugonia est avant tout une œuvre qui va explorer des problématiques contemporaines, telles que le capitalisme, le complotisme ou encore la fracture sociale entre les individus. Des thèmes abordés avec une certaine touche d’humour noir, et flirtant constamment avec les codes du cinéma de genre. L’aspect rationnel et irrationnel du récit entrainera d’ailleurs le spectateur dans un climax qui ne manquera pas de diviser.

Pour ce film, Lanthimos retrouve une nouvelle fois sa muse, Emma Stone, qui livre une prestation remarquable. La performance est d’autant plus impressionnante au vu de la complexité du rôle. On a l’impression que le réalisateur la pousse sans cesse à repousser ses limites. Et dire qu’avec le film Pauvres Créatures, on pensait déjà qu’elles avaient été atteintes. Il serait toutefois injuste de réduire l’acting du film à sa seule performance, tant l’autre protagoniste du film, Jesse Plemons, livre à son tour une prestation très aboutie, en incarnant un personnage certes peu attachant, mais qu’on ne pourra pas pour autant détester.

En conclusion, Bugonia, est un nouveau trip cinématographique aux idées fortes, s’inscrivant parfaitement dans la filmographie du réalisateur. Toutefois, le déséquilibre narratif et un faux rythme par séquences viennent altérer notre sentiment et appréciation globale du film.

Comme chaque nouveau film de Lanthimos est un petit évènement, il faudra attendre la fin de sa tournée en festivals (7 min d’applaudissements à la Mostra de Venise, sélectionné à Deauville, film de clôture au FEFFS), pour  le découvrir en salles dès le 26 novembre prochain.

 Par Sébastien NIPPERT

Copyright Atsushi Nishijima/Focus Features

NOTRE NOTE

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